Non, il n'est pas ici question de Sidney Crosby ou d'Evgeni Malkin. Le «Gamer», c'est Maxime Talbot. «Les gars se sont mis à m'appeler comme ça l'an passé à cause des gros buts que je marquais», rigole le Québécois de 26 ans.

C'est toujours mieux que «Superstar», l'autre surnom qui lui a été accolé à la suite de ses performances dans des pubs de concessionnaires automobiles...

 

Il y a de ces joueurs, comme Claude Lemieux, Esa Tikkanen ou encore Johan Franzen, qui sont devenus des cas cliniques au fil des ans. Des joueurs atteints par une forte fièvre du printemps qui se traduit par une éruption de buts importants en séries éliminatoires!

Même s'il n'a pas un arsenal offensif comparable à ces joueurs-là, Talbot a le même syndrome. «Ç'a commencé dans le junior, où j'ai eu la chance de jouer au sein d'une bonne équipe», raconte l'ancien des Olympiques de Hull.

«J'ai marqué un gros but en séries, puis un autre, et ensuite un but gagnant... Et là, les gens commencent à dire que tu es un joueur de séries. Et surtout, tu commences à le croire toi-même.»

Lorsque le choix de huitième ronde des Penguins en 2002 a terminé son stage junior, il avait obtenu deux ans de suite le trophée Guy-Lafleur, remis au joueur par excellence des séries dans la LHJMQ.

«Les gens s'y attendent»

Depuis son arrivée dans la LNH, en 2005-2006, Talbot a marqué 44 buts en 306 matchs de saison régulière.

Autrement dit, ce n'est pas pour cela qu'il est là. C'est sa fougue et son travail défensif qui le rendent si utile aux Penguins. Or, l'attaquant de LeMoyne a inscrit 12 buts et 27 points en 52 matchs éliminatoires.

Bon, on ne confondra pas de telles statistiques avec celles de Crosby. Sauf que Talbot a marqué quatre buts gagnants en séries éliminatoires. Son ami Sidney, qui est arrivé dans la Ligue en même temps que lui, n'en a qu'un seul de plus que lui!

«C'est un gars qui a appris à élever son jeu en séries, observe d'ailleurs Crosby. C'est toujours bon de pouvoir compter sur ce genre de joueur au sein de son équipe.

«Les gens en sont venus à attendre ce genre de performance de sa part, mais il répond aux attentes. Il l'a prouvé d'une année à l'autre en marquant des buts importants pour nous.»

On pense entre autres à son but égalisateur, à la toute fin du cinquième match de la finale, en 2008. Il avait permis aux Penguins de se rendre en prolongation où, à la troisième période, ils avaient forcé la tenue d'un septième match. Bien sûr, les Red Wings de Detroit avaient finalement triomphé.

Mais l'an dernier, les Penguins ont pris leur revanche, et c'est le centre québécois qui a marqué les deux buts de son équipe lors du septième match. «Max devient très excité en séries, indique l'attaquant Tyler Kennedy. Il veut tellement gagner, il fera tout ce qui doit être fait pour y arriver.»

Y compris jouer avec une épaule amochée qui lui fera rater le début de la saison suivante...

Une saison en enfer

Talbot avait oublié la douleur au moment de soulever la Coupe Stanley. Mais il a dû passer sous le bistouri, durant l'été, pour soigner une déchirure ligamentaire à l'épaule gauche.

Il a été forcé de rater les 21 premiers matchs de la saison. Et même une fois revenu au jeu, il a été ennuyé par une blessure à l'aine, et il n'a jamais pu vraiment prendre son rythme. «Cette année, ç'a été dur pour moi, convient-il. Mais c'est comme si, durant toute l'année, je m'étais préparé en fonction d'être prêt pour les séries. D'ailleurs, dès le début de la série contre Ottawa, dès ma première présence, j'ai provoqué une punition chez l'adversaire. Puis une deuxième... «

Talbot a terminé le premier tour avec quatre points en six matchs, et une promotion du quatrième trio à celui d'Evgeni Malkin. «J'ai été tellement mauvais cette saison, c'était facile de monter mon jeu d'un cran», a même lancé le boute-en-train à nos collègues du Droit pendant la série Sénateurs-Penguins.

L'apprentissage des séries

Au-delà de son aptitude à jouer les héros, Talbot a acquis avec les Penguins une expérience inestimable en séries. «On a joué 49 matchs éliminatoires dans les trois dernières saisons, rappelle-t-il. On en a retiré une expérience qui ne s'achète pas.

«Par exemple, lorsqu'on tire de l'arrière 3-0 comme lors du sixième match contre Ottawa, on se rappelle qu'on tirait aussi de l'arrière 3-0 dans le sixième match, l'an dernier, face aux Flyers de Philadelphie. On sait qu'on est capables de remonter.»

Ce que Talbot ne dit pas, c'est que lors de ce fameux match face aux Flyers, c'est lui qui a renversé la vapeur en engageant le combat avec le rude Dan Carcillo. Talbot a reçu une correction, mais il a galvanisé son équipe...

Et puis, l'expérience des séries, c'est aussi pouvoir prendre la mesure du chemin à parcourir. «Il y a deux ans, je me souviens qu'on était très contents d'avoir gagné la première ronde. On se disait : «Parfait, il reste huit équipes en lice.»

«L'an passé, après la première ronde, on savait surtout qu'il nous restait 12 matchs à gagner. Et cette année, le premier tour a été encore moins significatif. On avance, et let's go.»

Une inspiration pour les plus jeunes

Talbot a de la difficulté à nommer un joueur qui l'a inspiré pour devenir celui qu'il est aujourd'hui. «J'aimais bien Guy Lafleur, mais je ne pense pas que j'ai façonné mon style de jeu en fonction de lui! Je regardais plutôt des gars comme John Madden ou Guy Carbonneau.

«Ce que j'espère, c'est que des jeunes dans le junior font des entrevues aujourd'hui et disent qu'ils prennent Maxime Talbot comme modèle!»

Bizarre que Talbot dise cela aujourd'hui.

Car le Canadien vient d'annoncer la mise sous contrat de Gabriel Dumont, son choix de cinquième ronde au repêchage de 2009.

Dumont, meilleur compteur de la LHJMQ cette année avec 51 buts, rejoindra son ancien entraîneur Guy Boucher avec les Bulldogs de Hamilton dans les prochains jours.

Et qui est l'idole de Dumont? Maxime Talbot!

«J'ai marqué un gros but en séries, puis un autre, et ensuite un but gagnant... Et là, les gens commencent à dire que tu es un joueur de séries. Et surtout, tu commences à le croire toi-même.»