Tout le monde s'entend pour dire que le repêchage qui s'est terminé samedi après-midi à Pittsburgh n'était pas une grande cuvée. Mais il n'était pas moins déterminant pour le Canadien, qui croit avoir tiré le meilleur profit possible des choix à sa disposition.

Pourquoi déterminant ? Parce que c'était non seulement le premier repêchage de Marc Bergevin à titre de DG, mais c'était le premier événement d'envergure au cours duquel le nouvel état-major du Canadien mettait sa cohésion à l'épreuve.

Bergevin ainsi que Trevor Timmins semblent très bien s'entendre sur leur philosophie de repêchage: le sens du hockey et le caractère sont des qualificatifs qui ont été utilisés pour chacun des joueurs qu'ils ont réclamés en fin de semaine.

Ça a commencé avec Alex Galchenyuk, vendredi soir, et ça s'est poursuivi avec les six autres sélections de samedi. La première d'entre elles fut le Suédois Sebastian Collberg, que le Canadien était très heureux de pouvoir réclamer au 33e rang.

«Nous l'avions classé en première ronde, a commenté Bergevin, qui l'a vu jouer en Finlande cet hiver. Je le vois comme un attaquant top 6. C'est un marqueur et il a du caractère.»

Collberg était le troisième patineur le mieux coté parmi tous les Européens du repêchage. Le nouvel espoir du CH croyait lui aussi qu'il serait réclamé vendredi.

«J'ai eu un peu de misère à dormir, mais au final, mon rang de sélection importe peu, a-t-il dit. Henrik Zetterberg a été repêché en septième ronde et c'est l'un des meilleurs joueurs de la ligue.»

Malgré son gabarit encore frêle, l'attaquant de 5'11 et 174 livres ne craint pas d'aller travailler dans les zones dangereuses...

«Il a quand même de grosses jambes et je le trouve bâti dans le même moule que Daniel Alfredsson, a indiqué Timmins. C'est un gars qui est constamment sur la rondelle et c'est un passionné.»

Sa ténacité et sa volonté d'aller dans la circulation lourde ont également été remarquées par Bergevin.

Collberg, lui, se définit d'abord et avant tout comme un marqueur, un bon patineur et un bon manieur de bâton. Les recruteurs identifient toutefois chez lui son lancer du poignet comme son arme de prédilection.

Plus dur chez les plus vieux

Collberg a partagé sa saison entre les clubs senior et junior de Frolunda. S'il a marqué neuf buts et 17 points en 21 matchs chez les juniors suédois, il n'a récolté aucun point en 41 matchs avec les plus vieux.

«Ça a été une saison difficile pour moi, reconnaît-il. Parfois, après les matchs, je me disais que je serais mieux avec le club junior, que j'aurais l'occasion d'avoir la rondelle un peu plus souvent. J'avais hâte aux occasions où je pouvais me joindre à l'équipe nationale !»   

Et il en a profité : confronté à des gens de son âge, Collberg a dominé, entre autres à l'occasion des derniers Championnats du monde au cours desquels il a inscrit sept points en six matchs pour aider la Suède à remporter la médaille d'or.

Collberg sera néanmoins de retour avec Frolunda la saison prochaine. Il est encore sous contrat pour une année avec eux.

Du muscle en défense

Le choix de deuxième ronde que le Canadien a obtenu des Predators de Nashville en retour de Hal Gill a ensuite servi à repêcher au 51e rang le défenseur Dalton Thrower, des Blades de Saskatoon.

Ce coéquipier de Darren Dietz - un autre défenseur dans la pépinière du Tricolore - est un arrière polyvalent qui se distingue surtout par son jeu robuste. Étant originaire de Vancouver, il a suivi les Canucks durant sa jeunesse et a modelé son jeu sur celui d'Ed Jovanovski et de Kevin Bieksa.

«Je ne reculerai pas devant le contact, décrit-il. J'apporte une bonne dose de méchanceté dans mon jeu !»

Mais il ne s'agit pas là d'un défenseur unidimensionnel. Il possède un excellent lancer frappé qui lui a permis d'inscrire plusieurs points sur l'attaque à cinq des Blades.

Thrower sera un élément déterminant de cette formation la saison prochaine alors que Saskatoon sera l'hôte de la Coupe Memorial.

Vail : hockeyeur tardif... et choix tardif

Le Tricolore a également ajouté de la combativité en mettant la main sur Brady Vail, un centre défensif qui a glissé jusqu'au quatrième tour.

Vail a inscrit 58 points avec les Spitfires de Windsor, dans la Ligue de l'Ontario, mais on lui donnait surtout le mandat de réduire le silence les meilleurs trios adverses.

«C'est un compétiteur doté d'un bon sens du hockey, a décrit Trevor Timmins. Certains de nos recruteurs étaient très insistants afin qu'on le repêche.»

Le parcours de Vail n'est pas banal puisqu'il a grandi en Floride, un terreau pas nécessairement fertile au hockey.

«Pour mes quatre ans, mon oncle m'avait donné un bâton de hockey qui n'a jamais quitté mes mains par la suite, raconte-t-il. J'ai commencé à faire du patin à roues alignées et ce n'est qu'à l'âge de neuf ans que j'ai commencé à patiner sur la glace. Les patinoires étaient à une heure de chez nous et mon père m'y amenait trois fois par semaine...»

C'est le fils du légendaire Darryl Sittler qui est devenu l'instructeur de patin de Vail et même s'il s'y est mis sur le tard, le coup de patin de celui-ci n'est pas un handicap dans son jeu.

Aucun gardien

Le Tricolore a conclu sa séance de repêchage en sélectionnant l'attaquant Erik Nystrom, du MoDo Jr. de la Ligue de Suède. Timmins l'a remarqué en allant observer Henrik Samuelsson, qui a finalement été le choix de premier tour des Coyotes de Phoenix.

«Nous aurions aimé repêcher un gardien, mais il n'y en avait aucun de disponible aux rangs où nous les attendions», a par ailleurs soutenu Timmins.

Marc Bergevin n'a pas fait de cachettes à l'effet que le CH avait l'oeil sur le gardien suédois Oscar Dansk, mais ce dernier a été le tout premier joueur repêché, samedi.

À défaut d'en avoir réclamé, le Canadien a invité le gardien Maxime Lagacé à son second camp de perfectionnement qui aura lieu la semaine prochaine et qui réunira entre autres les joueurs repêchés ce week-end.

Le gardien du Rocket de l'Ile-du-Prince-Édouard mesure 6'2 et joue au sein d'une équipe qui a connu des difficultés cette saison. Son entraîneur-chef est Gordie Dwyer, un ancien du CH qui se rapproche de l'organisation depuis quelque temps.

Le centre Félix Girard, capitaine du Drakkar de Baie-Comeau, a lui aussi été invité.