Les Devils peuvent se consoler en se disant qu'ils ont disputé deux bons matchs qui se sont tous les deux décidés en prolongation et qu'ils mettent le cap sur la Californie confiants de jouer aux Kings le mauvais tour qu'ils leur ont joué au New Jersey.              

Mais au lendemain d'une deuxième victoire consécutive, ce sont les Kings qui ont toutes les raisons au monde d'être vraiment confiants.

Forts d'une dixième victoire consécutive sur la route depuis le début des séries, les Kings se réveillent à Los Angeles ce matin avec une avance confortable de 2-0 aux dépens de Martin Brodeur et de ses coéquipiers des Devils.

Après Anze Kopitar lors de la première rencontre, Jeff Carter a marqué le but de la victoire. Il a déjoué Martin Brodeur avec un tir bas, sous le bouclier, alors qu'il restait 6 min 18 s à écouler à la première période de prolongation.

En plus d'êtres invaincus sur la route depuis le début des séries, les Kings n'ont pas encore perdu en prolongation (quatre victoires) non plus.

«J'ai décoché un premier tir qui s'est rendu au filet et j'ai pu récupérer la rondelle après avoir contourné le filet. Je voulais tenter un jeu en direction de Penn (Dustin Penner) mais j'ai gardé la rondelle jusqu'au milieu de la zone d'où j'ai tiré. Penner a fait un bon jeu pour bloquer la vue de Brodeur et la rondelle est entrée», a indiqué Carter qui a marqué son cinquième but des séries, son deuxième filet gagnant.

«C'est certainement mon but le plus important et le plus satisfaisant en carrière. Je n'avais jamais marqué en prolongation avant ce soir», a poursuivi le gros attaquant qui compte 202 buts en carrière (516 matchs) et 18 en 63 matchs de séries.

Interrogé par Pierre McGuire sur les ondes de NBC immédiatement après la rencontre, Carter a reconnu que lui et ses coéquipiers avaient comme mandat de tirer sur le côté du bâton et de garder les rondelles le plus basses possible.

«Je ne veux pas en dire trop, car il est possible qu'il regarde, mais nous avons certainement eu des discussions en ce sens», a convenu Carter qui a modifié son discours une fois en salle de presse.

«C'est la finale de la coupe Stanley. Tu ne prends pas le temps de vraiment viser. Tu t'assures surtout que la rondelle touche filet et tu espères», a mentionné l'auteur du but gagnant.

C'était la première fois en 61 ans que les deux premiers matchs de la grande finale se décidaient en prolongation.

De fait, en 1951, les cinq matchs opposant le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto s'étaient décidés en prolongation. Les Leafs avaient signé quatre victoires pour soulever la neuvième de leurs 13 coupes Stanley.

Pas encore morts

Dans le vestiaire des Devils, la recrue Adam Henrique a le mieux résumé la situation alors que les Devils, qui ont disputé un bon match, ont malgré tout encaissé la défaite.

«Ça me fait suer», a candidement admis Henrique qui a utilisé un terme plus scatologique. Mettons!

Plus expérimenté, Martin Brodeur assurait que le sort de la série était loin d'être joué en dépit du fait que les Kings profitent d'une avance de 2-0 et que les deux prochains matchs seront disputés chez eux.

«Nous ne sommes pas morts. On n'a qu'à leur faire ce qu'ils nous ont fait», a assuré le gardien québécois qui a disputé un bon match.

Après avoir accordé un but sur les 21 tirs des Kings lors des trois premières périodes, Brodeur a cédé  sur le 11e tir en prolongation.

Son vis-à-vis Jonathan Quick a réalisé 32 arrêts. Dont plusieurs spectaculaires pour priver les Devils d'une victoire qu'ils auraient méritée quand on considère la qualité de l'effort collectif qu'ils ont déployé.

Beaucoup plus présents et efficaces autant dans le haut de l'enclave que près du filet de Jonathan Quick, les Devils ont généré beaucoup plus d'occasions de qualité que lors du premier match.

En point de presse après la défaite de son équipe, Peter DeBoer a refusé d'imputer à des ajustements ou un changement de stratégie le fait que plusieurs rondelles déviées aient compliqué le travail du gardien des Kings.

«C'est bien plus le fait que nous avons disputé un meilleur match que des ajustements qui nous a permis de menacer comme on l'a fait ce soir. Nous avons disputé un très bon match. On n'a simplement pas marqué assez souvent», a indiqué l'entraîneur-chef des Devils qui a remanié ses trios en troisième pour secouer son club.

Cette stratégie n'a pas aidé les Devils à marquer. Ça non! Car pour une dixième fois depuis le début des séries, c'est le quatrième trio qui a marqué. Bien posté dans le haut de l'enclave, Ryan Carter a fait dévier un tir du défenseur Marek Zidlicky. Le Québécois Steve Bernier a obtenu une passe sur le jeu.

Ce but faisait contrepoids à celui de Drew Doughty marqué en première période alors que le défenseur des Kings a tiré profit d'une ouverture généreuse des membres du quatrième trio des Devils.

«J'ai décidé de me porter en attaque et j'ai vu le jeu s'ouvrir devant moi. J'avais de la vitesse et une fois en zone adverse j'ai pu décocher un très bon tir des poignets. Martin Brodeur a une très bonne mitaine, alors j'ai favorisé le côté du bâton», a commenté Doughty.

C'était le troisième but de Doughty depuis le début des séries. C'était surtout son 10e point (3 buts) à ses neuf derniers matchs.

Cette poussée de Doughty et la qualité du tir qu'il a décoché étaient familières pour les fans des Devils qui en ont été témoin plusieurs fois pendant les grandes années de Scott Niedermayer au New Jersey.

«C'était le défenseur que je tentais d'imiter lorsque j'étais plus jeune. Il a été ma source d'inspiration», a indiqué Doughty après la rencontre.

S'ils n'ont pas permis aux Devils de marquer le but nécessaire pour niveler les chances dans la série, les chambardements de trio ont permis à Ilya Kovalchuk d'être plus impliqué au dernier tiers. L'as marqueur des Devils est d'ailleurs passé à un cheveu de donner la victoire aux siens en fin de troisième période. À l'aide d'un bon tir des poignets, Kovalchuk a vu Quick stopper partiellement la rondelle qui est ensuite allée ricocher sur la barre horizontale.

«C'est le genre d'arrêt qu'un candidat au trophée Vézina réalise. Je crois qu'on prend les arrêts de Jonathan trop pour acquis en ce moment. C'est phénoménal ce qu'il accomplit devant le filet», a commenté Dustin Penner.

En plus de présenter une fiche de 14-2 depuis le début de séries, Jonathan Quick a baissé sa moyenne de but alloué  par match à 1,44 et haussé son taux d'efficacité à 94,7 %.

Kovalchuk n'a cadré que deux des sept tirs qu'il a décochés. Il s'est aussi «signalé» avec trois revirements dont un impardonnable qui a donné une occasion de marquer en or à Mike Richards en prolongation.

Il est toutefois important de souligner que Kovalchuk est ennuyé par une blessure au dos qui le contraint à patiner sur une seule jambe... ou presque.

Bien que lui et ses compagnons de trio (Steve Bernier et Ryan Carter) étaient sur la patinoire sur les deux buts des Kings, Stephen Gionta refusait de se laisser décourager.

«Vous pouvez regarder les deux matchs comme vous le voulez. Personnellement, je me dis que nous sommes à deux bonds favorables de deux victoires. C'est tout ce qui a fait la différence ce soir. Je ne crois pas que nous ayons à changer quoi que ce soit. On doit maintenir cette stratégie et joué aussi bien que nous l'avons fait. Particulièrement en troisième. Nous formons une aussi bonne équipe que la leur. Il faut juste que les bonds nous favorisent un moment donné», a plaidé Gionta.

Je suis convaincu que le capitaine du Canadien suggérerait à son petit frère que les Devils devront marquer plus d'un but par match s'ils veulent soulever la coupe Stanley.

Car s'ils se limitent à un seul but par rencontre comme ils l'ont fait lors des deux premiers matchs, ils risquent d'être simplement balayés en quatre parties.

En passant, ce sont les Red Wings de Detroit, contre Philadelphie en 97 et Washington en 98 qui sont les derniers à  avoir balayé une finale de la coupe Stanley.

Dans le camp des Kings, l'atmosphère était bien sûr à la fête. Mais on refusait de trop pavoiser.

«Ce sera la folie à Los Angeles où de plus en plus de fans nous découvrent et nous appuient en raison des succès remportés depuis le début des séries», a admis Jeff Carter.

«Rien n'est acquis. Ils voudront oublier les deux défaites pour rebondir une fois chez nous. Nous devons oublier le fait que nous avons gagné les deux premiers matchs pour être certains de maintenir la même cadence une fois devant nos partisans», a ajouté Drew Doughty.

Entre les lignes

Bien qu'ils se retrouvent en arrière 0-2 en grande finale, les Devils avaient remporté les deux duels contre les Kings en saison régulière : des victoires de 2-1 en tirs de barrage le 13 octobre au Prudential Center et de 3-0, 12 jours plus tard, au Stapple Center...

Simon Gagné avait été le seul King à  trouver le fond du filet lors de ces deux rencontres...

Les équipes qui ont remporté les deux premiers matchs d'une série finale sur la route ont soulevé la coupe Stanley neuf fois en 11 occasions...

Seul le Canadien de Montréal en 1966 contre les Red Wings de Detroit et les Maple Leafs de Toronto en 1942 encore contre Detroit ont surmonté des défaites à domicile lors des deux premiers matchs pour finalement gagne la coupe.

Les équipes qui ont remporté le deuxième match de la série finale ont soulevé la coupe 54 fois en 72 ans. Les Bruins, l'an dernier, ont été les premiers en neuf ans à gagner la coupe en dépit d'un revers lors de cette deuxième partie.

Le match d'hier était le 49e des 82 disputés depuis le début des séries à se décider par un but. C'est un de plus que l'an dernier en 89 matchs. Mais c'est deux de moins que le record de 51 en 81 établi en 2007.

L'avantage de la patinoire a rarement été aussi peu important que cette année en séries. Les équipes évoluant sur la route ont gagné 45-46 des 82 rencontres disputées jusqu'à maintenant. Le record date de 1987 alors que les clubs visiteurs avaient gagné 46 des 87 matchs disputés...

Les Kings se sont envolés vers la Californie dès après la partie...

Les Devils iront les rejoindre en matinée dimanche. Le prochain match sera disputé lundi à 20 h 22...

Martin Brodeur disputait son 201e match en carrière en séries éliminatoires. Il est le 20e joueur seulement à atteindre ce plateau et le deuxième gardien de l'histoire derrière Patrick Roy qui en compte 247.

Patrick Roy et Martin Brodeur se partagent le record avec six victoires dans le cadre de septième et ultime match en séries.

Adam Henrique est l'un des trois finalistes dans la course au trophée Calder. S'il coiffe au fil Gabriel Landeskog (Avalanche) et Ryan Nugent-Hopkins (Oilers) Henrique deviendra le troisième Devils à remporter le titre de recrue de l'année après Martin Brodeur (1994) et Scott Gomez (2000)...