(Tokyo) À neuf semaines de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo, le Comité international olympique et le comité organisateur ont donné le coup d’envoi mercredi à des rencontres virtuelles qui s’étaleront sur trois jours, et ils devraient être confrontés à l’opposition ferme de la communauté médicale.

Ces rencontres seront dirigées par le vice-président du CIO John Coates, qui tentera de nouveau de rassurer la population japonaise sur la tenue de Jeux olympiques « sains et sécuritaires ».

La majeure partie du territoire japonais, qui comprend Tokyo et Osaka, est en état d’urgence, ce qui a forcé le président du CIO Thomas Bach à annuler un voyage au Japon plus tôt ce mois-ci. Bach doit discuter avec le comité organisateur pendant ces rencontres virtuelles.

Environ 2 % de la population japonaise a reçu les deux doses du vaccin contre la COVID-19, et plusieurs sondages indiquent que de 60 à 80 % des Japonais sont opposés à la présentation des JO cet été.

L’Association des médecins de Tokyo, qui regroupe 6000 membres, a demandé que les JO soient annulés dans une lettre acheminée la semaine dernière au premier ministre du Japon Yoshihide Suga, dont a obtenu copie la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike et la présidente du comité organisateur, Seiko Hashimoto.

Cette lettre a été diffusée cette semaine, sur le site internet du groupe.

« Nous croyons qu’il serait préférable d’annuler un évènement qui pourrait contribuer à la hausse du nombre de cas [de COVID-19] et de décès », pouvait-on lire dans le document.

« Les virus voyagent avec les gens. Le Japon portera une lourde responsabilité si les Jeux olympiques et paralympiques aggravent la pandémie, en haussant le nombre de cas et de décès », a-t-on ajouté.

L’Association des médecins de Tokyo a prévenu d’un éventuel effondrement du système de santé japonais, qui pourrait coïncider avec l’arrivée du temps chaud et humide dans la mégapole japonaise lors des JO.

« Notre pays est confronté à une recrudescence du nombre de cas en raison de la quatrième vague [de COVID-19], la pire jusqu’ici, a-t-on souligné dans la lettre. L’effectif médical affecté à la lutte contre le coronavirus commence à manquer, à être à bout de souffle. En réalité, l’ensemble de notre système de santé est présentement confronté à la tâche quasiment impossible de faire de son mieux avec les mesures pour contrer le coronavirus. »

Le comité organisateur a indiqué qu’environ 10 000 spécialistes de la santé seront appelés en renfort pendant les JO de Tokyo. Il a également demandé qu’on affecte 500 infirmières et 200 thérapeutes sportifs supplémentaires à cette tâche.

Plusieurs préfectures situées près de Tokyo ont déjà déclaré qu’elles ne prioriseront pas le traitement des athlètes olympiques affectés par la COVID-19.

« Les médecins et les infirmières du système de santé qui sont ciblés par la requête sont déjà exténués, et nous ne disposons pas d’effectifs ou d’infrastructures supplémentaires pour les traitements », a-t-on prévenu dans le document.

Les JO doivent commencer le 23 juillet. Les Jeux paralympiques doivent se mettre en branle le 24 août. Ils sont essentiels à la santé financière du CIO, qui puise environ 75 % de ses revenus des droits de télédiffusion et 18 % des ententes commerciales.

Le Japon a officiellement dépensé 15,4 milliards pour présenter les JO, mais un rapport interne avance que ce chiffre est bien plus élevé dans la réalité.