Depuis quelques jours, des commentateurs affirment que le fait que 10 joueurs en soient à leur dernière année de contrat chez le Canadien affecte le rendement de l'équipe.

Est-ce bien le cas?

C'est vrai qu'au camp d'entraînement, le drapeau jaune s'agitait déjà.

«Il y a un risque que des joueurs agissent de manière égoïste et laissent les questions personnelles dicter leur jeu, avait dit Christopher Higgins. Mais ça pourrait aussi être une bonne chose, car ça pourrait garder les joueurs affamés toute la saison.»

À ce stade-ci de la campagne, qu'en pense Guy Carbonneau? «Avec les hauts et les bas qu'on a connus, c'est certain que ça a eu un impact. Ces joueurs-là veulent avoir du succès pour décrocher le meilleur contrat possible. Mais ce que j'ai senti quand ça ne fonctionnait pas, ce n'est pas de l'individualisme. C'est de la frustration.

«Heureusement, le fait d'avoir un noyau qui se connaît depuis longtemps et qui a eu du succès nous a évités de vivre de trop grosses montagnes russes.»

Bâtie pour gagner maintenant

On a demandé à des membres d'autres organisations si un grand nombre de joueurs autonomes au sein de leur équipe avait nui au rendement collectif.

En 2006-2007, par exemple, les Predators de Nashville étaient des prétendants à la Coupe. Les Forsberg, Kariya, Hartnell et Timonen s'apprêtaient toutefois à lever les voiles.

«L'équipe était bâtie pour cette année-là, a rappelé Jean-Pierre Dumont. Mais quand tu vois que tu as une chance d'aller jusqu'au bout, tu ne penses pas beaucoup à l'année suivante. Parce que tu ne sais pas quand ça va se reproduire...»

Y a-t-il eu des signes de désintérêt chez certains joueurs qui savaient qu'ils seraient ailleurs l'année suivante?

Car, aussi bons étaient-ils, les Predators se sont écrasés en cinq matchs au premier tour des séries!

«Non, ce qui explique notre élimination, c'était une question d'ordre mental face aux Sharks, a soutenu Dumont. On était malgré tout une équipe assez jeune.»

Reconnaître la chance

Il y a deux ans, Daniel Brière et Chris Drury en étaient à leur dernière année de contrat, et les Sabres de Buffalo avaient «loué» les services de Dainius Zubrus pour la fin de saison.

«On savait que ce groupe-là ne resterait pas intact, mais il fallait reconnaître la chance exceptionnelle qui se présentait à nous», a raconté Zubrus.

«Personnellement, j'avais faim de victoires. Je m'étais rendu en finale de la Coupe Stanley à ma première année et depuis, ç'avait été le désert.»

Y avait-il une pression supplémentaire de gagner maintenant, sachant que l'équipe se morcellerait ensuite?

«Je ressentais plus d'excitation que de pression, s'est souvenu Zubrus. Mais je peux comprendre que pour un joueur qui était là depuis longtemps, il y avait peut-être une certaine anxiété.»

La besogne d'abord

Parfois, ce n'est pas tant la qualité que la quantité de joueurs autonomes qui entre en ligne de compte.

Car certains ont hâte de relancer leur carrière ailleurs!

«Drury, Brière et moi jouions plus de 20 minutes par match, a rappelé Zubrus. Peut-être que le gars qui joue moins souvent a hâte, lui, de pouvoir améliorer sa situation.»

Cette année, d'ailleurs, parmi les 13 patineurs admissibles à l'autonomie complète chez les Ducks d'Anaheim, il y a de nombreux employés de soutien.

«Je n'ai pas remarqué que cette situation changeait quoi que ce soit», a confié François Beauchemin, dont la saison a pris fin en raison d'une blessure à une jambe.

«Les gars donnent tout ce qu'ils ont et personne ne parle de contrat», a assuré le défenseur qui sera lui-même joueur autonome en juillet prochain.

«Il faut dire qu'on a bâti un excellent esprit d'équipe quand on a gagné la Coupe, il y a deux ans.»

Le sens de la compétition

L'an dernier, ce sont les Rangers de New York qui arrivaient à la fin d'un cycle. L'entraîneur Tom Renney a vu partir Jaromir Jagr, Brendan Shanahan, Martin Straka et Sean Avery.

Et il va dans le même sens que les autres : le désir de gagner l'emportait sur tout le reste.

«Les joueurs de la LNH sont tous supercompétitifs, a affirmé Renney. Je n'en connais aucun qui ne veuille pas être un bon coéquipier.»

Bon, il y a peut-être du rose dans les lunettes de Renney. Mais si la majorité des hockeyeurs se serrent les coudes et se soucient avant tout de leur équipe, espérons que la proportion soit particulièrement élevée dans le vestiaire du Canadien.