Difficile de critiquer une équipe qui gagne deux fois plus souvent qu'elle ne perd. D'autant que le Tricolore trouve des moyens pour triompher. Qu'il compense ses lacunes par du jeu impeccable à forces égales, parce qu'il est extrêmement étanche en défensive.

Après des matchs misérables aux cercles des mises en jeu, les joueurs de centre du Canadien ont eu le dessus sur leurs adversaires des Hurricanes hier. Pas par beaucoup 27 mises en jeu gagnées sur les 50 disputées mais c'était une grosse progression avec les soirées moribondes lors des 14 premiers matchs.

Il en va tout autrement pour l'attaque à cinq qui, elle, est toujours au neutre. Parce que le Canadien gagne comme il le fait, cette lacune ne suscite pas l'inquiétude qu'elle devrait. Avec un petit but à ses 23 dernières supériorités numériques, l'attaque massive du Tricolore est dangereusement passive. À un moment donné, cette incapacité de marquer fera mal. Elle coûtera des victoires. Des points au classement.

Meurtrière en début d'année, l'attaque à 5 a produit 9 buts en 33 occasions (27,3%) lors des 6 premiers matchs. Depuis, elle a été limitée à 5 buts en 44 occasions (11,4).

Cette baisse de régime coïncide avec le retour au jeu de P.K. Subban. Il serait non seulement injuste, mais aussi déplacé d'imputer à Subban la responsabilité de cette baisse de régime remarquée lors des neuf dernières parties. D'autant que lors de son premier match, P.K. a contribué aux deux buts des siens marqués en avantage numérique aux dépens des Sabres de Buffalo. Mais la présence de Subban, avec son talent et la puissance de son tir, a forcé la main de Michel Therrien pour le muter avec Andrei Markov dès les premiers signes d'essoufflement du duo Markov-Diaz.

Avec Markov et Diaz à la pointe, l'attaque à cinq du Canadien était plus active, créative. Les défenseurs permutaient leurs positions. Ils multipliaient les bonnes décisions. Avec Subban à la place de Diaz, la stratégie était plus centrée sur le tir foudroyant de la pointe. L'efficacité a plongé.

Je le répète, ce n'est pas juste la faute de Subban. De fait, si Diaz et Markov, réunis hier en début de match, ont généré une belle occasion lors de la première attaque massive, ils n'ont rien fait de bon lors de la deuxième. Envoyé en renfort, P.K. n'a pas fait beaucoup mieux alors que les cinq joueurs semblaient trop souvent improviser au lieu de s'imposer.

«C'est ça notre plus gros problème. Lorsque les choses allaient bien, ce n'était pas juste le fruit du hasard. On prenait de meilleures décisions. On tirait quand c'était le temps de tirer. Depuis quelques matchs, on précipite les jeux plutôt que les préparer. C'est la grosse différence», a plaidé Tomas Plekanec.

Auteur d'un deuxième but cette saison, Brandon Prust s'est contenté de sourire lorsque je lui ai demandé s'il ne pouvait pas apporter une solution aux problèmes qu'il observe du banc des joueurs. «Tout est tellement plus simple du banc. Je vais me fier à nos gars pour relancer l'attaque à cinq. Ils ont de meilleures chances que moi d'y arriver.»