L'optimisme des derniers jours fait maintenant place à une réalité un peu moins joyeuse sur la planète LNH. À un sombre scénario qui met en vedette deux groupes ennemis qui ne parlent pas «la même langue», pour employer l'expression consacrée depuis le début de ce conflit.

Au terme d'une trop brève rencontre entre joueurs et propriétaires, jeudi à Toronto, les deux camps se sont quittés sans jamais pouvoir s'entendre. Résultat? La menace de matchs supplémentaires annulés devient plus réelle que jamais.

Ainsi, les deux parties ont choisi de rompre les négociations à la suite des contre-propositions de l'Association des joueurs. En substance, le clan de Don Fehr a présenté trois propositions sur un partage des revenus qui, selon le syndicat, allait graduellement atteindre le plateau du 50-50, tel que souhaité par la partie patronale.

Les joueurs ont toutefois insisté pour que les contrats existants soient respectés à la lettre et dans leur totalité, une mesure qui a fait sursauter Gary Bettman et ses associés. Déçu, le commissaire a fait savoir qu'il n'avait d'autre choix que de prendre ses valises pour rentrer à New York.

Pour le moment, aucune autre rencontre n'est prévue entre les deux clans.

«C'est clair que nous ne parlons pas la même langue, a déclaré Bettman aux médias assemblés à Toronto. Je suis inquiet de constater que nous ne progressons pas. Cette offre est la meilleure que nous devons faire. Dans les faits, nous ne nous sommes pas rapprochés.»

Les dirigeants du circuit et les joueurs (une vingtaine en tout, dont Sidney Crosby, Jarome Iginla et Jonathan Toews) n'ont discuté que pendant à peine une heure, signe que les deux groupes n'étaient pas du tout sur la même planète. «Nous avons conclu tout ça en une heure parce qu'il ne se passait rien», a dit Bettman devant les caméras à Toronto.

Son adversaire, Donald Fehr, n'a rien trouvé de bon à ajouter lui non plus. «Pas une bonne journée», a-t-il résumé d'un seul trait.

Chez les joueurs, c'est la vitesse avec laquelle les proprios ont dit non qui a étonné.

«C'est un peu décevant parce que la ligue a mis moins de 10 minutes pour refuser tout ce qu'on a apporté à la table, a commenté le gardien Martin Biron, représentant des joueurs chez les Rangers de New York, en entrevue téléphonique jeudi soir. L'Association a travaillé fort pour trouver un terrain d'entente, pour que les contrats offerts cet été soient respectés, pour un partage des revenus équitable.»

En soirée, Bill Daly, le numéro deux de la LNH, a fait parvenir un communiqué aux médias, dans lequel il ne cachait pas sa grande déception. «Les joueurs jugent qu'ils proposent un 50-50, mais ce n'est pas ça, a-t-il écrit. C'est surtout une entente de 56% ou 57% pour les joueurs à la première année, qui n'atteint jamais le 50% dans cette proposition de cinq ans (...) Le syndicat et ses membres nous ont dit qu'ils n'avaient pas encore vérifié les chiffres. On l'a fait.»

Reste à voir si les deux parties pourront maintenant se revoir rapidement et tenter d'en arriver à un règlement au cours des prochains jours. Gary Bettman a déjà souligné l'importance du 25 octobre, date à laquelle une entente doit être en place afin de pouvoir amorcer la saison le 2 novembre, et afin de pouvoir offrir aux fans un calendrier régulier de 82 rencontres, tel que prévu.

Sinon, la ligue devra sérieusement penser à l'annulation d'une autre portion de son calendrier régulier très rapidement. Gary Bettman a déjà évoqué la possibilité de faire une croix sur la Classique hivernale, qui doit être présentée cette fois-ci le 1er janvier au Michigan.

«Je continue d'être confiant, à croire qu'on va pouvoir poursuivre les discussions, a ajouté Martin Biron. Dans un conflit de travail, il y a des bonnes journées et des moins bonnes aussi. Don Fehr nous a parlé par conférence téléphonique (jeudi soir), et son message aux joueurs demeure le même: on va continuer d'essayer de trouver une entente.»