Si le Canadien tient à éviter l'élimination, lundi soir, au Centre Bell, les ajustements que devra dicter Jacques Martin à ses joueurs sont simples : limitez au minimum vos tirs sur le filet de Marc-André Fleury et laissez les Penguins lapider Jaroslav Halak.

Vrai que cette stratégie semble étrange.

Mais à la lumière du match de samedi, à la lumière de ce que cette équipe surprenante pour ne pas écrire étrange a accompli jusqu'ici en séries, ce plan aussi simplet soit-il a déjà grandement servi la cause du Tricolore.

Samedi, le Canadien a obtenu 33 tirs. Il n'a marqué qu'un but. Un but enfilé par Michael Cammalleri (son 9e des séries) avec 30 secondes à faire à la partie alors que Halak avait été rappelé au banc à la faveur d'un sixième attaquant.

Les Penguins ont tiré 25 fois seulement. Ils ont enfilé les deux buts nécessaires pour gagner.

C'était la deuxième fois en cinq matchs contre Pittsburgh et la troisième des séries que le Canadien obtenait plus de tirs que l'adversaire.

Chaque fois, il a perdu.

Inversement, le Canadien a remporté quatre des cinq derniers matchs au cours desquels il s'est contenté d'endormir l'ennemi avec trois tirs seulement en deuxième période et un total de 25 ou moins.

Marc-André Fleury, beaucoup plus souriant après sa victoire de samedi qu'après le revers de jeudi, a d'ailleurs témoigné à quel point il était difficile de composer avec «l'anti-hockey» qui a si bien servi le Canadien.

«C'est certainement un de mes meilleurs matchs depuis le début des séries. J'ai reçu plus de tirs (33) et cela m'a gardé concentré. Je me sentais pas mal plus utile ce soir que lors des autres matchs où j'ai passé la soirée à ne rien faire devant mon but», claironnait Fleury, qui a hérité de la première étoile de la rencontre.

Fleury méritait une étoile. Peut-être pas la première qui aurait facilement pu, voire dû, être décernée à Evgeni Malkin qui a été rien de moins que magistral en deuxième et troisième périodes.

Mais Fleury, en s'imposant comme il l'a fait en fin de rencontre malgré le but qui lui a fait perdre son jeu blanc, en volant un but à Mike Cammalleri qui aurait pu éteindre les Penguins dès la 80e seconde de jeu et en jouant de chance à quelques occasions, a pleinement donné raison à tous ceux qui affichent une confiance inébranlable en lui. À commencer par ses coéquipiers.

«Je voulais faire oublier les mauvais buts accordés à Montréal et je suis très content d'y être arrivé dès la partie suivante. La fin du match a représenté un bon test pour mon coeur. C'était pas mal stressant», a-t-il reconnu en riant.

Chanceux et opportuniste plus souvent qu'à son tour depuis le début des séries, le Canadien s'est fait prendre à son propre jeu samedi.

Si la rondelle avait roulé un brin plus sur son côté que sur celui de Fleury qui a dû effectuer quelques saltos arrières et autres gestes de désespoir pour sauver la situation, il n'aurait pas eu à attendre les dernières 30 secondes pour marquer.

Qui sait? Il aurait peut-être même gagné.

Les Penguins eux ont su profiter de leurs chances.

Kristopher Letang qui avait donné au Canadien le but de la victoire, jeudi, en faisant dévier une passe de Brian Gionta derrière son gardien, s'est repris dès la fin de la première période.

Il a profité d'une pénalité décernée à Josh Gorges et d'une congestion devant le filet pour déjouer Halak avec un tir de la pointe. Sergei Gonchar a eu recours à la même arme pour marquer le deuxième de son équipe.

Ce qui nous amène à un autre aspect du plan que devra concocter Jacques Martin. Il faudra s'assurer de ne pas laisser les Bill Guerin, Mike Rupp et autres Matt Cooke venir compliquer la vie de Jaroslav Halak comme ils l'ont fait samedi.

Ce qui sera plus facile à dire qu'à faire si Hal Gill, victime d'un coup de patin derrière une jambe en début de troisième, n'est pas en mesure de jouer.

Sans compter qu'il faudra aussi espérer que Sidney Crosby prolonge à sept sa séquence de matchs consécutifs en séries sans avoir marqué le moindre but.

Ça aussi, ce sera aussi plus facile à dire qu'à faire...