Plusieurs amateurs du Canadien croient que le développement des jeunes chez les Bulldogs de Hamilton sera plus captivant que la prochaine - et pour l'instant hypothétique - saison du Tricolore.

Ceux-là doivent donc être aussi heureux que l'était Sylvain Lefebvre, samedi, de voir enfin des joueurs sauter sur la glace. Après des mois d'attente, le nouvel entraîneur-chef des Bulldogs a enfin pu jeter un premier coup d'oeil à des joueurs qui, pour la plupart, lui étaient inconnus. Plus d'une demi-douzaine d'entraîneurs, parmi lesquels Martin Lapointe et Patrice Brisebois, ont supervisé ce premier entraînement au Complexe sportif Thibault GM de Sherbrooke.

«Mon message aux joueurs, c'est que tout le monde commence sur un pied d'égalité, a averti Lefebvre. Les premières impressions sont importantes.»

«Les joueurs doivent nous montrer ce qui les a amenés là. Ils doivent utiliser la dimension du jeu qui les distingue. On veut voir de l'intensité et de la concentration.»

Quarante-deux joueurs - 41 pour l'instant puisque le défenseur Morgan Ellis est ralenti par une blessure au bas du corps - se présentent devant une page pratiquement blanche.

Mais du club-école du Canadien on sait ceci : il aura des ressources devant le filet, la défensive aura un bon gabarit et le groupe d'attaquants, à peine plus expérimenté que celui à la ligne bleue, créera avant longtemps une véritable congestion.

« Chaque année, tu crois savoir à quoi t'attendre et tu penses connaître tout ton monde. Et là, tu arrives au camp, il y a 42 joueurs et tu commences à craindre pour ton poste, a raconté le centre Gabriel Dumont. Le simple fait qu'il y ait autant de monde m'a donné un "boost" pour que je prouve aux nouveaux entraîneurs que j'ai ma place comme joueur régulier.»

La marche est haute

La majorité des meilleurs espoirs de l'organisation fait le saut dans la Ligue américaine cette saison. On parle ici des Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi, Brendan Gallagher, Michaël Bournival et Morgan Ellis.

«Le plus gros défi pour eux est de ne pas penser que ce sera facile, explique Lefebvre. Ceux qui ont dominé dans le junior sont tentés de croire qu'ils vont dominer à l'échelon suivant. Mais la marche est très haute. C'est bon d'être confiant, mais il ne faut pas sous-estimer la Ligue américaine. Les gars doivent rester honnêtes envers eux-mêmes et mettre les bouchées doubles.»

En raison du lock-out dans la LNH, la Ligue américaine entamera son calendrier avec une injection de talent qui rehaussera le niveau de compétition.

Pour des jeunes qui devront déjà s'ajuster à la vie professionnelle, préparer leurs repas et prendre soin d'eux-mêmes en prévision des longs voyages et d'un calendrier extrêmement exigeant, le défi sera d'autant plus grand.

«Plusieurs joueurs ont été rétrogradés ou ont dû signer des contrats à sens unique de la Ligue américaine et cela ne fait qu'améliorer le calibre du circuit», note Beaulieu qui, à 19 ans, sera le joueur le plus jeune des Bulldogs.

«On se retrouvera donc confrontés à plusieurs gars qui ont goûté à la Ligue nationale. C'est une bonne façon de prendre de l'expérience et de démontrer son savoir-faire afin de passer à l'échelon suivant.»

Le camp vient à peine de commencer, mais Patrick Holland, un autre de ces jeunes gradués du junior, a déjà un avant-goût du sérieux qui habite les pros.

«Sans parler d'immaturité, les gars dans le junior sont plus jeunes et plus timides, explique Holland, obtenu dans l'échange de Michael Cammalleri. Tandis qu'ici, les gars savent ce qu'ils veulent et prennent les moyens pour atteindre leurs objectifs.»