Après des semaines de négociations, l'homme d'affaires américain George Gillett a cédé le Canadien de Montréal à la famille Molson. Une entente de principe a été rendue officielle, hier soir, scellant une transaction d'au moins 500 millions, la plus importante dans l'histoire du hockey professionnel.

Le prix du Canadien n'a pas été annoncé, pas plus que les partenaires de la famille Molson. Selon nos informations, la vente, qui inclut aussi le Centre Bell et le Groupe Spectacles Gillett, tourne autour de 500 millions.

BCE est associé au groupe Molson, quoique de façon minoritaire. Le Fonds de solidarité de la FTQ, qui avait affirmé que son appui au consortium mené par Quebecor Media n'était pas "exclusif", participe également au montage financier.

Les Molson ont aussi un partenaire inattendu, confie-t-on à La Presse: le groupe Thomson, qui a fait fortune dans les médias. David Thomson, le président du conseil du groupe Thomson Reuters, est le Canadien le plus riche. Il figure au 24e rang du palmarès mondial des fortunes avec 13 milliards US.

Ces éléments ne seront confirmés qu'une fois l'entente finalisée. La vente devra aussi recevoir l'aval du Bureau des gouverneurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), vers la fin du mois d'août.

Selon des sources fiables, les Molson partaient avec une longueur d'avance, parce que l'appréciation de la valeur du club au terme de la transaction avait un effet direct sur la valeur de la participation de 19,9% détenue par Molson-Coors.

George Gillett, un homme d'affaires du Colorado, a acquis 80,1% des parts du Canadien, le Centre Bell et la division spectacles de Molson pour 275 millions en 2001.

"Notre famille est très fière d'avoir été associée au club de hockey Canadien au cours des huit dernières années, et particulièrement d'avoir vécu l'année centenaire de l'organisation, a déclaré George Gillett par voie de communiqué. Je suis assuré que les frères Molson, qui font partie de l'héritage du club, vont assurer la préservation et le développement de cette grande institution."

Les Molson ne prendront pas les commandes de l'organisation avant que la vente ne soit entièrement conclue, a indiqué leur porte-parole, Luc Beauregard. M. Gillett demeure donc l'actionnaire majoritaire d'ici là.

Membre du conseil d'administration de Molson Coors, qui détient déjà 19,9% des actions du Canadien, Geoffrey Molson fait aussi partie du conseil du Canadien. Lorsque la famille a annoncé son désir d'acquérir le club, à la fin du mois de mai, il avait indiqué qu'il ne participerait pas aux délibérations des deux conseils relatives à la vente de l'équipe.

Par voie de communiqué, M. Molson s'est dit très heureux du dénouement de la vente du club, et a reconnu sa "valeur patrimoniale pour la communauté montréalaise". Il s'est aussi engagé à "maintenir la tradition glorieuse du club tout en travaillant avec la direction pour bâtir une solide équipe sur la patinoire et viser à ramener à Montréal la Coupe Stanley".

La nouvelle de la transaction a été accueillie favorablement par le commissaire de la LNH, Gary Bettman. "Dans la mesure où ils ont été capables de trouver des acheteurs qui sont à l'évidence passionnés par le sport et de préparer une transaction qui convient à toutes les parties, c'est un grand plus pour la franchise et pour les partisans de Montréal", a-t-il déclaré à Las Vegas.

Outre les Molson, un consortium formé par Quebecor Media, les Productions Feeling de René Angélil et le Fonds de solidarité de la FTQ avait annoncé publiquement qu'il avait déposé une offre pour les propriétés de George Gillett. L'homme d'affaires Stephen Bronfman était aussi sur les rangs. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a révélé que deux groupes étrangers ont aussi tenté de mettre la main sur le club de hockey.

Le consortium mené par Quebecor Media a refusé de commenter la transaction, hier.

"Nous souhaitons laisser toute la place aux frères Molson", a indiqué Isabelle Dessureault, porte-parole de Quebecor Media.

Une transaction record

Jamais une équipe de la LNH n'a été vendue si cher. Le précédent record appartenait au Wild du Minnesota, vendu 225 millions de dollars américains en 2008. Mais cette transaction n'incluait pas une division spectacles, comme c'est le cas à Montréal.

Les problèmes financiers de George Gillett ont souvent fait la manchette dans les derniers mois. L'homme d'affaires et son partenaire Tom Hicks ont contracté une dette de 655 millions dans le cadre de l'acquisition du club de soccer anglais de Liverpool en 2007. Et le prêt vient à échéance en juillet.

Malgré d'excellentes performances sur le terrain, Liverpool a perdu 42,6 millions de livres (76 millions CAN) l'année dernière. Le poids des intérêts sur la dette était la principale cause de ce déficit.

C'est précisément l'inverse dans le cas du Canadien de Montréal, qui célèbre cette année son 100e anniversaire. L'équipe a déçu sur la glace, elle qui a été éliminée en première ronde des séries éliminatoires par les Bruins de Boston. En revanche, le club est considéré comme l'un des plus riches de la LNH. La revue Forbes lui a accordé une valeur de 334 millions, en octobre dernier, ce qui le plaçait au troisième rang dans la ligue.

Les 10 plus importantes transactions dans la LNH

Les frères Molson auraient déboursé au moins 500 millions pour mettre la main sur le Canadien de Montréal, le Centre Bell et le Groupe Spectacles Gillett, scellant du même coup la plus importante transaction concernant une équipe de la Ligue nationale de hockey. Voici les 10 autres sommes les plus élevées déboursées ces dernières années.

Équipe / Somme / Année

Wild du Minnesota / 225 millions US / 2008

Canucks de Vancouver / 207 millions US / 2005

Lightning de Tampa Bay / 204 millions US / 2008

Avalanche du Colorado / 202 millions US / 2000

Rangers de New York / 195 millions US / 1997

Islanders de New York / 188 millions US / 2000

Canadien de Montréal / 181 millions US / 2001

Predators de Nashville / 174 millions US / 2007

Oilers d'Edmonton / 170 millions US / 2008

Flyers de Philadelphie / 150 millions US / 1996

Source: Forbes