On ne l'attendait plus.

Retranché les deux premières fois qu'il a tenté d'obtenir un poste avec l'équipe canadienne junior en 2005 et 2006, ignoré du camp d'entraînement en 2007, Angelo Esposito aura, à 19 ans, une dernière chance de participer au Championnat mondial junior.

«Je ne croyais pas qu'il pesait dans la balance, a confié, hier matin au téléphone, son entraîneur avec le Junior de Montréal, Pascal Vincent. Le fait qu'il n'ait pas été invité au camp estival de l'équipe canadienne semblait le confirmer. Néanmoins, son invitation ne me surprend pas.»

 

Vincent n'est pas surpris parce qu'Esposito n'est plus le même joueur cette année. Il est plus costaud, plus confiant. Après un excellent tournoi des recrues avec l'équipe des espoirs des Thrashers d'Atlanta, en septembre, il a poursuivi dans la même veine avec sa nouvelle équipe junior, à Montréal. Il a amassé 22 points, dont 12 buts, en 18 matchs, mais il y a plus. Pascal Vincent est bien placé pour en témoigner.

«C'est sûr qu'il est ici pour amener de l'offensive, a mentionné Vincent, mais on l'utilise aussi en infériorité et défensivement, il est responsable. Il est engagé. Ce n'est pas un gars robuste, mais il ne refuse pas une mise en échec pour faire un jeu. Il est beaucoup plus fort physiquement. Cet été, il s'est entraîné très fort et il est solide. Psychologiquement, il est très impressionnant.»

Sa vitesse demeure sa meilleure arme. «C'est un joueur intimidant pour les défenseurs adverses en raison de sa grande rapidité, a confirmé Vincent. Il attaque les défenseurs avec tellement de vitesse qu'ils lui donnent beaucoup d'espace en entrée de zone et en territoire neutre. S'ils ne le font pas, ils vont se faire déjouer. S'ils le font, ça lui donne de l'espace pour faire un meilleur jeu.»

Son entraîneur estime qu'on ne l'a pas invité au camp d'entraînement de l'équipe canadienne par courtoisie. «Il a eu un bon début de saison, sa progression est constante et il a probablement été l'un des meilleurs, sinon le meilleur joueur du Québec lors des deux matchs du défi contre les Russes au Cap-Breton et à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Il les a obligés à prendre cette décision.»

Pascal Vincent lui souhaite de participer à ce Championnat même s'il devait quitter le Junior pendant plusieurs semaines. «Il faut passer outre l'équipe, a répondu le coach. Et je le dis de façon très sincère. Il va s'enrichir à tous les niveaux s'il y participe. Il lui manque ça à sa fiche et il pourrait finalement faire taire ses dénigreurs. On pourrait le perdre un certain temps, mais il y a des avantages à long terme. Je l'ai vécu avec Marc-André Fleury et Stephen Dixon. Ça leur avait pris un peu de temps avant de récupérer physiquement et psychologiquement, mais l'équipe avait gagné sur plein d'aspects. Angelo est déjà un leader très respecté au sein de notre équipe. S'il peut aller chercher une expérience supplémentaire, ça sera un plus. Gagner des matchs en octobre, novembre, décembre, c'est important, mais on veut en gagner aussi en mars, avril et mai.»

Plusieurs observateurs font état du fait qu'Esposito - repêché en première ronde par les Penguins de Pittsburgh avant d'être échangé aux Thrashers d'Atlanta dans la transaction qui a permis aux Penguins de mettre la main sur Marian Hossa - pourrait subir l'humiliation d'être retranché une quatrième fois par l'équipe canadienne junior. Pascal Vincent ne voit pas les choses du même oeil.

«Les gens disent qu'il a été retranché trois fois. Il a été invité à 16 ans puis à 17 ans, c'est un bel honneur d'être choisi parmi les 40 meilleurs joueurs au Canada, mais en revanche, est-ce que c'était une bonne idée de l'inviter? Ce n'est pas de sa faute dans un certain sens parce qu'il n'était pas prêt physiquement. On le voit cette année, il doit s'entraîner fort pour construire sa musculation. Je ne peux pas croire qu'à 16 ans et 17 ans, il aurait été capable de rivaliser à ce niveau-là. Peut-être avec sa vitesse, son talent, mais pas physiquement. Il est mieux outillé cette année. On lui a dit de mettre le passé de côté, de tirer profit de son expérience parce qu'il a déjà vécu ces camps d'entraînement. Il y a surtout qu'aujourd'hui, à 19 ans, il est désormais prêt à jouer contre n'importe qui.»

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