Les Blackhawks de Chicago ont couvert Cristobal Huet d'or en lui offrant un contrat de 22 millions pour quatre ans en juillet 2008.

Mais la suite de sa carrière ne s'est pas déroulée comme prévu. Après avoir joué les auxiliaires à Nikolai Khabibulin l'an dernier, Huet croyait bien reprendre sa place de numéro un cette saison.

Sauf qu'une certaine recrue du nom d'Antti Niemi a contrecarré ses plans. Les Hawks sont en finale de la Coupe Stanley et Huet est sur le banc. Il a joué à peine 19 minutes depuis le début des séries.

Le sympathique gardien français garde cependant le moral, paraît-il. «Vous connaissez tous Cristo à Montréal, ce n'est pas le gars qui va faire le trouble, au contraire», a dit au bout du fil il y a deux jours l'entraîneur des gardiens des Blackhawks, Stéphane Waite.

«C'est certain que ce n'est pas facile pour lui, poursuit Waite. Mais il est très actif avec Antti et moi. On fait tout à trois. Je ne peux me passer de son expérience, surtout en finale, parce qu'il a affronté souvent les Flyers. Il donne de bons conseils à Antti sur les tendances de l'adversaire, il est incroyable, un vrai pro. Qui sait s'il ne deviendra pas entraîneur des gardiens un jour? Il est bon. Il remarque les petits détails.»

Stéphane Waite répète à Huet de se tenir prêt. «On ne sait jamais. Il pourrait être le héros du jour le lendemain. S'il ne joue pas, ce n'est pas parce qu'il ne va pas bien, mais parce qu'Antti est incroyable. Il comprend la situation et il m'a dit lui-même que s'il avait été entraîneur, il aurait fait la même chose. Il est positif, il travaille fort parce qu'à chaque jour, on fait du temps supplémentaire ensemble. Les gars le respectent beaucoup pour sa façon de gérer la situation. Il a des entraînements extraordinaires. Je ne serais pas inquiet avec Cristo devant le filet s'il arrivait quelque chose à Antti. Je ne l'ai jamais vu aussi détendu. La pression est tombée parce qu'il est devenu le deuxième pour l'instant.»

Niemi, 26 ans, est un peu sorti de nulle part. Jamais repêché, il a été recommandé par le dépisteur suédois des Blackhawks, qui lui ont offert un contrat il y a quelques années.

«Je l'ai vu pour la première fois au camp des recrues il y a deux ans, raconte Waite. Je me souviens d'un gars qui était beaucoup moins en forme qu'aujourd'hui. Il avait un excès de poids et il avait beaucoup de difficulté à se déplacer. Il jouait très profondément dans son but. Il y avait beaucoup de choses à polir. Mais c'était un bonhomme costaud mais agile. Des jambes très rapides, très flexible, ce qui est commun chez les gardiens de but finlandais. Après son premier entraînement, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire avec lui.»

Les gardiens de but originaires de la Finlande ont des caractéristiques propres. «J'en parlais justement à Antti, les jeunes gardiens de but finlandais travaillent beaucoup sur la flexibilité et la réaction. Ils sont très rapides. Ça fait partie de leurs entraînements, plus que chez nous au Québec, où on insiste surtout sur l'aspect technique. Depuis quelques années, les Finlandais ont aussi appris la technique comme on l'enseigne au Canada. Ils ont pris nos bons côtés et ils ont gardé les leurs.»

Waite affirme que son protégé est un bourreau de travail. «Je suis souvent obligé de le retenir. Il aime suranalyser. On fait des séances de vidéo et si c'était de lui, on passerait des heures devant l'ordi. Il en veut toujours plus. C'est le fun pour un entraîneur des gardiens. Et il pose des questions sur tout.»

Niemi a disputé seulement 39 matchs en saison régulière même s'il offrait régulièrement de bonnes performances. «On voulait prendre notre temps avec lui, explique Waite. L'an dernier, il a joué une quarantaine de matchs dans la Ligue américaine, on voulait qu'il connaisse bien la Ligue nationale. Qu'il améliore encore davantage ses déplacements. Ça aurait été facile de le faire jouer plus souvent parce qu'il était hot. Mais c'est après les Fêtes qu'on a décidé de lui en donner plus.»

Et comment le Finlandais réagit-il à la pression? «Ce qui devient une distraction, c'est tout autour, reprend Waite. On essaie de le garder dans sa bulle. Mais le fait qu'il ne parle pas beaucoup anglais, c'est une bonne affaire parce que je ne crois pas qu'il réalise tout ce qui se passe...»

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