(Lausanne, Suisse) Réélu pour quatre ans à la tête du Comité international olympique, Thomas Bach a de nouveau promis mercredi des JO de Tokyo « sûrs » cet été, malgré la pandémie et les incertitudes sur la présence de spectateurs étrangers voire japonais.

Sans surprise, puisqu’il était seul en lice, la 137e session du CIO a plébiscité le Bavarois de 67 ans, avec 93 voix pour et une voix contre, entourant le scrutin d’un déluge de louanges par visioconférence.

Elu fin 2013 et limité à deux mandats par les statuts de l’instance, le dirigeant aurait dû briguer ce second bail à Athènes, dans le sillage des JO de 2020 de Tokyo censés célébrer la reconstruction du pays après le tsunami de 2011.

Mais la pandémie de coronavirus a entraîné le report d’un an de la grand-messe olympique, et l’arrivée de variants plus contagieux de la COVID-19 empêche depuis tout relâchement des précautions sanitaires.

« Tokyo demeure la ville-hôte la mieux préparée de l’histoire olympique et pour l’heure, nous n’avons aucune raison de douter que la cérémonie d’ouverture se tiendra bien le 23 juillet », pour une clôture le 8 août, a néanmoins assuré l’ancien champion olympique d’escrime par équipe.  

Pour lui, « la question n’est pas de savoir si les Jeux auront lieu, mais comment », puisque « plus de 270 évènements sportifs » ont pu se tenir en pleine pandémie « en préservant la santé de tous ».

Calendrier incertain

Contraint de convaincre à chaque sortie que les JO ne tourneront pas au gigantesque foyer de contamination, l’Allemand a reconnu qu’ils impliqueraient des « sacrifices », loin de leur éclat festif habituel.

Avec les autorités japonaises, le CIO doit prendre « le plus tôt possible » une décision concernant la présence de spectateurs étrangers, pour « donner de la sécurité à tout le monde » et organiser billetterie, voyages et hébergements, a expliqué M. Bach à la presse.

Mais « en ce qui concerne la capacité des stades », qui devait initialement être annoncée à la fin avril, « il faut laisser la porte ouverte » à des évolutions « en mai ou en juin », a ajouté le dirigeant.

Avant même que la pandémie ne transforme Tokyo-2020 en cauchemar sanitaire, Thomas Bach avait connu une présidence ambitieuse mais tumultueuse, condensant tous les enjeux du sport mondial.

À l’actif de l’ancien fleurettiste, une sécurisation à long terme des intérêts du CIO, de ses ressources financières à l’organisation des Jeux olympiques, menacée par la raréfaction des candidatures et l’explosion des coûts.

Outre l’accord signé en 2014 avec la chaîne américaine NBC, lui confiant pour 7,65 milliards de dollars les droits de télévision des Jeux jusqu’en 2032, l’instance basée à Lausanne a plus que doublé les recettes de son programme de commandites internationales.

Pékin déjà contestée

Côté accueil des Jeux, rompant avec la mise en concurrence publique des candidats selon un calendrier immuable, Thomas Bach a pour la première fois attribué deux éditions en septembre 2017, soit les JO de 2024 à Paris et ceux de 2028 à Los Angeles.

Et pourtant, même après huit ans de mandat, Thomas Bach « le malchanceux » n’a encore jamais « présidé des Jeux véritablement irréprochables », soulignait dimanche le site spécialisé Inside The Games.

Certes, la préparation chaotique des JO de Rio en 2016, entre chantiers inachevés et destruction violente de favelas, a conforté l’Allemand dans sa volonté de privilégier à l’avenir les villes déjà dotées des installations requises.

Mais s’y est ajouté le rocambolesque feuilleton du dopage russe, qui a éclaboussé les JO de 2014 de Sotchi, puis ceux de Rio et de PyeongChang en 2018, avec des décisions contradictoires du CIO, de l’Agence mondiale antidopage et du Tribunal arbitral du sport.

Et les autres chantiers de l’instance olympique se dessinent déjà, à commencer par le maintien de sa « neutralité politique », l’amélioration de son impact climatique ou la féminisation des instances.

Depuis plusieurs mois, les appels à boycotter les Jeux d’hiver de Pékin en 2022 se multiplient en raison de la répression chinoise contre la minorité musulmane des Ouïghours.

Pour le CIO, ce débat coïncide avec une refonte en cours de l’article 50 de la charte olympique, qui bannit pour l’heure toute « démonstration ou propagande politique, religieuse ou raciale ».