La sprinteuse de Terrebonne Kimberly Hyacinthe passera une nouvelle fois son tour et n’ira pas aux Jeux olympiques. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, elle qui a connu cinq difficiles années de préparation notamment marquées par la perte de son conjoint.

Les essais nationaux olympiques et paralympiques d’athlétisme vont bon train au complexe Claude-Robillard. L’horaire des épreuves a été modifié, samedi matin, en raison de la pluie qui s’abattait sur Montréal.

La Québécoise Kimberly Hyacinthe avait une dernière chance de se qualifier pour les Jeux olympiques au 200 m, en début d’après-midi. Pour ce faire, elle devait réussir la norme olympique de 22,80 s. Elle a terminé en troisième place avec un chrono de 24,81 s, derrière Zoe Sherar (23,62 s) et la Torontoise Crystal Emmanuel (22,83 s), laquelle a ainsi remporté son 19titre national en carrière.

« Ça ne s’est vraiment pas bien passé, a affirmé Hyacinthe après la course. J’ai eu beaucoup de difficultés cette saison. J’aurais dû ne pas me présenter, mais je l’ai fait quand même parce que je me suis dit : “Ce sont les essais, c’est à Montréal… Peu importe, je vais essayer de m’amuser et de faire du mieux que je peux.” »

En 2016, la détentrice de trois titres canadiens s’était qualifiée pour les Jeux olympiques de Rio. Une blessure l’avait toutefois privée de cette expérience à la dernière minute. Évidemment, elle espérait que cette fois-ci serait la bonne.

« C’est ça qui est ça », a-t-elle lancé, déçue.

J’essaie de passer à autre chose, mais c’est sûr que 2016 a été vraiment catastrophique pour moi. Ç’a dicté un peu mes autres compétitions dans les années d’après.

Kimberly Hyacinthe

L’athlète ne l’a pas eu facile au cours du dernier cycle olympique. Elle a notamment perdu son soutien financier. Puis, en 2017, son conjoint est mort. « Ç’a vraiment été des années difficiles. »

Elle s’est rendue aux États-Unis pendant la pandémie afin de s’entraîner et de compétitionner. Elle a donc passé trois mois sans son entraîneur en plus de subir une blessure à sa première compétition sur le sol américain. De l’adversité, vous dites ?

Bien qu’elle ne se soit pas qualifiée pour les Jeux olympiques, l’athlète de 32 ans est loin d’en avoir fini avec l’athlétisme.

« Je ne compte pas prendre ma retraite de sitôt, a-t-elle assuré. C’est sûr que je vais regarder un peu pour cet été, voir ce que je vais faire sur le plan de l’entraînement. »

Et comme le prochain cycle olympique ne durera que trois ans plutôt que quatre, elle n’exclut pas de l’équation les Jeux de Paris, en 2024.

« Je ne sais pas, on va y aller une année à la fois. Mais pour les Championnats du monde l’année prochaine, c’est sûr que c’est un oui. »

Encore deux chances

La Gatinoise Farah Jacques s’est également emparée de la troisième place dans son épreuve, le 100 m haies, samedi midi, derrière Mariam Abdul-Rashid (2e) et Michelle Harrison (1re). Son temps de 13,44 s n’a cependant pas été suffisant pour obtenir un billet pour Tokyo, alors que la norme olympique est de 12,84 s dans cette épreuve.

PHOTO BERNARD BRAULT, FOURNIE PAR ATHLÉTISME CANADA

Farah Jacques (à gauche) et Michelle Harrison (au centre)

« J’ai eu un bon départ. Au milieu, je pense que j’aurais pu aller un peu plus vite, mais je me suis rattrapée à la fin, a-t-elle relaté. C’est sûr que je visais la première position, mais j’ai encore deux autres occasions pour essayer d’aller chercher le standard. Je vais me concentrer là-dessus. »

L’athlète de 31 ans, qui avait participé au relais 4 x 100 m aux Jeux de Rio, « garde espoir » d’arriver à obtenir une place dans l’équipe nationale grâce à de bonnes performances à ses deux prochaines compétitions, ce dimanche au Rendez-vous Sélect Saint-Laurent et mardi à la Classique d’athlétisme de Montréal.

Son meilleur temps remonte à 2019, en Belgique, alors qu’elle avait parcouru les 100 m haies en 13,11 s.

Comparativement à l’année 2019, je me sens en forme. Je pense que j’ai grandi par rapport aux entraînements et à mon approche avec les haies. Il faut juste que je mette tout ça ensemble et que je l’applique en compétition pour avoir une meilleure performance.

Farah Jacques

Jacques a elle aussi connu une année particulière, alors que la pandémie l’a amenée à enseigner à temps plein pour la première fois. Elle a donc donné des cours de mathématiques à son groupe de deuxième secondaire du mois d’août à la mi-mars, avant de se rendre en Louisiane pour s’entraîner.

« J’adore ça, j’aime le contact et le lien que j’ai avec les élèves. Les mathématiques, c’est ma matière. J’aime le fait que je peux leur apprendre quelque chose, les motiver. Après l’athlétisme, je compte poursuivre l’enseignement et peut-être le coaching, je ne sais pas. »

Mais cet « après », elle « essaie de ne pas trop y penser ».

« Je pense juste à me qualifier, a-t-elle soutenu. Ensuite, on verra. Je vais y aller une année à la fois. »

Autres résultats

Après avoir remporté le titre canadien au 100 m hier, le Torontois Aaron Brown a répété l’exploit au 200 m, franchissant la ligne d’arrivée à 20,24 s, devant Brendon Rodney (20,49 s) et Jerome Blake (20,57 s).

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Damian Warner et Craig Thorne

Damian Warner a aussi fait des siennes pour la deuxième journée de suite, l’emportant facilement au 110 m haies avec un temps de 13,64 s. Craig Thorne (14,10 s) et Pierce Lepage (14,13 s) ont complété le podium. Warner avait aussi remporté l’or vendredi au saut en longueur.

Les épreuves de lancer du javelot et du marteau, du 1500 m, du 5000 m chez les hommes et du saut en longueur chez les femmes se déroulaient samedi soir.

Ce dimanche, le Québécois Charles Philibert-Thiboutot sera de l’épreuve du 1500 m. Les essais nationaux et la Classique d’athlétisme sont ses deux dernières chances de représenter le Canada à Tokyo.