Pour des gars qui ne se connaissaient pas beaucoup avant le début de cette grande finale, les Canucks de Vancouver et les Bruins de Boston n'ont pas mis de temps à se détester.

Le sixième match de la finale est présenté à Boston ce soir. Les Canucks, en avance 3-2 dans la série, auront l'occasion de remporter leur première Coupe Stanley, ce qui serait une première aussi depuis 1993 pour une équipe canadienne. Le Canadien, bien sûr, est le dernier club canadien à avoir bu du champagne dans le fameux trophée.

Mais ces détails d'importance sont ignorés à Boston. Par ici, on ne parle que de la haine qui anime ces deux équipes depuis le début.

«On n'était pas des rivaux avant l'ouverture de la série, mais ça n'a pas pris trop de temps avant qu'on le soit», a résumé Patrice Bergeron après l'entraînement d'hier au TD Garden.

L'attaquant des Bruins a raison: ces deux clubs, à n'en point douter, se détestent. Tout a commencé avec une morsure signée Alex Burrows, et ça n'a pas cessé depuis. Roberto Luongoa mis son grain de sel en affirmant que Tim Thomas a laissé passer un tir facile vendredi soir. Ce même Luongo a de plus affirmé, en substance, que Thomas ne le complimente pas assez.

«Je ne savais pas que ça faisait partie de mon travail, a répondu le gardien des Bruins hier. J'imagine que je vais devoir m'excuser pour ça...»

Mais hier, les visiteurs n'avaient pas le goût des déclarations incendiaires. À commencer par Luongo lui-même. «C'est la finale de la Coupe Stanley, et tout devient plus gros, a-t-il dit. En entier, ce commentaire n'était pas négatif. Au bout du compte, nous sommes à une victoire de la Coupe Stanley, et c'est tout ce qui compte.»

Les deux gardiens sont un sujet de conversation populaire depuis l'ouverture de cette série, et on peut comprendre. Au cours des 5 premiers matchs, Luongo a accordé 14 buts... et Thomas, seulement 6. Malgré cela, ce sont les Canucks qui sont en avance.

Frustrant?

«Ce n'est pas frustrant, c'est à nous de marquer des buts, a expliqué l'attaquant Patrice Bergeron. Il faut trouver le moyen de le faire.»

Il faut dire que les Canucks ont leurs propres ennuis en attaque. Ils peinent à marquer («ils vont faire exprès pour rater le filet et attendre les retours?», s'est moqué Patrice Bergeron, en référence au but gagnant de vendredi soir), et les frères Sedin sont en panne.

Depuis le début de la finale, Henrik n'a pas un seul point et Daniel en a deux. Dans le cas du premier, c'est encore pire; il n'a que quatre tirs au but contre les Bruins, aucun lors des trois premiers matchs.

Oui, il y aura de la pression sur les joueurs des deux équipes ce soir, mais il y en aura aussi sur les deux jumeaux les plus célèbres du hockey.

«Ils ont été ralentis pendant quelques parties, mais je suis persuadé que le vent va tourner très bientôt en leur faveur», a déclaré l'entraîneur Alain Vigneault.

Luongo, lui, devra assurément connaître le match de sa vie. Depuis le début de cette série, il y a bel et bien deux Luongo: celui vu à Vancouver, qui n'a accordé que deux buts, et celui aperçu sur la glace du TD Garden, qui a donné 12 buts aux Bruins.

Si jamais les Canucks prennent le fameux trophée de Lord Stanley dans leurs bras ce soir, ce sera assurément parce que leur gardien aura mieux joué cette fois-ci sur la glace ennemie.

Luongo, qui a déjà une médaille d'or olympique quelque part chez lui, jure que pour lui, le match de ce soir est encore plus immense que tout, y compris ce qui s'est passé aux Jeux de Vancouver. «Ce sera probablement le plus grand match de ma carrière», a-t-il confié.

Difficile de ne pas le croire.