Il y a de ces rencontres où la défensive a préséance sur l'attaque, des matchs où il faut être opportuniste. C'était ce genre de match, en après-midi au Centre Bell, alors que le Canadien l'a emporté 3-1 sur les Sharks de San Jose.

«C'était un match de grinders (cols bleus). On leur a accordé cinq chances de marquer en première période et cinq autres pour le reste de la rencontre», a raconté Jacques Martin même si les visiteurs ont dominé 27-19 au chapitre des tirs au but.

«Notre brigade défensive a bien travaillé et ils ont été bien appuyés par les avants. On aurait certes aimé avoir un meilleur début de match, mais c'était notre troisième rencontre en quatre jours», a ajouté Martin.

De fait, tous les arrières ont été solides, mais le duo de Roman Hamrlik et Jaroslav Spacek a fait la différence dans le match puisqu'ils ont fermé la porte au gros trio des Sharks, celui de Joe Thornton, Dany Heatley et Patrick Marleau. De plus, Hamrlik s'est offert une passe en prime sur le but d'assurance.

«Match après match, ces deux gars-là ont le mandat d'affronter le gros trio adverse et ils font de l'excellent travail. On compte sur eux pour faire ce travail. Et la commande était grosse contre la ligne de Thornton parce qu'on parle de joueurs forts et rapides», a analysé Martin.

Les jeux de base

Le Canadien a ouvert la marque à la sixième minute de jeu lorsque Mathieu Darche a enfilé son cinquième but de la saison en profitant d'un rebond rapide sur la bande.

«J'aurais pu avoir un but et une passe sur ce jeu puisque j'ai pris le retour de mon lancer. Mais la clé du succès est d'attaquer le filet», a précisé Darche.

Le jeu a pris son origine en zone centrale lorsqu'Hal Gill a effectué une passe simple, mais efficace à Benoit Pouliot qui a ainsi eu accès à la zone offensive. Pouliot a profité de son bon maniement pour acheter du temps et permettre à Darche de filer vers son bureau devant le filet d'Antti Niemi.

Les Sharks ont toutefois égalé la marque avant la fin de l'engagement lorsque Logan Couture a gagné une bataille en coin de patinoire contre Gill. Puis, d'un angle fermé, Benn Ferriero a décoché un tir rapide qui a battu Carey Price du côté rapproché dans la partie supérieure du filet.

Au terme du premier engagement, le Canadien avait généré deux chances de marquer, celles de Darche et Pouliot, tandis que les Sharks ont converti une de leurs cinq chances. Outre le but de Ferriero, son troisième de la saison, Dany Heatley, trois fois, et Patrick Marleau ont été frustrés par Price.

«Je connais bien Dany (Heatley) et il me parle toujours sur la patinoire. C'est un excellent joueur, mais cette fois-ci j'ai eu le meilleur sur lui», s'est contenté de dire Price.

Une question de stratégie

L'entraîneur du Canadien a modifié ses trios en période médiane puisque Scott Gomez s'est retrouvé au centre de Maxim Lapierre et Tom Pyatt tandis que Jeff Halpern allait pivoter le trio de Michael Cammalleri et Travis Moen.

«On ne générait pas d'attaque et j'ai envoyé Scott avec Maxim et Tom pour une présence et ils ont apporté de l'énergie. J'ai donc poursuivi avec ce trio», a noté Martin.

Ce faisant, on n'a plus revu le trio de Tomas Plekanec face à celui de Joe Thornton, Heatley et Marleau. Si Spacek et Hamrlik ont continué à être mandatés pour affronter ce gros trio, on a vu les trios de Gomez et Halpern contre eux.

Cette décision a eu une incidence sur le match puisque Plekanec s'est retrouvé contre la ligne de Joe Pavelski. Et Plekanec en a profité pour marquer son neuvième but de la saison alors qu'il a battu Jamie McGinn pour une rondelle libre avant de se pointer dans l'enclave. Andrei Kostitsyn a également contribué à ce but en gardant la rondelle en zone offensive, une rondelle que lui avait remise Yannick Weber.

«Ce but nous a redonné de l'énergie puisqu'on avait très peu de lancers tard en deuxième période», a rappelé Darche.

Lors de cet engagement, les Sharks ont encore eu le meilleur (4-2) dans les chances de marquer. Mais Price a été impeccable avec de gros arrêts face aux Pavelski, Ferriero, Couture et McGinn.

Un jeu d'échec

Si le jeu était fermé lors des 40 premières minutes, cela n'a pas changé en troisième période alors que les deux formations ont eu droit à quelques rares chances de marquer.

«C'était un véritable jeu d'échec et l'action se passait surtout en zone centrale. On s'était dit dans le vestiaire qu'il fallait être patient en troisième période», a noté Cammalleri.

Cette patience lui a valu de marquer son huitième but de la saison lorsqu'il a complété le travail d'Hamrlik qui a eu droit à une semi-échappé avec Thornton à ses trousses. Les deux hommes étaient en fin de présence et on avait l'impression d'assister à une course de tortues.

«Cela nous a fait bien rire sur le banc», a admis Darche.

Les Sharks, eux, ne l'ont pas trouvé drôle surtout que Cammalleri, avec son instinct de marqueur, a flairé la belle occasion d'inscrire le but d'assurance.

LE JEU DU MATCH: Tomas Plekanec

Il a donné l'avance en permanence aux siens en période médiane en gagnant sa bataille pour une rondelle libre pour ensuite gagner l'accès de l'enclave où la présence de Maxim Lapierre a compliqué le travail d'Antti Niemi.

LE HÉROS DU MATCH: Roman Hamrlik

Il a été le joueur le plus sollicité en jouant 23 :01 minutes. Il a bloqué cinq tirs, il a fourni une passe et surtout il a frustré les membres du trio de Joe Thornton.

LE CHIFFRE DU MATCH: 7

Le trio de Benoit Pouliot (4), Lars Eller (2) et Mathieu Darche (1) a obtenu sept tirs au but, soit le même total que les neuf autres avants du Canadien. De fait, après deux périodes, les membres de ce trio avaient obtenu plus de tirs que tous les autres joueurs de l'équipe réunis (7-6).