Il y a deux semaines, Gary Bettman affirmait qu'il n'y a pas de «date magique» dans le conflit de travail qui oppose la Ligue nationale de hockey au syndicat des joueurs. Aujourd'hui, on peut dire que le compte à rebours est commencé.

C'est Bill Daly, l'adjoint du commissaire Bettman, qui a confirmé à La Presse qu'il ne reste plus que quelques semaines pour sauver la saison, une saison qui est menacée par ce lock-out imposé depuis le 15 septembre.

«On va arriver à un moment à la mi-janvier où il ne sera plus possible de pouvoir présenter une saison de 48 matchs», a écrit Daly, hier, dans un courriel envoyé à La Presse.

Le scénario d'une saison de 48 matchs a été évoqué pour une première fois par Gary Bettman il y a deux semaines à New York, après trois jours de négociations qui avaient échoué de façon spectaculaire, les deux parties tenant un discours résolument différent. Le commissaire avait alors affirmé qu'il ne pouvait pas imaginer un calendrier de moins de 48 rencontres.

Lors du lock-out précédent, en 2004-2005, la LNH avait attendu jusqu'à la mi-février pour mettre fin à la saison. Joueurs et propriétaires avaient alors discuté d'un calendrier d'une trentaine de matchs, avant que la ligue ne se décide à tout annuler.

Mais les dirigeants de la LNH ne vont pas attendre aussi longtemps cette fois, et selon Bill Daly, un autre bloc du calendrier régulier sera sacrifié sous peu, probablement le dernier avant d'arriver au point de non-retour à la mi-janvier.

«Oui, je m'attends à ce que d'autres matchs soient annulés cette semaine», a-t-il confirmé par courriel.

Cette affirmation du numéro deux de la ligue survient au moment où les deux parties semblent engagées dans une guerre du silence. Depuis l'échec des pourparlers de New York il y a deux semaines, aucune autre ronde de négociations n'a eu lieu entre le syndicat des joueurs et les propriétaires du circuit, et aucune autre date n'est prévue à cet effet.

Oui à une saison

Invité hier sur les ondes de l'émission radiophonique Hockey Night In Canada, Daly a toutefois répondu par un «oui» à la question: «Oui ou non, aura-t-on une saison?».

Plus tard en soirée, à Toronto, Don Fehr, le patron des joueurs, a réagi à ce «oui» de Daly. «Ce sont de bonnes nouvelles, a dit Fehr aux médias avant un match amical entre joueurs de la LNH. Je suis content d'entendre ça. J'espère certes qu'il ait raison.»

Les joueurs, eux, sont appelés à voter cette semaine pour déterminer s'ils veulent ou non déposer un déni d'intérêt, une stratégie qui pourrait mener à la dissolution du syndicat. Ensuite, les joueurs pourraient contester en cour la légalité du lock-out.

Même si le temps commence à presser sérieusement, l'attaquant Mathieu Darche, qui a participé régulièrement aux négociations depuis septembre, estime qu'il n'est pas trop tard pour sauver la saison.

«Un coup de fil, et les choses peuvent changer rapidement, croit-il. Les deux parties, on est tellement pas loin... Il n'y a aucune raison pour que ça dure plus longtemps. Où on en est, on n'a pas besoin de trois semaines pour négocier. Si les dirigeants de la ligue sont prêts à céder, on peut entrer dans une salle et régler ça en un jour.»

Au cours des dernières semaines, plusieurs joueurs ont laissé entendre que la stratégie de la LNH est claire depuis le début: pousser les joueurs à la limite, et attendre à la dernière seconde avant de mettre fin au conflit. Mathieu Darche n'est pas prêt à dire que c'est exactement ce que les patrons de la ligue veulent faire.

«J'ose croire qu'eux autres aussi, ils veulent que ça recommence le plus vite possible... Ce qui se passe présentement, ça affecte leurs revenus. On espère que ce n'était pas leur stratégie depuis le départ.»

Darche ne sait trop quand les négociations vont reprendre, mais il souhaite le retour des mêmes visages à la table.

«Il y a deux semaines à New York, on a vu des propriétaires qui n'étaient pas là auparavant. Il y avait Ron Burkle (Pittsburgh), Mark Chipman (Winnipeg), Larry Tanenbaum (Toronto), Jeffrey Vinik (Tampa Bay). Il y avait des voix différentes et de nouvelles idées, ça nous avait permis de faire du progrès. On ne peut pas dire quoi faire à la ligue, mais de nouvelles voix, c'est toujours bon.»

Au moment de mettre un terme aux discussions il y a deux semaines à New York, joueurs et propriétaires étaient incapables de s'entendre sur la durée de la prochaine convention collective, sur la durée maximale des contrats accordés aux joueurs et sur la question des rachats de contrat.