À l'âge de 15 ans, Kirill Kabanov signait déjà de gros contrats de commandites. On le comparait alors à Ovechkin, Malkin et Kovalchuk et il allait être l'indiscutable premier choix au total dans la LNH en 2010.

Sa valeur avait baissé lorsqu'il s'est joint aux Wildcats de Moncton en début de saison, mais on lui donnait encore des chances d'être repêché au premier rang en juin prochain. Son arrivée dans la LHJMQ a d'ailleurs été soulignée en grande pompe.

Mais nous voilà, sept mois plus tard, et celui qu'on qualifiait de merveille russe a plié bagage pour la Russie pour éventuellement disputer le Championnat mondial des moins de 18 ans en Biélorussie tandis que les Wildcats sont en pleine lutte des séries éliminatoires contre les Screaming Eagles du Cap-Breton.

Kabanov, qui a amassé 23 points en 22 matchs en saison régulière, aurait raté l'autobus de l'équipe récemment. Puis, lors de sa première rencontre en séries éliminatoires le week-end dernier, il s'est rendu responsable d'une punition des Wildcats pour avoir eu trop de joueurs sur la glace. Il a été cloué au banc par la suite, et il quittait l'équipe quelques jours plus tard.

La question désormais n'est plus de savoir s'il sera repêché au premier rang, mais s'il sera repêché en première ronde...

«Je ne serais pas intéressé à le repêcher en première ronde, confiait hier le recruteur québécois du Wild du Minnesota, Marc Chamard. Ce n'est pas un joueur qui me plaît et c'est un paquet de problèmes à l'extérieur de la glace. Il a changé d'agent environ une vingtaine de fois. Je le suis pourtant depuis plusieurs années et en début de saison, je lui reconnaissais un talent exceptionnel, mais j'avais des hésitations parce qu'on ne le voyait pas vraiment dans la circulation lourde. Mon patron voulait cependant que je le suive de près parce qu'il est électrisant comme Alexander Semin.»

«J'étais à Moncton quand l'incident s'est produit en fin de semaine, poursuit Chamard, et c'était vraiment flagrant, il jouait mollement et quand il avait la rondelle, il s'en débarrassait rapidement. Cap Breton a une équipe assez robuste, c'est comme s'il ne cadrait pas dans le décor. Il s'est amélioré avec l'entraîneur Danny Flynn mais il a besoin d'espace. Mon patron était venu le voir jouer en Abitibi et il disputait un bon match jusqu'à ce qu'il se fasse frapper par Marco Scandella. Ce n'est pas le type de joueur avec lequel j'irais à la guerre.»

Danny Flynn joue les conciliants au téléphone. «On parle d'un jeune homme de seulement 17 ans qui est arrivé avec six semaines de retard parce qu'il n'avait pas obtenu sa libération, puis qui a raté presque 40 matchs en raison d'une intervention chirurgicale à la main, qui, croyions-nous, allait mettre fin à sa saison et peut-être compromettre sa carrière. Il s'est battu pour revenir, mais nous comptons au sein de notre formation deux ailiers gauches de 19 ans devant lui, Nicolas Deschamps, premier compteur de la Ligue (ex-aequo avec Sean Couturier), et Gabriel Bourque, qui a joué au sein de l'équipe canadienne junior au Championnat mondial.»

L'entraîneur des Wildcats assure que le divorce s'est opéré en douceur parce qu'il ne pouvait lui assurer un meilleur temps d'utilisation.

«C'est un bon garçon, il n'y a pas de problème hors glace avec lui, mais il doit jouer plus souvent et il jouera plus souvent lors du tournoi des moins de 18 ans. Nous ne fermons pas la porte pour l'an prochain. J'ai d'ailleurs raté l'autobus de l'équipe lundi et j'ai ensuite conduit six heures vers le Cap-Breton pour le rencontrer alors qu'il s'apprêtait à partir. On s'est laissés en bons termes. C'est la meilleure chose pour sa carrière en ce moment. Pour le reste, il n'est pas le premier et le dernier à rater un autobus d'équipe ou écoper d'une punition.»

N'empêche, voilà une autre histoire qui n'aidera pas les dépisteurs à se réconcilier avec les espoirs russes.

«Si on regarde la réputation des Zherdev, Filatov et compagnie, il y a toujours un point d'interrogation. Mikhail Stefanovich à Québec, c'était un gros nom quand il est arrivé. C'était un homme parmi des enfants. J'aimais aussi beaucoup le plus grand des jumeaux Bashkirov, qui jouaient eux aussi à Québec. Il a été repêché en deuxième ronde par les Sénateurs d'Ottawa et je trouvais qu'ils avaient fait un bon choix. Mais parce que le frère n'a pas été repêché, le père les a sortis de là. On ne sait même pas où ils jouent aujourd'hui. C'est vraiment un beau gaspillage de talent. C'est probablement pourquoi Avtsin a été repêché en quatrième ronde seulement par le Canadien. Sauf que j'ai lu un rapport sur lui en début d'année de notre organisation et on reconnaissait que le talent était là.»

Grâce à leurs piliers Nicolas Deschamps, Kelsey Tessier, David Savard et Mark Barberio, Gabriel Bourque et Brandon Gormley, les Wildcats mènent leur série de première ronde 3-1 et pourraient éliminer les Screaming Eagles du Cap-Breton demain.