Les gens accordent-ils trop d'importance aux résultats des matchs préparatoires? Doivent-ils paniquer si leur club montre une fiche déficitaire pendant le camp d'entraînement?

En guise de rappel, les Blackhawks de Chicago ont remporté deux de leurs six matchs préparatoires l'an dernier. Ça ne les a pas empêchés de remporter la Coupe Stanley. Les finalistes, les Flyers de Philadelphie, ont quant à eux gagné seulement deux de leurs sept rencontres. En 2008-2009, l'Avalanche du Colorado a conservé une fiche de 4-1-1 mais terminé la saison dans la cave du classement.

«Les défaites ne dérangent pas si notre club a bien joué, mentionne l'ancien entraîneur du Canadien, Guy Carbonneau. Comme mercredi, par exemple, le Canadien a dominé contre Boston, surtout en deuxième moitié de match. Sauf que l'objectif peut être très différent selon les équipes. Je regardais le match des Oilers d'Edmonton jeudi soir, ils ont un club jeune et ils veulent voir ce que ces jeunes ont dans le ventre. Dans le cas de Jacques Martin, son équipe vient de connaître une bonne saison et des séries éliminatoires extraordinaires, je suis convaincu qu'il veut retrouver l'esprit du printemps dernier le plus rapidement possible.»

La victoire ne constitue pas l'objectif ultime pendant le camp d'entraînement : Michel Therrien aimait bien gagner ses matchs même s'ils n'avaient aucune signification au classement.

«Surtout à domicile, précise l'ancien entraîneur du Canadien et des Penguins de Pittsburgh. J'employais souvent une bonne formation à la maison, devant nos partisans, pour créer un engouement, une vague de positivisme dans l'espoir que ça nous transporte en début de saison. Et je faisais mes expériences à l'étranger, où la couverture médiatique est moins importante.»

Carey Price

En ce sens, la performance de Carey Price mercredi n'aura pas donné les résultats escomptés. «On ne veut pas commencer le calendrier préparatoire de cette façon, c'est sûr, poursuit Therrien. Il n'y a pas lieu de paniquer, mais si on veut avoir une bonne ambiance dans l'entourage du club, on doit s'assurer que les choses soient bien faites. On ne veut pas que notre jeune gardien connaisse un camp d'entraînement ordinaire parce que ça ne se replace pas par magie quand la saison régulière commence. Mais il lui reste encore des matchs pour se replacer.»

Carbonneau ne comprend pas la réaction des gens à l'égard de Carey Price. «Carey aurait pu arrêter le tir sur le premier but. Mais les trois autres buts... Le tir en supériorité numérique, il ne l'a pas vu, les deux échappées de Patrice, ce n'était pas évident. Si on regarde le match de Tuukka Rask, il y a quelques fois où il ne savait même pas où la rondelle était et le disque l'a frappé. C'est ça la différence.»

Therrien aimait gagner, mais pas au point de déroger de son plan. «On dirige différemment pendant le camp d'entraînement. Celui qui a l'habitude de jouer 21 minutes par match va être employé durant 15 ou 16 minutes parce qu'on ne veut pas brûler nos meilleurs joueurs et entamer la saison avec des blessures. On utilise quatre trios et six défenseurs.»

«Même si le Canadien s'était approché à un but des Bruins mercredi, je ne crois pas que Tomas (Plekanec) aurait joué davantage en fin de rencontre, ajoute Guy Carbonneau. C'est vraiment l'occasion de voir ce que les jeunes peuvent apporter. Des espoirs comme Leblanc et Tinordi, mais surtout des gars comme Maxwell et Pacioretty. Palushaj a probablement été utilisé à la droite de Cammalleri et Plekanec parce que Jacques (Martin) veut voir ce qu'il pourra apporter si jamais il y a des blessés parmi les deux premiers trios durant la saison.»

Par contre, il arrive dans le feu de l'action que l'entraîneur retrouve ses instincts. «Contre Boston en deuxième moitié de match, toutes les fois où Claude (Julien) envoyait le trio de McGrattan, Reich et Campbell dans la mêlée, Jacques répliquait avec le trio de Tomas (Plekanec), note Carbonneau. Je suis certain que Claude n'était pas content de voir son quatrième trio contre le premier du Canadien, mais c'est la chance d'avoir le dernier changement et l'entraîneur doit se préparer lui aussi. Moi, je n'étais pas un gars qui aimait opposer les trios, mais dans les parties hors concours, je l'essayais un peu plus pour voir comment les gars réagissaient sur le banc.»

Intensité des vétérans

Ce qui peut fausser les données dans des matchs comme ceux-là, c'est le niveau de compétitivité des vétérans. «L'intensité n'est pas la même, c'est sûr, admet Carbonneau. À Dallas, à l'époque où je jouais, on était très forts et les camps permettaient surtout aux vétérans de retrouver leurs marques. Même si Plekanec, Cammalleri ou Gomez connaissent quatre mauvais matchs, l'entraîneur ne les mettra pas dans les estrades pour commencer l'année. Mais pour Andrei Kostitsyn, Pacioretty ou Pouliot, des gars qui ont des choses à prouver, ces matchs doivent être pris au sérieux.»