Il y a eu des matchs, au début de l'existence du Phoenix de Sherbrooke, à l'issue desquels Jocelyn Thibault n'en menait pas large en quittant le Palais des sports.

«Quand on perd 9-2 et que l'amphithéâtre est plein, le retour à la maison en auto est un peu plus stressant», glisse l'ancien gardien de la LNH qui est un des actionnaires du Phoenix.

Heureusement pour lui et l'organisation naissante de la LHJMQ, les amateurs de Sherbrooke étaient conciliants.

«C'étaient les gens qui me remontaient le moral. Ils venaient me dire: "ne lâchez-pas, on est derrière vous. On sait ce que vous tentez de faire avec l'équipe".»

Thibault et ses partenaires actionnaires du Phoenix sont fort heureux que l'équipe ait récompensé la patience des amateurs en assurant sa place en séries éliminatoires.

L'exploit couronne un beau retour du hockey junior à Sherbrooke depuis la délocalisation des Castors à Lewiston en 2003.

«C'est au-delà de mes espérances», admet Thibault, en parlant du succès d'affluence du Phoenix cette saison.

«Nous avons amélioré le record d'assistance de la ligue (plus de 100 000 spectateurs) pour une équipe d'expansion, c'est extraordinaire.

«Plusieurs personnes disaient que nous étions fous de faire revivre le hockey junior. Moi, j'avais confiance au produit de la LHJMQ et, comme groupe, nous étions confiants de relever le défi et d'atteindre les objectifs que nous avions établis.»

Cela dit, Thibaut ne cache pas qu'il est agréablement surpris.

«Les gens ont embarqué, ils se sont sentis mobilisés et un sentiment d'appartenance s'est créé, soulève-t-il. Ce n'était pas évident parce qu'à la même période il y a un an, nous n'avions aucun joueur. Nous en avons fait du chemin au cours de la dernière année.»

À la suite de la formation de l'équipe, les dirigeants n'ont pas caché qu'on visait une participation aux séries d'après-saison.

«J'ai dit après les repêchages d'expansion et midget que nous avions les éléments pour participer aux séries, relate le directeur général Patrick Charbonneau. Mais disons que j'avais des doutes après les 15 premiers matchs de la saison.»

Le Phoenix n'avait que cinq points au classement à ce moment. Le groupe hétéroclite de joueurs rassemblé tardait à trouver un semblant de cohésion et la saison s'annonçait longue. Jusqu'au 24 novembre, soit la soirée au cours de laquelle la saison a pris une différente tournure à la suite d'une victoire marquante à l'étranger contre l'Océanic de Rimouski.

C'est à partir de ce moment que l'entraîneur Judes Vallée a fait bannir le mot expansion dans l'entourage de l'équipe.

«C'était l'excuse facile, être une équipe d'expansion. Nous avons changé le discours. Nous avons commencé à parler de nous comme d'une équipe qui fait partie de la ligue et qui peut rivaliser avec n'importe quels rivaux. Cette soirée à Rimouski a été l'élément déclencheur.»

Un des rouages importants du redressement de situation, outre le gardien Jacob Gervais-Chouinard, a été l'ailier droit Alexandre Comtois, meilleur marqueur de l'équipe. Comtois, un des cinq joueurs de 20 ans de l'équipe, a particulièrement savouré sa dernière saison dans les rangs juniors, dans sa ville.

«J'étais très emballé de me retrouver à Sherbrooke. Quand j'étais jeune, je venais voir les Castors au Palais des sports et mon rêve était de jouer avec eux un jour. J'étais content du retour d'une équipe et de contribuer à la relance du hockey ici. C'est une expérience exceptionnelle sur le plan personnel.»

On dit des Remparts de Québec qu'ils sont l'organisation par excellence de la LHJMQ, mais Comtois, qui a porté les couleurs des Remparts la saison dernière, argue que le Phoenix, nouvelle mouture, n'a rien à leur envier.

Le défi maintenant pour les dirigeants, au terme des séries, sera de poursuivre sur leur lancée, la saison prochaine. On n'a pas besoin de le rappeler à Thibault, qui ne compte pas les heures et qui se dit passionné par ce qu'il fait.

«La chose la plus importante est de pas tenir pour acquis que les gens vont être de retour aux matchs la saison prochaine», a-t-il conclu.