Dieu qu'il s'en est passé des choses cette saison. Les Bruins ont mis la main sur le trophée de Lord Stanley, les mots «coups à la tête» ont fait leur chemin dans notre vocabulaire quotidien, et les Thrashers d'Atlanta ont décidé de s'en aller à Winnipeg, au grand plaisir de Gary Bettman (attention, ironie juste ici).

Mais que va-t-il se passer d'ici à l'ouverture des camps d'entraînement, en septembre? Bien des affaires, très certainement. Voici donc l'été qui s'en vient en sept questions, dans notre dernier Planète LNH de la saison.

Qui va mettre la main sur Brad Richards?

Richards, 31 ans, sera assurément le joueur autonome le plus courtisé à compter du 1er juillet. Vu les exigences salariales du monsieur, les acheteurs sérieux ne seront pas si nombreux. À son âge, Richards voudra sûrement quelque chose comme sept millions de dollars par saison pour les huit prochaines années. Ce n'est évidemment pas tout le monde qui peut se permettre un tel contrat. Les Maple Leafs de Toronto, eux, peuvent se le permettre. Jean-Sébastien Giguère et son énorme contrat ne seront pas de retour, et le directeur général Brian Burke adore les coups d'éclat. En plus, Richards lui-même a déjà déclaré qu'il ne détesterait pas patiner un jour au Centre Air Canada. Ils sont faits l'un pour l'autre...



Les Flyers vont-ils (enfin) se trouver un gardien?

Portés par un Michael Leighton en état de grâce il y a un an, les Flyers ont cru qu'ils allaient pouvoir s'en sortir encore une fois en sauvant des sous devant le filet. Puisque cette stratégie leur a sauté en plein visage, ils ont obtenu les droits de négociations exclusifs sur Ilya Bryzgalov, un dossier qui semble toutefois traîner un peu. Si le gardien russe aime mieux attendre au 1er juillet, les Flyers pourraient tendre des perches ailleurs, notamment du côté de Tomas Vokoun, lui aussi libre comme l'air à partir de juillet.

Les Canucks pourront-ils s'en remettre?

Bien sûr. Et ils seront encore des favoris en septembre. On le sait, la fameuse «fenêtre» se referme bien rapidement dans la LNH, et c'est maintenant le temps des décisions. Quatre défenseurs pourraient quitter (Bieksa, Ehrhoff, Salo et Alberts), et le directeur général Mike Gillis aura des choix à faire. Il a déjà laissé entendre qu'il allait tenter de retenir les deux premiers, mais Bieksa, s'il veut aller voir ailleurs, sera assurément un joueur très convoité. En ce qui concerne Roberto Luongo et ces rumeurs d'échange, soyons sérieux. Personne ne voudra hériter d'un contrat aussi lourd, qui se termine en 2022.

Les Bruins seront-ils encore champions dans un an?

Contrairement aux Hawks, les Bruins n'auront pas à faire une vente de feu après leur Coupe Stanley. Leurs joueurs d'impact sont tous sous contrat pour la prochaine saison, et le directeur général Pete Chiarelli n'aura pas à se casser la tête pour s'assurer de respecter le plafond salarial. Ce qui ne veut pas dire que les Bruins vont rester au sommet, remarquez. Deux trophées de suite, c'est plutôt rare de nos jours... pour ne pas dire impossible.

De quoi aura l'air le Canadien la saison prochaine?

Du Canadien des dernières saisons, essentiellement. Ce qui veut dire un bon petit club qui pourrait surprendre... ou peut-être pas. Ce que l'on sait, c'est que le club va miser sur deux talents d'exception au cours des prochaines années en Price et Subban. Ces deux-là vont poursuivre leur progression en 2011-12, ce qui est fabuleux, mais en attaque, le Canadien a-t-il un jeune talent quelque part qui pourrait, enfin, combler une lacune évidente? On ne dirait pas...

Pierre Gauthier va-t-il s'emporter sur le marché des joueurs autonomes?

Monsieur Gauthier s'emporte rarement, alors il serait surprenant qu'il le fasse dans la folie du 1er juillet. Il va d'abord régler ses propres dossiers importants, et ensuite, ajouter çà et là quelques joueurs de soutien, comme il aime le faire. Les fans qui espèrent l'arrivée d'un gros nom vont être déçus. De toute façon, ça n'a jamais vraiment été le style de la maison.

À quand le retour des Nordiques?

Ça dépend. Si le groupe de Québec est bien préparé, si le dossier du nouveau Colisée peut aboutir (ce qui est loin d'être fait), le téléphone pourrait sonner plus rapidement qu'on ne le croit. La LNH peut bien prétendre que des dizaines de villes américaines sont prêtes à se battre pour joindre ses rangs, la réalité, c'est que les options ne sont pas si nombreuses. Seattle? Portland? Kansas City? Soyons sérieux. Si Gary Bettman avait pu déménager les Thrashers dans l'une de ces villes, il l'aurait sûrement fait.

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Photo: PC

Ilya Bryzgalov

Encore Jagr...

Il est vraiment dur à suivre, ce Jaromir Jagr. Aux Championnats du monde de hockey, en Slovaquie, il commence par dire qu'il vise un retour dans la LNH en nommant trois clubs: les Penguins, les Rangers et le CH.

Ensuite, on apprend qu'il a une entente avec un club de Russie, puis on apprend qu'il a un nouvel agent, Petr Svoboda (oui, l'ancien joueur), et que ce nouvel agent lui cherche du travail dans la LNH.

Enfin, le New York Daily News nous offre ce petit bijou: selon une source, Jagr va «probablement» se retrouver avec le CH.

Intéressant.

Je me souviens de la réponse de Pierre Gauthier à ce sujet, lors de la finale de la Coupe Stanley à Boston. Le DG du CH n'avait rien dit (surprise, surprise), mais avait précisé qu'il avait vu Jagr jouer aux Championnats du monde. Et comme tous les observateurs là-bas l'ont noté, Jagr, avec un certain Plekanec à ses côtés, patinait comme le Jagr du bon vieux temps. On présume que Pierre Gauthier s'en est rendu compte lui aussi.

Reste l'argent. Si Jagr est prêt à débarquer ici pour pas trop cher, et pour seulement une saison, pourquoi pas? Il est encore bon pour une quinzaine de minutes par match, et il pourrait certes aider le CH à cinq contre quatre. Mais si Jagr s'imagine qu'il vaut encore plusieurs millions par année, on ne le verra pas par ici.

À lui de décider, en quelque sorte.

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Photo: AFP

Jaromir Jagr

Le futur de Kirk Muller

On disait pourtant que Kirk Muller allait être un homme bien en demande et bien en vue. On le voyait très certainement à titre de coach dans cette ligue pour 2011-12. Mais voici que Muller n'a toujours pas de travail pour la saison prochaine.

C'est un peu surprenant, certes, parce que son nom circulait à Ottawa et à Dallas, mais au bout du compte, Muller est peut-être victime de son manque d'expérience. La tendance semble être aux entraîneurs qui ont fait leur marque dans la Ligue américaine, un phénomène que l'on pourrait associer aux récents succès de Guy Boucher et Dan Bylsma.

Ainsi, les Panthers de la Floride ont récemment choisi Kevin Dineen, qui revient d'une longue aventure de six saisons derrière un banc de la Ligue américaine. Les Stars ont misé sur Glen Gulutzan, qui a passé les deux dernières saisons à diriger leur club-école dans la LAH.

Muller a, de tous les avis, pris du galon aux côtés de Jacques Martin, mais peut-être pas assez pour qu'on lui offre de diriger à lui seul un club dans la Ligue nationale. À ce chapitre, un séjour «en bas», comme on le dit avec éloquence dans le milieu, pourrait s'avérer une excellente idée.

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Photo: AP

Kirk Muller

Voici Marc Denis...

Suis-je surpris? Non, pas vraiment. Après tout, le départ de Benoît Brunet se discutait depuis un an déjà. Ce n'était plus qu'une question de temps, de toute évidence. RDS a donc décidé que le moment était venu, et ce sera donc Marc Denis à l'analyse des matchs du CH en octobre.

Deux choses à propos de Benoît Brunet.

Un, comprenons bien que les critiques (parfois excessives) ne visaient pas l'homme, fort sympa au demeurant, mais l'analyste. Certaines critiques étaient méritées, d'autres pas, mais une chose est claire: Benoît Brunet semblait mal préparé, et adorait les clichés et les lieux communs. C'était son principal défaut. À titre d'ancien joueur, il est censé nous faire remarquer des choses que l'on ignore, nous, simples mortels. Mais il ne le faisait pas. Que le prochain but sera important, que le hockey est un sport de contact, voilà des détails que tout le monde sait très bien. Il aurait fallu qu'il nous apprenne des choses, qu'il nous transporte à l'intérieur du vestiaire, qu'il nous livre quelques secrets. Ce qu'il ne faisait jamais.

Deux, il y avait de toute évidence zéro complicité avec Pierre Houde. Ça se sentait. En description sportive, il se trouve que les meilleurs duos sont formés de deux types qui se complètent bien. Cette chimie, on ne l'a jamais sentie entre Houde et Brunet.

Marc Denis fera-t-il mieux? On verra. Si Denis veut se démarquer, il devra aller aux entraînements, connaître les joueurs, leur parler, et arriver en ondes avec des détails que le simple mortel ignore. Ce que l'on demande d'un «joueurnaliste», dans le fond, c'est une bonne dose d'infos, c'est un lien direct avec le vestiaire. C'est ce qui se passe sur le banc ou en arrière-scène. C'est d'expliquer ce que l'on ne comprend pas. Bref, c'est de nous apprendre des choses.

Au football canadien, Pierre Vercheval le fait très bien. Il y a certes moyen de le faire très bien au hockey également.

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Le chiffre

5

Le nombre de points des frères Sedin lors de la grande finale de la Coupe Stanley. Oui, Roberto Luongo a été très ordinaire, mais si les gros canons du club avaient tonné, le résultat aurait pu être différent.

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Un autre chiffre

8

Le nombre de buts marqués par les Canucks en sept matchs de finale. Pour la meilleure attaque de la ligue, c'est un peu gênant.

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«Je ne ferais pas mon travail si je n'écoutais pas certaines propositions, et c'est ce que j'ai fait.»

Pete Chiarelli, DG des Bruins, sur ESPN.com, en réponse aux rumeurs sur Tim Thomas. Chiarelli a reconnu avoir songé à échanger son gardien l'été dernier...

Le Quotidien, Archives

Marc Denis analysera les matchs du Canadien en compagnie de Pierre Houde la saison prochaine.