Héroïne de la finale olympique avec les deux buts des Canadiennes dans une victoire de 2-0 contre les Américaines, Marie-Philip Poulin poursuit sa carrière cette saison dans l'uniforme rouge et blanc des Terriers de l'Université de Boston.

Aucune joueuse de hockey ne suscitait autant d'intérêt après les Jeux olympiques de Vancouver que Marie-Philip Poulin. À 19 ans, la jeune femme originaire de la Beauce allait entreprendre ses études universitaires et toutes les institutions canadiennes ou américaines avec un bon programme de hockey souhaitaient la recruter.

«Ça faisait longtemps que je rêvais d'étudier aux États-Unis, explique-t-elle. L'idée d'avoir une bourse complète, d'acquérir une bonne éducation tout en me joignant à une bonne équipe de hockey m'intéressait vraiment. J'ai fait quelques visites, mais j'avais envie de venir à Boston.»

Avec pas moins de 11 Canadiennes, dont trois membres de l'équipe nationale, les Terriers de l'Université de Boston offrent un environnement familier à Poulin. Elle habite directement sur le très beau campus de l'université, en plein centre-ville, tout près du Fenway Park.

«Catherine Ward habite à cinq minutes et nous nous voyons souvent, raconte-t-elle. Je m'entends bien avec toutes les filles de l'équipe et l'ambiance est vraiment agréable sur le campus. C'est sûr que j'ai dû m'adapter à cette vie d'étudiante. Je venais de passer un an avec le programme olympique canadien, partageant une maison à Calgary avec Kim St-Pierre et Caroline Ouellette. Là, je me suis retrouvée dans une petite chambre de résidence, avec une autre fille.

«Tout va bien maintenant, ajoute Marie-Philip, avec un grand sourire. J'avais déjà étudié en anglais (au cégep Dawson) et la langue n'est pas un problème. Je m'étais d'abord inscrite en éducation, mais je vais sans doute changer de programme après Noël et passer en psychologie.»

»Le coeur de l'équipe»

Si l'adaptation se passe bien sur le plan académique, elle est franchement exceptionnelle sur la patinoire. À la pause des Fêtes, Marie-Philip est la meilleure pointeuse parmi toutes les recrues de la NCAA et n'est devancée dans sa conférence que par la senior Kelli Stack (Boston College et Team USA).

«Elle s'est vite imposée comme le coeur de l'équipe, estime la journaliste Heather Leach, qui couvre toutes les activités des Terriers. Son intégration à l'équipe s'est faite très rapidement et on la sent à l'aise, aussi bien sur la glace qu'à l'extérieur. Son sens du hockey est incroyable.»

Après avoir amorcé la saison dans un trio avec sa compatriote Jenn Wakefield, Poulin joue maintenant avec la Manitobaine Jenelle Kohanchuck et l'Américaine Jill Cardella. Vendredi dernier, le trio a récolté six points dans un gain de 5-3 à Harvard.

«C'est certain que le calibre est une coche en dessous de l'équipe nationale, explique Poulin. Mais le niveau de jeu de la NCAA est très fort et j'ai l'impression de continuer ma progression comme joueuse.»

La joueuse de centre est en effet encore plus dominante qu'elle ne l'était par la passé. Ses talents offensifs n'ont jamais fait de doute, mais elle est devenue une joueuse très complète. Contre Harvard, en plus de marquer deux buts, elle a maintes fois saboté les attaques du Crimson avec des replis efficaces et un placement défensif très sûr.

«J'ai eu la chance de côtoyer des joueuses exceptionnelles au sein de l'équipe canadienne. Kim (St-Pierre), Caroline (Ouellette) et plusieurs autres m'ont inculqué l'importance de toujours offrir le meilleur de moi-même, quel que soit l'enjeu.»

»Un privilège de la diriger»

Les Terriers, qui présentent une fiche de 14 victoires, deux défaites et trois matchs nuls, sont dirigés par Brian Durocher, vétéran de 20 saison à BU, qui mène l'équipe féminine de hockey depuis la mise sur pied du programme en 2005.

Présentement cinquièmes au niveau national, les Terriers devancent pour la première fois leurs grandes rivales de Boston College. Les deux équipes se disputeront sûrement le titre de la Conférence de l'Est en fin de saison.

Durocher ne tarit pas d'éloges au sujet de sa prolifique recrue. «Elle est vraiment incroyable, a-t-il confié après le match contre Harvard. En plus de 20 ans de coaching, je n'ai jamais travaillé avec une athlète aussi douée. C'est un privilège de la diriger.

«Elle mène l'équipe pour les points, mais c'est sûrement la joueuse la moins orgueilleuse de l'équipe. J'aimerais même parfois qu'elle lance plus souvent au lieu de faire une passe à une coéquipière.

«Elle est toujours positive et ses habitudes de travail sont irréprochables. On voit qu'elle a bien appris avec l'équipe canadienne, car elle est aussi efficace en attaque qu'en défense. Elle n'a que 19 ans, mais elle est déjà une meneuse naturelle. Comme tous les grands joueurs, elle rend toutes ses coéquipières meilleures par sa seule présence.»

Marie-Philip s'est absentée deux semaines au début novembre, pour participer à la Coupe des 4 nations avec l'équipe canadienne. Les Terriers ont concédé deux matchs nuls en son absence.

Après une semaine d'examens, Poulin rentrera au Québec samedi pour passer le temps des Fêtes avec sa famille en Beauce. Elle sera de retour à Boston dès le 2 janvier pour une fin de saison qui s'annonce très disputée.