Pour citer Dave Hilton: «le dommage est dedans la tête».

Ces sages mots peuvent servir à résumer où en sont les Canucks et les Bruins de Boston au moment de disputer le cinquième match de la grande finale, ce soir à Vancouver. Bien sûr, les deux clubs se retrouvent avec une égalité de 2-2, mais dans les faits, on a plutôt l'impression que ce sont les Bruins qui ont l'avantage.

Pourquoi? Parce qu'ils ont réussi à «entrer» dans la tête des patineurs ennemis, comme le veut l'expression consacrée.

Deux choses. Tout d'abord, le meilleur jeu de puissance du circuit n'est plus puissant du tout. En quatre rencontres face aux Bruins, les Canucks n'ont marqué qu'un seul but à cinq contre quatre... en 22 tentatives.

Alex Burrows faisait remarquer qu'en saison régulière, les Canucks avaient l'habitude de faire payer les adversaires indisciplinés à coups de gros buts en avantage numérique. Mais les Bruins ne paient pas cher depuis le début de cette finale. Quand Tim Thomas lui-même avoue qu'il peut se permettre d'y aller d'un bon coup de bâton sur un rival, juste pour le plaisir de lancer un message, c'est que le jeu à cinq contre quatre des Canucks ne fait plus peur à personne.

Ensuite, il y a ce Thomas. Le gardien des Bruins a sans aucun doute semé le doute chez les puissants Canucks. Les gars de Vancouver n'ont réussi que cinq buts contre lui depuis l'ouverture de cette finale, et mercredi soir à Boston, on a vu certains Canucks lui foncer dessus dans le dessein de le déranger. Ça n'a pas marché. Même l'entraîneur Alain Vigneault a voulu déconcentrer le gardien des Bruins en affirmant avoir demandé aux dirigeants de la ligue de l'avoir à l'oeil, étant donné ses nombreuses sorties loin du filet. Ça n'a pas marché non plus.

Les Canucks en sont donc rendus là. À essayer de déranger. À essayer de trouver quelque chose, n'importe quoi. On aurait pu s'y attendre de la part d'un club de huitième place, mais de la part de la meilleure formation de la Ligue nationale de hockey? C'est assez surprenant, merci.

Aucun doute possible, la pression repose maintenant sur les épaulettes des gars en bleu et vert. Ils vont bien sûr rappeler à tout le monde qu'ils se sont battus toute l'année pour avoir l'avantage de la glace, et jusqu'ici, l'équipe locale n'a pas perdu un seul match. Cela n'est pas anodin.

Mais que va-t-il arriver si Roberto Luongo laisse passer un tir facile en partant ce soir? Que va-t-il arriver si les Sedin demeurent invisibles? Henrik, doit-on le rappeler, a obtenu son premier tir de la finale mercredi soir à Boston, lors du quatrième match...

Le public des Canucks demeure un public impatient, nerveux, qui va se mettre à murmurer très très fort si jamais ses favoris trébuchent en partant. Luongo a beau dire qu'il va revenir en force, on a cru revoir à Boston ce gardien un brin fragile qui a mauvaise réputation quand ça devient important.

Les Bruins, eux, sont à Vancouver dans le rôle confortable du négligé, sans pression, parce que tout le monde (ou presque) avait prévu un balayage de la part des Canucks.

Mais il n'y aura pas de balayage. Pour les Canucks, il y a plutôt un énorme défi. Un défi qu'ils devront relever, sans quoi ces 117 points récoltés en saison n'auront servi à rien.