Après un retour prometteur à la compétition à Boston au début du mois de décembre, Charles Philibert-Thiboutot voyait grand pour la saison en salle en Europe.

Il visait les records canadiens au 1500 m, au mile et au 3000 m, ce qui l’aurait placé en position favorable en vue d’une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, l’été prochain.

Deux mois plus tard, il doit (encore) revoir ses plans. Le coureur de Québec a subi une lésion au mollet gauche lors d’un simple jogging, le 3 janvier à Vancouver.

Après une saison blanche l’an dernier en raison d’une blessure au pied droit, Philibert-Thiboutot refuse d’abandonner son désir de disputer ses deuxièmes Jeux.

« Je suis découragé, a cependant admis l’athlète de 29 ans plus tôt cette semaine. J’ai très souvent le moral bas. C’est normal. Moi, les blessures, c’est rendu chronique. Je n’ai pas une réserve infinie d’optimisme. J’ai une chose à faire, c’est de me qualifier pour les Jeux et d’aller y courir. Même si les circonstances font que mon moral ne va pas super bien, je ne vais pas déroger de ce but-là. »

« Absolument imprévisible »

Le 7 décembre, Philibert-Thiboutot avait battu un vieux record québécois au 5000 m lors d’une rencontre en salle à Boston. Ragaillardi par cette performance réussie après plus d’un an d’absence sur les pistes, il jonglait avec l’idée de tenter sa chance sur cette distance en prévision de Tokyo.

Moins d’un mois plus tard, une déchirure musculaire au premier degré au mollet l’a brutalement ramené sur terre. « C’était absolument imprévisible alors que dans ma carrière, l’origine de plusieurs blessures pouvait être retrouvée et on aurait pu les prévenir. Là, c’était de la pure malchance. »

Le spécialiste du 1500 m avait ciblé quelques réunions programmées à cette période-ci en Europe pour marquer des points dans le processus de qualification pour Tokyo. La Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a instauré un nouveau processus qui inclut un classement mondial basé sur la moyenne des cinq meilleurs résultats d’un athlète du 1er mai 2019 au 29 juin 2020.

Absent l’an dernier, le demi-finaliste des Jeux de 2016 part donc de zéro. « Ça complique les choses. […] Je devrai faire cinq grosses performances entre avril et juin. Ce n’est pas impossible, c’est juste que ça ne me facilite pas la vie. Des coureurs peuvent s’appuyer sur des performances de l’année passée. C’est un peu moins stressant. Ce sera un gros défi. »

Cinq bonnes courses

Au total, 45 coureurs obtiendront leur billet au 1500 m. L’IAAF autorise également des coureurs à se classer en vertu d’un standard resserré par rapport à 2016. Au 1500 m, la barre a été fixée à 3 min 35,00 s, soit une seconde de moins que pour Rio. Dans sa carrière, Philibert-Thiboutot y est parvenu à deux reprises, chaque fois à Monaco dans des conditions idéales, en 2015 et en 2016.

« Réaliste », il mise plus sur sa capacité à réaliser cinq bonnes courses d’ici à l’échéance qui coïncidera avec les Essais olympiques et paralympiques de Montréal.

« Du moment où je suis en forme, je suis assez constant, a-t-il noté. Le système récompense la constance. Faire 3 min 37 s cinq fois, ça pourrait passer. »

L’espoir est toujours vivant ? « Oui, oui. La journée où ça se met à bien aller, où je peux m’entraîner sans embûches, c’est sûr que je peux y aller. La question n’est pas de savoir si j’en ai les capacités. On l’a vu, je ne me suis littéralement pas entraîné pendant six mois, et en l’espace de deux mois, j’ai fait un 5000 m en 13 min 30 s, ce qu’aucun Québécois n’avait réussi à approcher. »

Je sais que mon niveau revient vite et que j’ai ce qu’il faut pour aller aux Olympiques. Il faut juste que mon corps me laisse m’entraîner.

Charles Philibert-Thiboutot

L’idée de se qualifier au 5000 m n’est d’ailleurs pas enterrée. À cette épreuve, le classement est établi à partir d’une moyenne des trois meilleures épreuves. Avec sa course de Boston, le Québécois a déjà une bonne performance enregistrée. Il souhaite s’aligner au 5000 m du Payton Jordan Invitational, en Californie, au début de mai.

Philibert-Thiboutot lorgne également le 1500 m du Brian Clay Invitational, à la mi-avril, près de Los Angeles. Pour l’heure, il est à Vancouver pour éviter la neige et être auprès de la physiothérapeute qui le soigne depuis 2016.