Andrei Markov jouera en Russie, car la formation de Tchekov a accepté d'assumer des frais d'assurance exorbitants, ce que les autres équipes de la KHL n'étaient pas prêtes à faire.

On ignore la somme que le Vityaz a dû débourser à cause du passé médical de Markov. Mais il est chanceux que son contrat ne compte plus que deux saisons: des joueurs traînant des contrats beaucoup plus longs sont privés d'action, car les assurances coûteraient les yeux de la tête.

La question des assurances, à première vue bien technique, est importante dans le contexte du lock-out. En effet, autant les joueurs veulent continuer à jouer pendant l'arrêt de travail, autant les assurances leur compliquent la tâche.

Pendant une saison de la LNH, les équipes paient les assurances de leurs joueurs-vedettes. Durant le lock-out, chaque joueur est responsable d'assurer lui-même son contrat de la LNH et de se protéger contre les blessures.

L'agent Pat Brisson a confié à Sportsnet qu'il coûterait jusqu'à 400 000 $ par mois pour assurer Sidney Crosby en Europe. Et encore là, Crosby ne chercherait qu'à assurer un certain pourcentage de son contrat. Assurer la totalité des 12 années et des 104 millions prévus par son nouveau contrat est carrément irréaliste.

Du côté de Vincent Lecavalier, à qui il reste encore huit ans et 55 millions à recevoir du Lightning de Tampa Bay, ses conseillers ont reçu environ 70 soumissions d'assurance. Aucune d'elles n'était raisonnable. C'est pourquoi Lecavalier est chez lui plutôt qu'en Russie, comme lors du lock-out de 2004-2005.

Outre Alex Ovechkin, qui évolue dans la KHL, c'est peut-être Rick Nash qui a actuellement le contrat le plus cher à assurer en Europe. Selon le Ottawa Sun, il en coûterait plus de 10 000 $ par mois à l'ailier des Rangers pour protéger ne serait-ce qu'en partie les cinq années à 7,8 millions qui restent à son contrat.

S'assurer autrement

La valeur et la durée du contrat d'un joueur dans la LNH, sa condition physique et son âge sont les quatre paramètres qui déterminent le coût de son assurance.

«En temps normal, les équipes paient pour les risques d'invalidité temporaire totale et d'invalidité permanente totale, précise l'agent Don Meehan. Lorsqu'on s'assure soi-même, les coûts sont substantiels.»

Pendant le lock-out, les équipes européennes acceptent la plupart du temps de payer les assurances. Pour des raisons fiscales, il est plus avantageux qu'un joueur défraie lui-même son assurance, mais le club le rembourse généralement par un salaire déguisé.

«Quelle que soit la méthode choisie, une chose est claire: à l'exception de la KHL, les joueurs ne font pas d'argent en Europe, indique l'agent Rich Curran, qui représente Tomas Plekanec.

«Ceux qui y vont veulent juste continuer à jouer et, souvent, ils le font dans la ville d'où ils sont originaires.»

Protéger le corps et le contrat

Il y a un peu plus de deux semaines, l'Association des joueurs a envoyé une note à ses membres pour leur rappeler les risques liés au fait de jouer en Europe ou de participer à des matchs amicaux. Les joueurs ont tout intérêt à trouver un club qui paiera leurs assurances, mais ils doivent aussi à tout prix éviter les blessures. Pourquoi? Parce qu'une fois le lock-out terminé, les équipes de la LNH pourront suspendre sans salaire un joueur qui s'est blessé à l'extérieur du cadre des activités de la LNH.

«Ce n'est pas comme si nous jouions en Europe, mais nous avons quand même besoin d'une petite couverture, a indiqué Bruno Gervais, qui organise la tournée des joueurs avec Maxime Talbot.

«On ne veut pas que les joueurs soient victimes d'une malchance. Nous avons discuté pendant deux semaines avec l'AJLNH afin d'en arriver à un montant que les joueurs pourraient débourser à chaque match ou alors à chaque mois.»

Qui sait si cette disposition ne permettra pas à Sidney Crosby de faire une apparition-surprise à Rimouski demain soir...

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Souvent, seulement cinq joueurs par équipe sont assurés

Durant une saison régulière de la LNH, tous les joueurs ne sont pas assurés. Chaque formation verse un montant équivalent au salaire de l'année courante de ses cinq joueurs les mieux payés. Le plus simple est d'assurer ces cinq mêmes joueurs. Mais l'enveloppe peut aussi être redistribuée autrement afin qu'une équipe puisse assurer sept ou huit joueurs.

Si l'assureur détermine qu'un joueur est trop à risque en raison d'une blessure antérieure, une exclusion peut s'ajouter et rendre tout l'exercice encore plus périlleux. Mais si l'un des joueurs protégés par cette police se blesse pour plus de 30 matchs, 80% de son salaire sera garanti par l'assureur.

«Toutes les équipes déboursent chaque année un montant dans les sept chiffres en assurance, confirme un dirigeant d'équipe. Ça nous coûte cher. Et payer le salaire des joueurs blessés qui ne sont pas assurés et celui des joueurs qui les remplacent, ça coûte également très cher.»