Affligé de critiques et soumis à une pression étouffante que seule une conquête de la coupe Stanley pourra chasser, Roberto Luongo s'est permis une longue marche en bordure de la mer à Stanley Park, en après-midi vendredi.

«Je ne fais pas cela tout le temps, mais j'avais besoin de quelque chose de spécial aujourd'hui pour faire le vide autour de moi et me concentrer sur la partie. Je devais revenir avec une solide performance et je suis heureux d'y être arrivé», a lancé le gardien de St-Léonard après sa 15e victoire des séries, sa quatrième par jeu blanc.

Dans une ville où il est roi et où la présence des Canucks en grande finale occupe toute la place médiatique, Luongo a-t-il pu faire faux bond aux partisans croisés sur son chemin.

«J'avais le capuchon du kangourou que je portais sur ma tête et des écouteurs dans les oreilles. Je fixais le sol et je ne pourrais même pas vous dire si j'ai croisé des gens ou non. Je ne peux pas vous dire s'ils m'ont parlé non plus, car je n'entendais que la musique», a expliqué la première étoile de la rencontre.

Cette première étoile et la victoire qu'elle a couronnée ont fait taire des critiques à peine voilées de la part de partisans et de collègues journalistes quant aux capacités de Luongo de faire face à la pression et d'arriver à conduire les Canucks aux grands honneurs.

«Ce n'est pas nouveau. Ça fait des années que c'est comme ça. Ça ne me touche pas vraiment, car les seules personnes à qui j'ai à répondre sont moi, mes coéquipiers et les membres de ma famille. Les autres, je les garde à l'écart», a ajouté le gardien québécois.

Dans le vestiaire des Canucks, Alexandre Burrows s'est porté à la défense de son voisin de casier. «Roberto ne reçoit jamais assez de crédit de l'extérieur pour la qualité de ses performances. Mais à l'intérieur du vestiaire, nous savons à quel point il est bon, nous savons qu'il sera toujours là pour nous et qu'il sera en mesure de rebondir comme il l'a fait ce soir. Ce n'est pas une surprise, il l'a fait toute l'année», a ajouté Burrows.

«On demande juste à Roberto de nous donner une chance de gagner. C'est encore ce qu'il a fait ce soir», a ajouté l'entraîneur-chef Alain Vigneault.

«C'est plus facile de me concentrer sur les rondelles qui s'en viennent quand je sais que mes coéquipiers s'occuperont des rebonds et des joueurs qui s'approchent pour s'en emparer. On a tous joué un bien meilleur match

ce soir», a lancé Luongo qui était visiblement soulagé lorsque la sirène a mis fin à la rencontre.

«J'étais content de la victoire bien plus que du jeu blanc. Gagner 1-0 ou perdre 8-1 ça ne change rien au fait qu'une victoire c'est une victoire et qu'une défaite c'est une défaite», a ironisé le gardien des Canucks.

Après la déconfiture des deux derniers matchs au TD Garden, deux matchs au cours desquels il a accordé 12 buts et n'a pas été en mesure de compléter la quatrième rencontre, Luongo craint-il son retour au domicile des Bruins?

«Pas du tout. Même que j'aime particulièrement ce building. C'est là que j'ai disputé mon premier match dans la LNH, c'est là que j'ai remporté ma première victoire. J'aime jouer sur la route, ça me pompe d'affronter

les partisans bruyants des autres équipes. Les choses n'ont pas bien été lors des deux derniers matchs, mais j'aurai la chance de me reprendre», a-t-il conclu.

Dans le vestiaire des Bruins, on reconnaissait à Luongo son grand talent, mais on dénonçait le fait qu'on lui avait rendu la vie un peu trop facile.

«C'est l'un des grands gardiens de la Ligue. S'il voit les rondelles, il va les arrêter», a indiqué Milan Lucic.

«Nous n'avons pas connu un assez bon match ce soir pour rivaliser avec Vancouver. Notre attaque à cinq n'a rien généré et nous n'avons certainement pas compliqué le travail de Roberto comme nous sommes arrivés à le faire à Boston lors des deux derniers matchs. Il faudra reconnaître cette lacune et la corriger afin de nous donner la chance de revenir ici pour un septième match», a commenté Claude Julien qui ne considère par que son équipe a été beaucoup plus mauvaise à Vancouver qu'à Boston où elle a complètement dominé les Canucks.

«Quand tu regardes les trois matchs, nous les avons tous perdus par un seul but. On est là, mais pas assez pour aller chercher la victoire.»