Un peu comme nous, Anthony Stewart se demande bien ce qui va arriver des Thrashers d'Atlanta. Seul petit détail: Stewart, 26 ans, est lui-même un membre des Thrashers!

Vous avez du mal à comprendre cet épineux dossier? Normal. Les joueurs aussi ont du mal à suivre.

«Les propriétaires du club nous ont parlé à la fin de la saison, mais depuis, plus rien, affirme l'attaquant québécois au bout du fil. Ils nous ont dit qu'on allait entendre toutes sortes de rumeurs, et qu'il ne fallait pas croire la moitié des choses qui se disent...»

Voilà donc où on en est. Puisque les Coyotes de Phoenix sont maintenant sauvés - pour une saison, en tout cas -, tous les yeux de la planète hockey sont tournés vers Atlanta, là où se trouve l'autre équipe en difficulté.

Le tableau est assez complexe, mais on sait ceci: il n'y a pas de sauveur à l'horizon, et il commence à se faire tard. Même Bill Daly, numéro deux de la Ligue nationale, a déclaré qu'il ne pouvait garantir le retour des Thrashers à Atlanta pour 2011-2012. Hier, c'est le Calgary Sun qui a cité une source anonyme. Selon cette source, les chances d'un déménagement du club à Winnipeg seraient «bonnes», rien de moins.

Mais les joueurs de l'équipe, eux, n'en savent rien. «Personne ne nous a dit qu'on allait devoir déménager, ajoute Stewart. Alors, je fais comme tout le monde et je me tiens informé. Je me tiens au courant des dernières nouvelles à chaque heure... C'est difficile de composer avec ces rumeurs-là, mais c'est aussi quelque chose qui est indépendant de notre volonté. Alors, on attend.»

Anthony Stewart maintient que les propriétaires veulent avant tout que les Thrashers restent à Atlanta, mais du même souffle, il reconnaît qu'il est minuit moins une par là-bas. «Il y a beaucoup de spéculation, et je me suis mis à recevoir plusieurs appels sur le sujet récemment... on voit clairement qu'il se trame quelque chose», avoue-t-il.

Le temps

Puisque le cas des Thrashers est différent de celui des Coyotes, plusieurs observateurs supposent aussi une conclusion différente. La LNH, le commissaire Gary Bettman en tête, ne se bat certes pas avec la même énergie dans le dossier des Thrashers. Les propriétaires de l'équipe, eux, donnent l'impression d'avoir déjà jeté l'éponge. Bruce Levenson, l'un des proprios du club, avait d'ailleurs l'air d'un homme résigné quand il a accordé une étonnante entrevue à la télévision locale la semaine dernière. Levenson a, entre autres, reconnu qu'il n'existe pas de mystérieux sauveur dans les coulisses.

Cela dit, il y a quand même un élément qui pourrait sauver cette formation dans l'immédiat: le temps. La LNH doit concocter son calendrier régulier pour la prochaine saison d'ici quelques semaines, et une décision devra être prise rapidement si jamais le hockey de la Ligue nationale doit renaître à Winnipeg la saison prochaine. «J'imagine que ça va être difficile, en l'espace de quelques mois, de tout fermer à Atlanta et de tout recommencer ailleurs, d'ajouter Stewart. J'ai du mal à croire que ça pourrait être fait en si peu de temps.»

En attendant, tout le monde semble en venir à la même conclusion. Et n'oublions surtout pas Don Waddell, président de l'équipe, qui avait dit en décembre que la deuxième portion du calendrier régulier allait être cruciale pour l'organisation.

Mais les Thrashers ont (encore) raté les séries, en plus de terminer au 28e rang des assistances du circuit, avec une moyenne de 13 469 spectateurs par rencontre. Rien pour tuer les rumeurs.

Alors, le décompte est sérieusement en marche. Et cette fois, ce n'est pas la LNH qui est propriétaire du club moribond. Cette fois, les proprios sont des hommes d'affaires qui en ont jusque là. Nuance.

Anthony Stewart, lui, estime que le portrait ne serait pas aussi désastreux si l'équipe avait eu plus de succès sur la glace. «Au bout du compte, la chose la plus importante, c'est la victoire... Et le club n'a pas gagné souvent au fil des ans. Ça va prendre du temps, mais on a une équipe qui mise sur plusieurs bons jeunes joueurs. Je pense que cette équipe va être très bonne au cours des prochaines années.»

Reste à voir si cette équipe aura la chance d'être très bonne à Atlanta.

D'autres clubs dans le trouble

Résumons donc un peu. Les Coyotes sont à Glendale pour une autre année. Les Thrashers sont à Atlanta pour le moment. Les Blue Jackets de Columbus auraient essuyé des pertes de 25 millions de dollars cette saison, selon le Columbus Dispatch. Pendant ce temps, les Islanders de New York prient pour que les contribuables disent oui à leur projet d'un nouvel aréna de 400 millions. À ce sujet, un référendum doit avoir lieu le 1er août. C'est sans oublier les Stars de Dallas, qui ont des problèmes eux aussi.

Non, tout ne va pas pour le mieux dans l'univers fantastique de Gary Bettman.

Notre commissaire favori a vendu aux propriétaires l'idée d'une ligue forte qui allait grossir en s'implantant dans des marchés où le hockey n'est guère une tradition. La stratégie a en partie fonctionné, mais dans ces marchés-là, le problème demeure le même: ça prend un club gagnant, sinon, les fans passent à autre chose. On le voit à Dallas, par exemple. Pour une équipe sportive, il n'y a d'ailleurs rien de pire que l'indifférence des fans.

La ligue refuse évidemment de parler de contraction, mais une question, tout de même: on va faire quoi avec ces clubs si ça ne s'améliore pas d'ici cinq ans? Winnipeg attend, Québec aussi, et à la limite, on peut croire que Kansas City pourrait accueillir un club moribond en ses terres. Mais ensuite? Ce n'est pas comme s'il y avait des dizaines de marchés potentiels pour un club de hockey. Et on va mettre une croix sur cette idée folle d'une division en Europe; les Red Wings se plaignent de devoir voyager trop souvent, alors imaginez un peu un club qui serait basé à Stockholm ou à Prague...

Ceux qui affirment qu'une contraction mènerait à un meilleur calibre de jeu peuvent encore espérer. Tôt ou tard, il y a des proprios qui vont se lasser de perdre tant d'argent.



Photo Reuters

Gary Bettman

Martin St-Louis et le Canadien: ce n'est pas un mythe

Des fois, il y a de ces histoires qui circulent, et on se demande si c'est vraiment arrivé ou pas. Récemment, un lecteur m'a envoyé un courriel suite à un texte sur Martin St-Louis, dans lequel il me rappelait que le Canadien, jadis, avait refusé de lui accorder un contrat.

J'avais brièvement entendu parler de cette histoire autrefois, mais je voulais en avoir le coeur net, alors j'ai fini par appeler celui qui était dans la chaise du directeur général à l'époque, Réjean Houle.

Eh bien, vous savez quoi? Cette histoire est vraie à 100%.

Laissons donc Réjean Houle nous la raconter.

«Je connaissais déjà les parents de Martin St-Louis, et je me souviens qu'à l'époque, j'avais invité Martin à venir me rencontrer à mon bureau. Je crois que c'était avant qu'il ne signe un contrat avec les Flames de Calgary.

«Alors Martin est venu à mon bureau avec un autre joueur, Éric Perrin. Martin était un bon kid, mais notre problème à l'époque, c'est qu'on avait déjà une petite équipe. On misait sur Saku Koivu, et ce qu'on cherchait en premier, c'était un gros joueur de centre... d'ailleurs, ça n'a pas changé!

«C'est ça qui est arrivé. Martin était un petit joueur, et nous, on avait déjà une petite équipe. Notre point de vue, c'est qu'on n'était pas à la recherche d'un joueur comme lui. Je me souviens que je lui ai dit qu'on était à la recherche de joueurs différents. C'est sûr qu'on ne pouvait pas prévoir qu'il allait devenir le joueur qu'il est devenu par la suite.»

Alors voilà.

Avant de lancer des tomates à Réjean Houle et à toute l'organisation du Canadien, il faut ici rappeler que le CH n'est pas le seul club à avoir levé le nez sur Martin St-Louis. On parle ici d'un type qui n'a pas été repêché, après tout. Les Flames lui ont bel et bien accordé une chance en 1998... mais ils l'ont congédié deux ans plus tard.

Le Lightning lui a finalement fait signe en 2000, et on connaît la suite, n'est-ce pas?

Des regrets, Monsieur Houle? «Avec le recul, c'est sûr... Mais je sais qu'il y a plusieurs DG dans cette ligue qui ont pris des décisions qu'ils regrettent aujourd'hui!»



Photo: AP

Martin St-Louis

Jagr qui parle des Rangers, de Pittsburgh, de Montréal...

Eh oui. Dimanche au Championnat du monde de hockey en Slovaquie, Jaromir Jagr a évoqué l'idée d'un retour dans la LNH, après trois saisons dans la KHL en Russie. Le type a 39 ans, mais il vise un retour par ici. Du moins, il en parle.

Deux choses. La première, c'est que Jagr n'a disputé que 55, 51 et 49 matchs à ses trois dernières saisons. Peut-il vraiment revenir ici et composer avec un calendrier de 82 matchs?

La deuxième chose, c'est le prix. Jagr peut certes aider un club de la LNH, mais dans un rôle limité, et pas à n'importe quel prix. Si monsieur s'imagine qu'il vaut encore des millions et des millions, personne ne va lui retourner ses appels.

Ceci dit, Jagr n'est pas idiot, et s'il a lui-même parlé des Rangers, des Penguins et du CH avec les membres des médias en Slovaquie, c'est qu'il y a une raison. Dans le cas du Canadien, la raison, c'est Tomas Plekanec. Les deux ont joué ensemble au Championnat du monde, et Plekanec est un bon ami. En somme, Jagr met sa ligne à l'eau en attendant de voir si ça va mordre ou pas.

Mais j'ai comme l'impression que Pierre Gauthier ne passera pas beaucoup de temps là-dessus. Jagr a la réputation de ne faire qu'à sa tête, la réputation de ne pas perdre trop de temps à travailler sur son jeu défensif. Bref, Jagr est, semble-t-il, un peu dur à diriger, et il ne fait pas partie du type de joueur que préfèrent Pierre Gauthier et Jacques Martin. Un peu trop diva au goût de l'organisation.

N'empêche qu'à petit prix, il demeure un joueur intriguant.

La statistique de la semaine

Un match, deux points.

La récolte de Tyler Séguin à son premier match des séries, avec les Bruins de Boston.

Le chiffre de la semaine

8

Le nombre de buts de Sean Bergenheim en séries. Il avait marqué 14 buts en saison régulière...

La citation de la semaine

«Montréal et le Canadien, c'est du hockey totalement différent. Les fans y sont fous pour le hockey, et je n'ai jamais joué pour un club canadien de ma vie. On ne sait jamais.» - Jaromir Jagr

Photo: AP

Jaromir Jagr