Des historiens et des experts en toponymie évoquent et approuvent l'idée de donner le nom de Jean Béliveau au nouvel amphithéâtre de Québec, afin de souligner le parcours exceptionnel d'un joueur qui a commencé sa carrière professionnelle dans la Vieille Capitale.

Québecor, qui détient le droit de baptiser les installations, assure vouloir rendre hommage au Gros Bill d'une façon ou d'une autre lorsque la construction prendra fin. Monopoliser le nom de l'amphithéâtre pour un hommage entraînerait un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions pour l'entreprise.

Mais le bâtiment sportif en construction n'a pas encore de nom et représenterait un legs à la hauteur du personnage, soulignent des spécialistes renommés.

«Je pense que ce serait une bonne idée», a exposé à La Presse le célèbre historien Jacques Lacoursière, aussi membre de la Commission de toponymie du Québec. «Il a commencé sa carrière avec les As de Québec.»

L'amphithéâtre est un choix intéressant parce qu'il ne nécessite pas de changement de nom, a exposé M. Lacoursière en soulignant la controverse autour de l'idée de débaptiser le pont Champlain.

Henri Dorion a été trois fois président de la Commission de toponymie. L'expert dans ce domaine croit lui aussi qu'il serait «absolument» opportun de baptiser le nouvel amphithéâtre du nom de Jean Béliveau. «Je pense que c'est une bonne idée si plusieurs l'appuient, puisqu'il y a un rapport évident entre l'usage de l'amphithéâtre» et la carrière de Jean Béliveau.

La commissaire de la Commission, Louise Slater, qualifie quant à elle l'idée de «bonne», sans vouloir s'avancer davantage. Son collègue Matthew Hatvany indique qu'il se souciera surtout de l'opinion de ses concitoyens s'il devait juger cette proposition. «Si le public est d'accord, ça simplifie beaucoup notre travail», a-t-il dit.

Jean-Pierre Leblanc, porte-parole de la Commission, n'a pas voulu commenter l'idée sur le fond. Il y a bien un «lien évident» entre Jean Béliveau et l'amphithéâtre et «c'est sûr que c'est quelqu'un d'important», a-t-il dit, sans vouloir présumer d'une éventuelle décision.

Du côté d'Edgar Théorêt, président fondateur du Panthéon des sports du Québec, M. Béliveau mériterait de donner son nom à l'amphithéâtre, a-t-il indiqué à La Presse.

Pour sa part, l'historien Jean-Marie Lebel croit que l'hommage pourrait être rendu en baptisant une place ou un élément constitutif de l'amphithéâtre, plutôt que la totalité du bâtiment.

Québecor cherche un commanditaire

Si la fonction théorique d'approbation des noms de lieux publics dans la province revient à la Commission de toponymie, c'est l'entreprise Québecor qui possède le droit réel de baptiser l'amphithéâtre. Elle s'est d'ailleurs engagée à verser 33 millions de dollars (sans équipe de la LNH) ou 63,5 millions (avec une équipe de la LNH) sur 25 ans à la Ville de Québec pour ce droit.

«Ç'a été un joueur d'exception qui occupe une place importante dans l'histoire du hockey à Québec, a indiqué Martin Tremblay, porte-parole de Québecor. C'est clair que Québecor compte trouver une manière de lui rendre hommage dans le nouvel amphithéâtre.» Il n'a pas voulu s'avancer davantage.

La semaine dernière, le grand patron de Québecor avait déclaré être «à la recherche d'un commanditaire» qui voudrait baptiser de son nom le bâtiment en échange d'un chèque. Pepsi, Budweiser et Canadian Tire seraient des prétendants sérieux, selon Le Journal de Québec.