À l'image de leur amphithéâtre qui surplombe le centre-ville, Sidney Crosby et ses coéquipiers ont Pittsburgh à leurs pieds.

Sous un soleil de plomb qui miroitait sur le toit métallique et argenté de l'igloo, quelques centaines de partisans vêtus aux couleurs des Penguins étaient massés devant l'amphithéâtre, trois bonnes heures avant la mise en jeu qui allait donner le coup d'envoi à la série opposant leurs favoris au Canadien.

Dès 10h, des irréductibles ont déployé chaises pliantes et grandes couvertures pour s'assurer une place de choix devant l'écran géant sur lequel allait être présentée la partie. «Ils seront quelques milliers ce soir. Plus les séries avanceront, plus ils seront nombreux. L'an dernier, la police a dû fermer la rue à la circulation en raison du débordement d'amateurs. Notre troisième Coupe Stanley remportée le printemps dernier, notre présence en finale il y a deux ans, nos succès en saison régulière et, bien sûr, l'immense popularité de Sidney Crosby nous permettent de profiter du meilleur marché de hockey des États-Unis», assure le directeur des relations publiques des Penguins, Frank Bovino.

Aussi populaires que les Steelers?

«Il y a eu plus de monde à notre défilé de la Coupe Stanley l'été dernier qu'au défilé du Super Bowl des Steelers», a lancé Maxime Talbot, l'une des figures très connues des Penguins.

«Tous les gars sont populaires. On voit les noms de tous les joueurs derrière les chandails. C'est sûr que Sid est dans une classe à part, mais c'est vraiment phénoménal. Pittsburgh est une grosse ville de sports et nous sommes choyés», dit Talbot.

«Quand je jouais ici, les gens reconnaissaient Mario (Lemieux), un point c'est tout. Quand on arrivait avec lui quelque part, les gens regardaient Mario en se demandant qui pouvait bien l'accompagner», a ajouté en riant l'ancien gardien Gilles Meloche, qui a été coéquipier de Lemieux avec les Penguins de 1985 à 1988, et qui est aujourd'hui l'entraîneur de Marc-André Fleury.

S'il est vrai que le défilé des Penguins a été plus populaire que celui des Steelers, le collègue Dave Molinari, du Pittsburgh Post-Gazette, témoin des succès et des misères du club de Mario Lemieux, tient à préciser que le défilé des Steelers a eu lieu au mois de février.

«Pittsburgh n'est pas Montréal, mais il fait quand même froid en hiver. Pas mal plus qu'au mois de juin», a-t-il lancé, pince-sans-rire.

Si les Penguins ont retrouvé, voire dépassé la popularité dont ils jouissaient à l'époque de Mario Lemieux et Jaromir Jagr, Molinari assure qu'ils ne pourront jamais rejoindre celle des Steelers.

«Les Penguins font des efforts importants. En plus, ils gagnent. Mais un grand pan de la population est noir, et cette partie de la population est bien plus portée vers le football que le hockey.»

Le Jean Coutu...

S'ils rivalisent haut la main avec le Canadien en matière de hockey, les Penguins sont encore loin derrière en matière de popularité.

Pendant que plusieurs soirées s'organisaient à Montréal, au Québec et partout où le Tricolore compte des partisans, quelques centaines de braves ont fait le voyage à Pittsburgh.

C'est le cas de Jean Coutu. Pas le «vrai» Jean Coutu, mais un Jean Coutu qui s'est hissé au rang du meilleur papa aux yeux de ses enfants Mathieu et Jessica, et du meilleur mari dans le coeur de sa femme Lucie, lorsqu'il leur a fait cadeau d'un voyage à Pittsburgh avec, bien sûr, quatre bons billets en prime.

«C'est un peu fou. Mais les enfants avaient congé. Je me suis connecté à l'internet et j'ai fait des recherches. Je me suis trouvé quatre bons billets. Je me suis assuré de bien pouvoir les récupérer au guichet et que tout était conforme, et j'ai annoncé la nouvelle à tout le monde. Nous sommes partis de Montréal jeudi soir. On s'est arrêtés pour dormir au milieu de la nuit alors qu'on venait de passer Buffalo. Et on vient d'arriver», a raconté fièrement l'un des nombreux Jean Coutu.

En prime, la petite famille a pu croiser un joueur du Canadien. «Je me suis rendu dans une boutique Apple parce je suis un maniaque, et que je voulais m'acheter un iPad. Qui était là avec nous? Sergei Kostitsyn. Il nous a dit quelques mots et on lui a souhaité bonne chance. J'espère que le Canadien va gagner. Ça coûte 800$ en billets en plus des frais liés à cette virée un peu folle, mais on fait déjà un bien beau voyage», a indiqué un Jean Coutu bien fier de son coup.