(Tokyo) Les Jeux olympiques de Tokyo pourraient être annulés si la situation entourant la pandémie de coronavirus demeure la même, a déclaré le président du comité organisateur mercredi.

Dans un entretien accordé au télédiffuseur japonais NHK, Yoshiro Mori a mentionné qu’il espère que la situation s’améliorera et a ajouté qu’un vaccin pourrait tout changer.

PHOTO D’ARCHIVES AP

Yoshiro Mori

« Si ce genre de situation (la pandémie) perdure, est-ce possible de présenter des Jeux olympiques ? », a demandé la chaîne NHK à Mori.

« Si la situation actuelle perdure, non », a répondu Mori, en japonais.

Les Jeux de Tokyo doivent s’ouvrir le 23 juillet 2021, dans un an, à compter de jeudi. Une petite cérémonie de 15 minutes, à huis clos, est prévue jeudi au nouveau stade national afin de souligner l’évènement.

Tokyo garde le cap sur les Jeux...

Le Comité international olympique (CIO) et le comité organisateur japonais ont répété à maintes reprises leur volonté de présenter les JO, bien qu’ils aient offert très peu de détails quant à la manière de les organiser en pleine pandémie de coronavirus.

Le CIO et le comité organisateur ont aussi dit que les JO ne seront pas reportés une deuxième fois, mais qu’ils seraient plutôt annulés.

Nous ne pouvons répondre à toutes ces questions hypothétiques, a admis Mori. Je ne crois pas que cette situation se poursuivra pendant encore un an.

Yoshiro Mori, président du COJO de Tokyo

Les scientifiques ont déclaré qu’un vaccin pourrait être prêt d’ici six à neuf mois, ce qui changerait la donne selon Mori. Certains, cependant, se demandent si les jeunes athlètes devraient être la priorité, et s’ils accepteraient tous d’être vaccinés.

... et les yeux sur le vaccin

La viabilité des Jeux olympiques dépend de la volonté humaine de vaincre le coronavirus. Il faudra, d’abord et avant tout, développer un vaccin ou un médicament.

Yoshiro Mori, président du COJO de Tokyo

Le comité organisateur et le CIO ont réitéré leur volonté de présenter des JO plus modestes, afin de limiter l’explosion des coûts. Les dirigeants ne peuvent toujours pas dire si les spectateurs auront accès aux sites de compétitions l’an prochain, et si les athlètes devront se placer en quarantaine. Ils ont rappelé que très peu de détails seront offerts avant l’automne.

Au total, 11 000 athlètes olympiques et 4400 athlètes paralympiques doivent s’exécuter dans 42 installations différentes.

On dénombre environ 1000 morts attribuables au coronavirus au Japon. Tokyo a observé une hausse du nombre de cas ces dernières semaines, et une pointe de près de 300 a même été enregistrée la semaine dernière.

Ces statistiques sont toutefois relativement modestes pour une région métropolitaine qui compte environ 14 millions d’habitants.

Jeux olympiques et crises sanitaires : plusieurs précédents avant Tokyo

Les Jeux olympiques de Tokyo e sont cependant pas les premiers à être confrontés à une crise sanitaire, même si la menace de la COVID-19 est d’une envergure inédite. Voici quelques exemples.

Rio et le virus Zika

À l’approche des JO de Rio en 2016, le virus Zika suscite beaucoup d’inquiétudes. Transmis par des moustiques ou par voie sexuelle, il fait courir aux femmes enceintes le risque de donner naissance à des bébés atteints de microcéphalie (développement insuffisant du cerveau) et de disproportions craniofaciales.

Environ 1,5 million de personnes, principalement au Brésil, seront touchées par cette épidémie qui avait commencé à se répandre au milieu de 2015, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les inquiétudes concernant une potentielle propagation de l’épidémie dans le monde entier par les spectateurs et les athlètes internationaux au retour des Jeux étaient vives avant la compétition, même si l’OMS avait jugé le risque « minime ».

Certains grands joueurs de tennis et de golf, comme le golfeur britannique Rory McIlroy, avaient renoncé à se rendre à Rio à cause du virus Zika.

Au final, plus de peur que de mal : aucun nouveau cas ne sera signalé pendant les Jeux.

La menace du SRAS à Athènes

En 2002-2003 le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), un coronavirus déjà, a fait 774 morts, mais essentiellement en Chine continentale, où il était apparu, ainsi qu’à Hong Kong.

Ce coronavirus avait suscité des inquiétudes en amont des JO d’Athènes en 2004, et avait perturbé le calendrier de tournois de qualifications olympiques en Asie pour certaines disciplines comme le basket-ball féminin et le football.

La grippe à Nagano

Derniers JO en date à s’être déroulés au Japon, les Jeux d’hiver de Nagano en 1998 avaient été marqués par une épidémie de grippe, mais sans rapport avec une grippe aviaire mortelle qui sévissait alors en Chine.

Près de 1500 écoliers de la région montagneuse de Nagano (centre du Japon) avaient contracté la maladie, ainsi que quelque 200 personnes en lien avec l’évènement sportif lui-même. Les organisateurs avaient tenté de rassurer à l’époque en invoquant des « refroidissements classiques » et de la « fatigue ».

Le virus a notamment obligé le patineur de vitesse norvégien Aadne Soendral à déclarer forfait sur 1000 m après sa victoire sur 1500 m.

La patineuse artistique allemande Tanja Szewczenko, l’une des favorites pour une médaille qui effectuait son retour sur la glace après un an et demi d’absence pour une mononucléose, a elle aussi dû renoncer.

Le Comité international olympique (CIO) avait mis en garde les sportifs contre la grippe, leur conseillant de boire beaucoup d’eau.

Mexico 1968, Anvers 1920

Les Jeux olympiques de Mexico, en 1968, se sont déroulés pendant l’une des pires pandémies de grippe du 20e siècle : celle de la grippe de Hong Kong.

Partie de ce territoire à l’époque sous contrôle britannique, elle s’est répandue à travers l’Asie, atteignant ensuite les Amériques à la fin de l’année 1968. La pandémie fera au final un million de morts, mais n’a pas affecté les JO matériellement.

Les Jeux d’Anvers (Belgique) en 1920 s’étaient quant à eux tenus juste après la pandémie de grippe dite espagnole, qui avait fait jusqu’à 50 millions de victimes dans le monde entre 1918 et 1919.

La grippe espagnole a ainsi fait cinq fois plus de morts que la Première Guerre mondiale, mais le conflit de 1914-1918 a largement éclipsé cette pandémie. Les Jeux d’Anvers avaient d’ailleurs été considérés à l’époque comme un symbole de la paix retrouvée et de la reconstruction après la « Grande Guerre ».