(Paris) Les grandes dates du scandale de dopage russe, alors que le Tribunal arbitral du sport (TAS) a confirmé jeudi l’exclusion de la Russie des compétitions sportives mondiales, en réduisant cette exclusion de moitié pour la porter à deux ans, contre quatre initialement :

Révélations et sanctions

Le 9 novembre 2015, 10 mois après les révélations de la chaîne allemande ARD et des époux Stepanov, lanceurs d’alerte russes exilés, sur un dopage à grande échelle, le Canadien Richard Pound publie pour l’Agence mondiale antidopage (AMA) un rapport accablant sur l’athlétisme russe : ces cas de dopage n’auraient « pas pu exister » sans l’assentiment du gouvernement.

L’AMA suspend l’Agence russe antidopage (RUSADA). Quatre jours plus tard, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) suspend la RUSAF.

La cacophonie de Rio

En mai 2016, un troisième lanceur d’alerte, l’ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou Grigory Rodchenkov, révèle le système de triche mis en place aux Jeux de Sotchi en 2014.

Trois semaines avant les JO, le premier volet du rapport du juriste canadien Richard McLaren, commandé par l’AMA, dénonce un « système de dopage d’État » élargi à 30 sports, entre 2011 et 2015, avec l’aide active des services secrets russes (FSB), notamment à Sotchi en 2014 et aux Mondiaux d’athlétisme de Moscou en 2013.

Le Comité international olympique (CIO) ne suspend pas le Comité olympique russe (ROC) pour Rio, mais confie aux fédérations internationales le soin d’interdire de Jeux les Russes qui ne pourraient prouver être « propres ».

Dans le stade d’athlétisme, seule la sauteuse en longueur Daria Klishina est autorisée à concourir sous drapeau neutre.

Le CIO agit avant PyeongChang

Fin 2017, sur les recommandations de deux commissions (Schmid et Oswald) qu’il a mises en place, le Comité international olympique (CIO) suspend le comité olympique russe pour dopage et bannit à vie des Jeux Vitali Moutko, vice-premier ministre russe, ancien ministre des Sports et proche de Vladimir Poutine, en plus de 43 athlètes russes. Le CIO retire également 13 médailles gagnées à Sotchi (sur 33) à la Russie.

Le Tribunal arbitral du sport (TAS) casse toutefois une partie des sanctions le 2 février 2018, à dix jours de l’ouverture des JO-2018 à PyeongChang.

Au total, 169 Russes participent aux Jeux sud-coréens sous drapeau neutre. Le CIO lève la suspension du Comité olympique russe trois jours après la fin des JO.

Suspension levée par l’AMA

Le 20 septembre 2018, l’AMA lève la suspension de la RUSADA, à condition de pouvoir accéder à la base de données du laboratoire antidopage de Moscou avant le 31 décembre. L’agence est accusée de prendre une décision politique au détriment des sportifs.

Une semaine plus tard, la RUSAF fait appel du maintien de sa suspension devant le TAS et met la pression sur l’IAAF. La fédération russe estime que les critères de fin de la suspension émis par l’IAAF sont les mêmes que ceux qu’avait l’AMA et exige d’être réintégrée à l’athlétisme mondial après trois ans de suspension.

Réunie le 4 décembre à Monaco, l’IAAF refuse une nouvelle fois de réintégrer la Fédération russe d’athlétisme. Elle pose comme condition l’accès aux données du laboratoire antidopage de Moscou et le paiement par la Russie des coûts générés par le traitement du scandale russe.

L’AMA frappe fort

Le 8 juin 2019, l’IAAF, en passe d’être rebaptisée World Athletics, maintient la suspension de la Russie, ce qui prive les athlètes russes des Mondiaux-2019 de Doha. L’IAAF note des « évolutions positives », avec notamment l’accès aux données du laboratoire antidopage de Moscou, théâtre d’une fraude massive entre 2011 et 2015.

Mais le 23 septembre, l’AMA ouvre une procédure sur des « incohérences » constatées dans les données électroniques des contrôles de l’ancien laboratoire de Moscou.

Deux mois plus tard, un comité indépendant de l’AMA recommande une suspension de quatre ans de la Russie, pour avoir falsifié des données de laboratoire transmises aux enquêteurs de l’Agence.

Le 10 décembre, l’AMA suit cette recommandation : elle exclut la Russie des Jeux olympiques pour quatre ans et de la Coupe du monde 2022 de soccer au Qatar, pour punir Moscou d’avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données remises à l’AMA.

Dix-huit jours plus tard, la Russie annonce qu’elle va saisir le TAS pour contester les sanctions de l’AMA, dont son exclusion des compétitions sportives mondiales, sanctions qualifiées d’« injustes » par Vladimir Poutine.

Exclusion confirmée

Le 17 décembre, le TAS confirme l’exclusion de la Russie des grandes compétitions mondiales, mais a réduit de moitié la durée de cette sanction en la portant de quatre à deux ans, ce qui prive la Russie de deux éditions des Jeux olympiques (Jeux d’été de Tokyo en 2021 et d’hiver de Pékin en 2022).