Deux anciens entraîneurs-chefs du Canadien qui avaient une obligation de résultat, qui sont passés à un cheveu de perdre dès le premier tour et de perdre leur emploi, ont su mener leur équipe au plus loin qu'elle pouvait aller.

Sans dire qu'ils avaient un fusil sur la tempe, Claude Julien et Alain Vigneault ont avancé dans ces séries, peut-être pas avec, mais tout de même avec une pression qui en aurait étouffé d'autres.

C'est peut-être la raison pour laquelle, à quelques heures du septième match entre les Bruins et les Canucks, les deux coachs semblaient aussi sereins et détendus. Gagne ou perd, ils savent qu'ils ont mené leur équipe jusqu'au bout.

«Je sais à quel point le chemin à parcourir est long, a raconté Vigneault, mercredi matin. Pas seulement pour atteindre la finale de la Coupe Stanley, mais pour faire ce travail. J'ai souvent dit à quel point j'étais privilégié d'être l'une des 30 personnes à occuper ce genre de poste. C'est une business très difficile qui est difficile à percer et où il est difficile de rester.

«Je suis resté à l'extérieur de la LNH pendant six ans, j'ai coaché dans la Ligue américaine et ça m'a pris du temps à revenir.

«À ma cinquième année avec les Canucks, je savais ce qui était à l'enjeu, a ajouté Vigneault. Je savais que c'était notre fenêtre d'opportunité. Et nous y voici, ayant une chance réelle de gagner la Coupe Stanley.»

Julien de plus en plus détendu

Claude Julien, pour sa part, paraît beaucoup plus détendu aujourd'hui qu'il ne l'était lors de la série face au Canadien ou contre le Lightning de Tampa Bay.

À mesure que les Bruins avançaient, sa précarité d'emploi disparaissait. C'est pourquoi Julien se sent confortable aujourd'hui de prêcher le calme auprès de ses joueurs et de les inciter à profiter du moment.

«Il faut être calme en tant qu'entraîneur, car le calme se répand sur un banc, a-t-il expliqué. C'est important de ne pas perdre le contrôle de ses émotions.

«C'est une chance extraordinaire de vivre cette expérience, a ajouté Julien. Si tu ne le vis pas à fond, tu ne t'en rappelleras pas de la bonne façon.»

Un beau crescendo pour Seguin

S'il y avait loin de la coupe aux lèvres pour les deux entraîneurs, il n'y a pas si longtemps, d'autres acteurs de cette série accueillent ce septième match comme un cadeau.

C'est le cas de la recrue Tyler Seguin, qui a maintes fois été laissé de côté par Julien, autant en saison régulière qu'en séries.

Ça n'a pas été une première saison facile pour l'attaquant de 19 ans, qui a entre autres passé six semaines sans jouer en fin de saison. Mais sa patience a payé. Malgré les doutes qui ont pu surgir au fil de la saison, le crescendo menant au match de ce soir a été irrésistible.

«En arrivant chez les Bruins cette année, je me joignais à une équipe qui était une sérieuse prétendante à la Coupe Stanley, mais il n'y avait aucune façon pour moi de m'imaginer que l'équipe se faufilerait ainsi jusqu'en finale, a raconté Seguin.

«Je me sens très chanceux, mais en même temps on a travaillé fort pour en arriver à ce moment.»

Lapierre a sauvé sa saison

Maxim Lapierre, des Canucks, en est un autre qui a vu sa fortune changer en cours d'année et qui n'aurait pu demander mieux qu'un septième match de la finale.

Lapierre a entrepris la saison avec le Tricolore, frustré par son utilisation limitée et du peu de confiance que lui témoignait Jacques Martin. Il a été échangé aux Ducks d'Anaheim, où il a bien failli tomber dans l'oubli.

Puis Vigneault l'a rescapé à Vancouver, l'encourageant à lui donner le meilleur hockey dont Lapierre était capable.

«C'est la raison pour laquelle je vais apprécier le moment ce soir, a dit Lapierre devant ce constat. Ça efface tout ce qui s'est passé durant la saison et ça va être vraiment le fun.»