Le matin du match menant à l'élimination du Canadien, on a annoncé que Carey Price ne serait pas de retour en première ronde. En fin de compte, ses séries auraient probablement été terminées même si le Tricolore avait eu un long parcours.

Le gardien de 25 ans a subi une entorse au ligament collatéral médian du genou gauche dans le quatrième match face aux Sénateurs d'Ottawa. Or, une telle blessure nécessite une convalescence de quatre à six semaines.

« Un genou n'est pas supposé plier de cette façon », a convenu Price en parlant de son faux mouvement lors du but égalisateur de Cory Conacher.

«J'ai tout de suite su que j'étais dans le trouble.»

Aucune opération ne sera toutefois nécessaire. Le genou guérira, comme les autres bobos qu'il traîne depuis la saison dernière.

Mais bien vite, Price devra trouver le moyen d'élever son jeu d'un cran. Il vient de terminer sa pire saison en carrière sur la plan du taux d'efficacité (,905) et, s'il plaide que les statistiques ne disent pas tout, il convient lui-même que l'heure est venue d'en donner plus.

«Je crois honnêtement que je peux gagner une Coupe Stanley, a soutenu Price. J'ai les attributs et la mentalité pour y arriver. Mais pour cela, mon jeu doit atteindre un autre niveau. Je vais devoir déterminer ce que je dois faire pour atteindre ce prochain niveau.»

Le gardien de 25 ans a indiqué que la saison écourtée ne lui avait pas donné la chance de travailler autant qu'il l'aurait voulu avec Pierre Groulx. Il pourra davantage trouver réponse aux questions d'ordre technique l'an prochain.

Mentalement, c'est autre chose. Après six saisons chez le Tricolore, Price ne trouve toujours pas évident de composer avec la pression de Montréal, une ville qui a la réputation d'être une machine à broyer les gardiens.

«C'est difficile mentalement, je mentirais si je disais le contraire, a confié Price. Mais c'est la nature de ce travail et il faut savoir l'accepter.»

«Je vais être le bouc-émissaire et il faut apprendre à l'accepter - y compris quand ce n'est pas mérité. Et quand on est le héros, c'est tentant de laisser son orgueil tout balayer. Bref, c'est facile de se trouver terrible et c'est facile de se trouver sensationnel.»

«Comme un hobbit dans son trou»

D'aucuns soutiennent que Price aurait beaucoup plus de succès s'il évoluait dans un marché où chacune de ses performances n'était pas scrutée à la loupe.

«Je m'ennuie de l'anonymat, a reconnu Price à ce sujet. C'est impossible d'y arriver ici. Je ne sors plus faire l'épicerie. Je ne fais presque plus rien, en vérité. Je suis comme un hobbit dans son trou.»

Comprenons-nous bien : Price continue de dire que Montréal est un endroit formidable lorsque l'équipe gagne. Et s'il avait voulu quitter la ville, il n'aurait pas signé une prolongation de contrat de six ans avant le début de la saison dernière.

«C'est tout ce que j'ai connu, je suis parti du junior pour m'amener presque directement à Montréal, dit-il. C'est le seul environnement que je connaisse.»

Cela n'empêche pas que faire abstraction des critiques ne soit pas son sport favori.

«Il y a beaucoup de gens mécontents et j'ai appris à accepter cela et à laisser les gens parler. C'est difficile, mais il n'y a rien d'autre à faire.»

«Si l'on consacre trop d'efforts à agir en fonction de ce que les gens pensent, on n'atteindra jamais les buts qu'on s'est fixés.»

Price n'a pas à répondre aux attentes des amateurs. Il a cependant le devoir d'exploiter son potentiel au maximum. Et pour l'instant, sa fiche en 30 matchs éliminatoires (9-17) ne doit pas le satisfaire plus que les partisans.