«Ça fait longtemps que j'attendais ça», a soupiré Louis Leblanc en parlant du premier match au Centre Bell qu'il s'apprête à disputer, mardi, face aux Blue Jackets de Columbus.

L'attente lui a peut-être paru longue, mais il accède à la LNH en ayant joué somme toute peu de matchs dans les rangs inférieurs.

Après avoir été choisi au premier tour par le Tricolore en 2009, Leblanc n'a joué que 31 rencontres à Harvard. Puis, l'an dernier, il a été limité à 51 matchs de saison régulière avec le Junior de Montréal.

Ajoutez à cela 14 petites parties avec les Bulldogs de Hamilton, cet automne, et on réalise qu'il n'a pas eu à jouer énormément de hockey pour atteindre la LNH.

«C'est vrai que je ne pensais pas être rappelé aussi vite, entre autres à cause de mon opération à l'épaule, a admis Leblanc.

«Mais rien n'arrive sans raison. Quand on m'a appelé pour m'annoncer mon rappel, je savais ce que je m'en allais faire.»

Leblanc est en effet arrivé avec une idée en tête. Et c'est ce qui a frappé ses coéquipiers au premier abord.

«Il est calme en dépit de l'ajustement qu'il a à faire et il ne fait pas beaucoup d'erreurs», a observé Brian Gionta.

«Son assurance m'impressionne, a renchéri Mathieu Darche. Les jeunes arrivent souvent en cherchant à trop en faire. Or, Louis garde son jeu simple. Son style nord-sud le sert bien parce qu'il est intense et affamé sur les rondelles.»

Il ne veut pas revoir Hamilton

Après trois bons matchs aux côtés de Lars Eller, sur la Côte Ouest, Leblanc devrait être employé sur le quatrième trio face aux Blue Jackets. Le retour au jeu de Max Pacioretty est ce qui incite Jacques Martin, pour l'instant du moins, à le reléguer sur cette unité.

C'est ce même Pacioretty qui, l'an dernier, avait demandé de rester à Hamilton plutôt que de jouer de rares minutes sur le quatrième trio à Montréal... Aujourd'hui encore, il ne renie pas cette prise de position.

«Tout le monde est différent, a précisé Pacioretty, lundi. Selon moi, c'est important d'avoir un avant-goût de la LNH de façon à se familiariser avec la vitesse du jeu. Mais avoir la chance de dominer une ligue l'est peut-être encore davantage.

«Je me sens comme un joueur différent aujourd'hui parce que j'ai repris confiance en mes habiletés offensives dans la Ligue américaine. Ça a sauvé ma carrière.»

Leblanc, lui, ne voit pas les choses de la même manière.

«Ça ne me tente pas de retourner à Hamilton, avoue-t-il. Je pense que je peux m'améliorer à tous les jours à Montréal et c'est un honneur pour moi d'être ici et je veux rester le plus longtemps possible.»

Devant Palushaj

En trois matchs, Jacques Martin en a vu suffisamment pour confier à Leblanc certaines missions délicates. Comme samedi, lorsqu'est venu le temps de protéger une avance - une tâche avec laquelle le Canadien a des difficultés cette saison.

La qualité de son échec-avant a permis à Leblanc de prolonger le temps passé en zone adverse, et cette qualité lui servira encore au sein du quatrième trio.

«Il va bien s'ajuster à notre unité parce qu'il ne prend pas de chances inutiles», a noté Mathieu Darche.

La recrue de 20 ans est donc à même de remplir un rôle sur les troisième ou quatrième unités que ne pouvait assumer Aaron Palushaj.

L'entraîneur a d'ailleurs confirmé que Leblanc avait dépassé ce dernier dans la hiérarchie.

«Quand un joueur n'est pas prêt pour la LNH, il démontre certains flashes et apporter de l'énergie avec l'émotion du moment, a expliqué Martin. Mais plus le temps avance, moins il contribue.

«Aaron avait d'ailleurs été retranché de la formation après que son temps de glace eut diminué. C'est normal qu'il retourne prendre confiance à Hamilton.»

Désormais un ailier droit

Outre son utilisation, l'autre aspect important du développement de Leblanc concerne sa position.

L'attaquant de 20 ans est un centre droitier, une rareté sur laquelle une équipe n'abandonne pas facilement. Or, ce qu'Équipe Canada Junior avait d'abord perçu en le voyant jouer a été corroboré par l'organisation: Leblanc a été muté à l'aile droite.

«Je ne pensais pas que j'allais aimer ça, mais je réalise qu'avec ma vitesse, je décolle plus quand je joue à l'aile, a-t-il confié. Dans les trois derniers matchs, avec Eller, c'est moi qui fonçais et ça me permettait d'être premier sur la rondelle.»

Leblanc veut rester à Montréal et, en jeune élève consciencieux, il a bien lu le devoir qui lui était demandé.

«Il faut savoir sortir de notre territoire rapidement et réussir nos entrées en zone adverse, a-t-il résumé. Comme me l'a dit Pierre Groulx, je ne dois pas essayer d'imiter le style de Cammalleri ou de Plekanec. Je dois y aller une étape à la fois. Quand j'ai la rondelle, je dois faire le meilleur jeu possible et éviter les revirements à tout prix.»

Son talent, sa vitesse et sa fougue feront le reste.