Après avoir organisé neuf matchs et amassé 402 000 $ destinés à des oeuvres de charité, Maxime Talbot et Bruno Gervais mettent fin à La Tournée des Joueurs.

Les deux hockeyeurs en lock-out sont heureux des résultats de leur initiative, mais ont conclu qu'ils étaient allés au bout des ressources à leur disposition.

«Nous voulions maintenir un certain standard de qualité mais, compte tenu de notre petite équipe de bénévoles, ça commençait à devenir plus difficile», a confié Talbot.

Ça devenait également ardu de s'assurer de la participation d'un nombre suffisant de joueurs. Si des joueurs comme Josh Bailey, Paul Bissonnette ou Hal Gill ont pris la peine de se déplacer pour un match, la participation des joueurs locaux - qui se voulaient la base des deux équipes - était plus difficile à garantir d'un soir à l'autre.

«Un soir, on a dû faire appel à la dernière minute à deux gardiens retraités (Éric Fichaud et Patrick Lalime), a donné en exemple Talbot. S'assurer de la présence de tous les joueurs demandait beaucoup. On ne voulait pas réserver des dates dans certaines villes et manquer de joueurs.»

Les deux joueurs se disent néanmoins très fiers de ce qu'ils ont accompli, ayant fourni autant aux amateurs qu'à des joueurs en lock-out la seule ligue de hockey de niveau LNH en Amérique du Nord. Ils ont rempli les arénas dans chaque ville qu'ils ont visité et environ 25 organismes de hockey mineur, en plus de quatre fondations - Bon Départ, Les Petits Trésors, Ronald McDonald et Gervais-Talbot - bénéficieront des profits engendrés par leur initiative.

«Cette belle aventure est partie d'une petite idée qui a vite fait boule de neige», a constaté Gervais.

Pas un signe de la fin du lock-out

Il ne faut pas croire que la fin de la Tournée des joueurs est annonciatrice d'une résolution rapide du conflit dans la LNH. Talbot et Gervais ont pris leur décision avant les progrès des derniers jours dans les négociations.

Les deux hommes se disent encouragés par les derniers événements, mais demeurent sur leurs gardes.

«C'est facile de commencer une négociation en mettant sa pire offre sur la table et dire par la suite qu'on s'améliore, a plaidé Talbot. Mais même la dernière offre de la ligue, si on la compare à la dernière convention collective, ne contient aucun élément en faveur des joueurs.

«C'est sûr qu'on perd de l'argent cette année et que c'est plate pour tout le monde. Mais on est à la recherche d'une entente qui sera profitable pour tous sur six ou sept ans.»

Le directeur de l'Association des joueurs, Donald Fehr, ne cesse de répéter qu'il est à l'emploi des joueurs, et non l'inverse. Mais serait-il vraiment à l'écoute si des joueurs exprimaient leur volonté de régler au plus vite?

Bruno Gervais croit que oui. Le moment n'est simplement pas venu.

«C'est sûr qu'on prend les informations qu'il nous donne, mais Don est très ouvert, indique le défenseur des Flyers de Philadelphie. Il nous dit: voici quelles sont nos options et voici ce que je pense. En ce sens-là, c'est un livre ouvert.

«Mais même si on tourne un peu en rond dans notre maison à espérer que ça reprenne, personne ne lui a encore signifié que c'était assez et qu'il fallait régler.»

Crosby: le risque ne valait pas le coup

Dès le départ, la Tournée des joueurs souhaitait offrir aux joueurs une alternative compétitive qui leur permettrait de garder la forme. L'objectif a été atteint, mais Talbot lui-même en a reconnu les limites. L'attaquant des Flyers se sent désormais mûr pour quelque chose de plus coriace et il regarde ses options, entre autres en Finlande.

«Je serais prêt pour l'Europe, a-t-il admis. J'ai besoin d'entraînements avec contact et de l'adrénaline de marquer un but gagnant qui soulève la foule.»

La Tournée des joueurs aurait bien aimé hausser son calibre de jeu en alignant Sidney Crosby. Talbot a d'ailleurs tendu la perche à son ami à la veille des matchs à Québec et Rimouski. Crosby a poliment répondu qu'il réfléchirait à la proposition, mais la logique a prévalu.

«Sid n'est pas assurable, a tout bonnement conclu Talbot. Heureusement qu'il n'y a eu aucun blessé durant la tournée. Mais s'il avait fallu qu'il vienne jouer un match et qu'il se blesse durant un match télédiffusé, on aurait tous eu l'air cave.

«Le risque n'en valait pas le coup.»