«Le message semble avoir été bien compris» C'est sur ces sages mots que Gilles Courteau, commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, a mis fin à notre discussion, hier en fin de journée. Des mots lancés avec soulagement. Et pourquoi pas? Puisque la LHJMQ est en train de se refaire une beauté, le commissaire peut bien pavoiser un brin.

Le «message» en question, celui qui semble avoir été bien compris, c'est bien sûr celui d'une LHJMQ qui veut être propre, propre, propre. Le message d'une ligue qui désire (enfin) se débarrasser de sa vieille réputation, et qui désire passer à autre chose. 

Le message, c'est celui d'une ligue où les bagarres sont de moins en moins tolérées. Où les poids lourds sur patins seront de plus en plus inutiles.

On ne reviendra pas ici sur les forces ou les faiblesses du désormais célèbre rapport Courchesne. Tout a été dit ou redit. Profitons plutôt de ce moment d'accalmie pour souligner au gros crayon rouge un chiffre assez important: 15. Ça, c'est le nombre de bagarres qui ont eu lieu au hockey junior québécois depuis l'ouverture de la saison, le 11 septembre.

Bien sûr, on pourrait faire les fines gueules et affirmer que 15 bagarres, c'est encore 15 de trop. On pourrait. Mais 15 bagarres en 58 matchs de saison régulière, c'est avant tout un sérieux coup de patin dans la bonne direction. En fait, c'est une solide diminution par rapport à l'an passé. De 0,9 bagarres par match il y a un an, voici que la moyenne est maintenant de 0,26 bagarres par partie dans la LHJMQ.

Bref, de quoi faire sursauter Don Cherry dans sa chemise à pois jaune.

Dans ces conditions, le moment était bien choisi pour passer un petit coup de fil au commissaire Courteau, hier. Le commissaire semblait d'ailleurs assez heureux du virage propreté amorcé par sa ligue.

«Je suis convaincu que nous sommes sur la bonne voie, m'a dit M.Courteau. Bien sûr, il est un peu tôt pour tirer des conclusions avec les nouvelles statistiques, mais si je me base sur ce que je vois depuis le début du calendrier, je pense que le message semble avoir été bien compris. Je suis très content, et je suis confiant que ça va continuer.

«On a mis des règlements en place, a ajouté M.Courteau. On a établi des procédures, on a lancé un message qui est clair en rapport avec les débordements et la violence gratuite. Tout le monde semble avoir bien compris.»

Tout le monde, ça inclut peut-être Travis Stacey, des Olympiques de Gatineau, qui vient de recevoir trois matchs de suspension pour avoir lancé un coup de poing à un rival. Tout le monde, ça inclut assurément David Bouchard, un redresseur de torts de la formation de Chicoutimi. Je dois avouer un truc: avant hier, je ne savais rien de ce David Bouchard. Mais hier, j'ai appriscomme le reste de la provinceque monsieur prenait sa retraite du hockey junior. La raison? Le jeune homme commençait à trouver le temps long dans une ligue où les batailleurs ne sont plus les bienvenus.

Bouchard, qui souhaite maintenant devenir gardien de prisonça ne s'invente pas, mesdames et messieursa donc choisi de décrocher au lieu de continuer à décrocher des mâchoires. Noble décision, mais Gilles Courteau a insisté pour dire que ce n'était pas le but visé par lui et sa ligue.

«Je n'ai jamais pensé que notre nouvelle politique allait pousser des joueurs à la retraite, a répondu le commissaire. Ce n'était pas notre objectif de départ.»

N'empêche que le fameux «message» est, pour le moment du moins, reçu cinq sur cinq. Il est encore tôt, mais ce vent du changement, on le sent souffler de plus en plus fort. À ce rythme, certains entraîneurs vont aussi finir par comprendre qu'ils doivent évoluer au même titre que le reste de la ligue.

En autant que ça dure