Outre Louis Leblanc et Alex Chiasson, deux Québécois qui évoluent aux Etats-Unis, il y a eu 23 joueurs de la LHJMQ sélectionnés vendredi et samedi au Centre Bell, à l'occasion du repêchage 2009 de la LNH. Et ils avaient tous leur histoire à raconter.

Parmi les plus belles, il y avait celle de Jean-François Bérubé, le gardien du Junior de Montréal.

Certes, ce n'était pas une grande année pour les gardiens de la LHJMQ. On n'est même pas passé près de faire revivre les années de gloire, quand les petits prodiges de l'ère post-Patrick Roy se succédaient à un rythme d'enfer et se faisaient même repêcher au tout premier rang, à l'instar d'un Marc-André Fleury.

Quand on regarde la liste des joueurs repêchés, samedi, on constate que Bérubé a été choisi au quatrième rang du quatrième tour, 95e au total, par les Kings de Los Angeles. Rien pour impressionner... si on s'en tient à ces simples données.

Mais que Bérubé ait été le premier gardien de la LHJMQ à être réclamé, ce week-end, tient du miracle. Ou du conte de fée, du moins. Car ce gardien s'était tout bonnement présenté au camp d'essai du Junior l'été dernier. Habituellement, ce genre d'exercice relève plus du marketing que du sport.

Bérubé a non seulement été retenu en vue du camp d'entraînement, il est devenu l'adjoint de Jake Allen. Et il a présenté des statistiques semblables à celles du vétéran dans la vingtaine de matchs qu'il a disputés.

Résultat: on l'a préféré à tout autre gardien du circuit Courteau, y compris Olivier Roy, des Screaming Eagles de Cap-Breton. Celui-ci a été le 11e gardien choisi, le deuxième de la LHJMQ, 12e de la cinquième ronde, 113e au total, par les Oilers d'Edmonton.

«Il y a un an, jamais je n'aurais osé penser à (être repêché), a reconnu Bérubé, samedi. C'était au-delà de mes espérances. La leçon, c'est qu'il ne faut jamais abandonner. Il faut juste avoir confiance en soi.

«Mes entraîneurs ont fait du travail incroyable, ce sont eux qui m'ont permis de m'améliorer autant. Jake Allen m'a aussi beaucoup aidé», a ajouté celui qui pourrait, à moyen terme, former un duo de gardiens québécois avec Jonathan Bernier à Los Angeles.

Ironiquement, Bérubé n'a même pas entendu son nom lorsqu'il a été mentionné au micro.

«Je parlais à quelqu'un quand ils l'ont annoncé. Quelqu'un m'a tapé sur l'épaule et c'est alors que j'ai réalisé que j'avais été choisi. Je me suis dit «oh mon dieu!', a raconté le gardien repentignois. D'être repêché ici à Montréal, c'est incroyable.»

Roussel en deuxième ronde

Certains croyaient qu'il serait repêché aussi tôt que le premier tour. Le défenseur des Cataractes de Shawinigan Charles-Olivier Roussel a finalement été réclamé au 12e rang de la deuxième ronde, 42e au total, par les Predators de Nashville.

«Tu as toujours un peu d'espoir (d'être repêché plus tôt), mais je n'avais pas d'attentes, a indiqué Roussel. J'avais quand même hâte que mon nom sorte.»

L'arrière de Saint-Eustache s'est dit heureux d'aboutir à Nashville, même si les Predators ne comptent qu'un seul francophone dans l'équipe première en ce moment, Jean-Pierre Dumont.

«Je vais faire mon possible pour les impressionner et faire en sorte que mes qualités de hockeyeur soient celles qui entrent en ligne de compte, plutôt que mes origines, a dit Roussel. Je suis content de me retrouver avec Shea Weber, un joueur à qui je ressemble un peu. Il me reste cependant à peaufiner mon jeu en territoire défensif et mon jeu de pieds, qui doit devenir plus rapide.»

Chiasson au pays de Ribeiro

Le Montréalais d'origine acadienne Alex Chiasson, un ailier droit qui s'alignait avec Des Moines, dans la USHL, a été le huitième choix du deuxième tour, 38e au total. Il a abouti avec les Stars de Dallas, où il pourrait bientôt évoluer avec Mike Ribeiro.

«On va essayer de partir une petite tradition francophone», a-t-il promis.

Même s'il fait six pieds trois pouces et 185 livres, il estime qu'il devra prendre du muscle encore pour accéder à la LNH. C'est ce qu'il va s'affairer à faire dès dimanche, alors qu'il amorcera officiellement son séjour de hockeyeur-étudiant à Boston University. Cet élève modèle se spécialisera en économie.

«Je vais être une recrue (à BU), mais ils ont perdu plusieurs joueurs, alors ça devrait accélérer les choses.»

Chiasson est né à Montréal, mais son père Serge est originaire de Saint-Simon, au Nouveau-Brunswick, tout près de Caraquet. Celui-ci a éventuellement accepté un emploi à Québec et a déménagé sa petite famille à Saint-Augustin. Chiasson a donc disputé son hockey juvénile dans la région de la Vieille Capitale.

Chiasson a choisi les Etats-Unis au lieu de Val-d'Or, mais il a dit apprécier la façon dont les Foreurs se sont comportés avec lui, alors qu'ils auraient pu le harceler dans l'espoir de le persuader de jouer au Québec. Ca pourrait rapporter un jour puisque plusieurs joueurs repêchés par la LNH ne finissent pas leur stage de quatre ans dans la NCAA.

«Ils ont respecté mon choix et j'ai apprécié le fait qu'ils aient respecté le choix que j'ai fait», a-t-il souligné.

Le hockey au lieu du baseball

Le défenseur des MAINEiacs de Lewiston Eric Gélinas, a été le 24e choix de la deuxième ronde, 54e au total, qui appartenait aux Devils.

Il a dit peu connaître le New Jersey, moins que son frère Karl du moins. Celui-ci évolue avec les Capitals de Québec de la Ligue Can-Am et est donc appelé à voyager souvent dans cet état américain.

«Mon père me disait d'ailleurs souvent, plus jeune, que j'étais promis à un bel avenir dans le baseball, a noté Gélinas. Mais il m'a aussi dit, à un certain moment, qu'il fallait choisir. J'ai choisi le hockey. Il a été un peu déçu je crois, mais il m'a dit que c'était mon choix et qu'il le respectait.»