(Munich) Un groupe de défense de la minorité ouïghoure, basé à Munich, a exhorté jeudi le CIO à reconsidérer la tenue des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin en raison de ce qu’il qualifie de « génocide » contre cette minorité musulmane par la Chine.

Dans une lettre ouverte au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, le Congrès mondial ouïghour (WUC) a accusé la Chine de « commettre un génocide, des crimes contre l’humanité et des tortures » contre la minorité ouïghoure et d’autres minorités dans la province du Xinjiang (nord-ouest).  

« Nous avons jusqu’à présent été très déçus que le CIO n’ait pas abordé la situation des droits de l’Homme en Chine depuis qu’il a accordé à Pékin le droit d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver de 2022 », a déploré Dolkun Isa, président du WUC et signataire de la lettre.  

« Il est profondément préoccupant que le CIO, en tant qu’organisation internationale dotée de règles éthiques strictes, n’ait pas reconnu le bilan de la Chine en matière de droits de l’homme, étant donné les crimes internationaux commis actuellement dans la région ouïghoure, ainsi qu’en Chine en général », ajoute-t-il.

Les États-Unis ont récemment pris des sanctions contre plusieurs dirigeants chinois accusés de réprimer la minorité ouïghoure, alors que la Grande-Bretagne et la France ont dénoncé des pratiques que la Chine récuse.

Les Ouïghours constituent près de la moitié de la population du Xinjiang. Très majoritairement musulmans, ils parlent pour la plupart une langue turcique (de la même famille que le turc) mais pas forcément le chinois.

Des experts et des organisations de défense des droits de l’Homme accusent Pékin d’avoir fait interner jusqu’à un million de musulmans, principalement d’ethnie ouïghoure, dans des camps de la région au nom de la lutte antiterroriste.  

La Chine dément ce chiffre et affirme que ces personnes sont emmenées dans des centres de formation professionnelle, destinés à les aider à trouver un emploi afin de les éloigner de la tentation de l’extrémisme.

Le WUC a également précisé qu’il « n’a toujours pas reçu de réponse officielle ou d’information » du Tribunal arbitral du sport (TAS) après avoir fait appel à l’institution basée en Suisse en février pour une décision sur l’accueil des Jeux par la Chine.  

Le CIO « reste neutre sur tous les problèmes politiques mondiaux », a de son côté rappelé un porte-parole de l’instance.

« Pour les Jeux olympiques d’hiver de Pékin-2022, la Commission d’évaluation du CIO considère avec respect les points de vue des ONG indépendantes sur de nombreux sujets, y compris les droits humains », a-t-on poursuivi de même source.

« Nous continuerons d’aborder les sujets en lien avec les Jeux, quand ce sera nécessaire, avec les organisateurs, dans le cadre du processus de préparation des Jeux », a conclu le porte-parole du CIO.

Pékin, qui a accueilli les Jeux olympiques de 2008, devrait être la première ville à organiser des Jeux olympiques d’été et d’hiver.