C'est clair, les Flyers font rire d'eux avec leur jeu de la chaise musicale à trois gardiens. Le club de Philadelphie a décidé qu'il n'a pas besoin d'un gardien de premier plan pour aspirer au gros trophée... mais il n'est pas le seul. Dans cette fameuse LNH d'aujourd'hui, plusieurs clubs en viennent à la même conclusion: verser des millions de dollars à un gardien établi, ce n'est plus une priorité. Ni même une nécessité.

Le premier indice nous est venu de Chicago l'an dernier, quand les Blackhawks ont gagné leur premier trophée depuis des années avec un Finlandais inconnu devant le filet. En finale, les Hawks ont bien sûr affronté les Flyers, qui avaient eux aussi un inconnu entre les poteaux.

Huit équipes sont toujours en vie ce printemps, et qu'est-ce qu'on constate? On constate qu'il ne reste plus beaucoup de gardiens vedettes sur les glaces.

Des huit partants qui jouent encore (présumons un instant que Brian Boucher est le gardien partant des Flyers, même si ce n'est pas si clair), seulement deux peuvent être considérés comme des vedettes établies avec un immense salaire: Tim Thomas des Bruins de Boston, et Roberto Luongo des Canucks de Vancouver.

Les autres? Aucun ne gagne plus de trois millions de dollars... et trois ne gagnent même pas un million!

Ainsi, les Capitals de Washington ont choisi de dire adieu à José Théodore et à son salaire alors encombrant pour faire toute la place à un jeune qui ne coûte pas cher: Michal Neuvirth, 23 ans, qui a touché 765 000$ cette saison.

Les Capitals affrontent le Lightning, un autre club qui a choisi de ne pas trop dépenser devant le filet. L'homme de confiance du Lightning est le vieux Dwayne Roloson, acquis des Islanders de New York en cours de saison.

Les Flyers, eux, tentent de retourner en grande finale avec Boucher, un gardien de 925 000$. Ironiquement, l'homme masqué le mieux payé du club, Michael Leighton, se retrouve à regarder les matchs habillé en simple citoyen. Son salaire: 1,5 million.

Dans l'Association de l'Ouest, on observe la même tendance. Les Canucks misent évidemment sur leur homme de 64 millions en Roberto Luongo, mais les rivaux de Nashville voyagent en classe économique avec Pekka Rinne, 28 ans, qui fait des petits miracles devant son filet pour seulement 2,8 millions de dollars. À ce rythme, Rinne va finir par coûter pas mal plus cher, mais ça, c'est un autre problème pour une autre fois.

Et qui est en vedette dans l'autre série? Notre ami Antti Niemi, qui protège le filet des Sharks pour seulement deux millions de dollars, et puis le fidèle Jimmy Howard, des Red Wings de Detroit, qui arrête des rondelles pour la modique somme de 800 000$.

On a longtemps affirmé la même chose dans cette ligue: pour avoir du succès, un club doit bâtir en commençant vers l'arrière, vers l'avant du filet. C'était vrai, mais ça l'est de moins en moins. Aujourd'hui, les clubs sont d'abord prêts à investir des sommes importantes afin d'obtenir ou conserver des attaquants de premier plan, des gros noms qui permettent de vendre des billets et de gagner des matchs. On remarque également que les DG du circuit n'hésitent pas à investir beaucoup de fric pour des défenseurs de premier plan. C'est le cas à Chicago, à Washington et à Philadelphie, entre autres.

Évidemment, quand les clubs dépensent des petites fortunes pour un ailier de puissance ou un défenseur d'élite, il ne reste plus grand-chose pour les autres. Les autres, ça inclut les gardiens.

On l'a très bien vu l'été dernier. Des vétérans fiables comme Théodore ou Marty Turco ont dû patienter très longtemps (et exiger pas mal moins d'argent!) avant de se trouver un nouvel employeur.

Alors oui, on peut bien rire des Flyers et de leurs gardiens à 900 000$, mais c'est le prix à payer pour avoir des Brière, des Richards et des Pronger dans son club. Les Flyers, comme les Capitals, le Lightning ou les Red Wings, ont fait leur choix: selon eux, il est parfaitement possible d'aspirer à la Coupe Stanley sans avoir à se payer un homme de plusieurs millions devant le filet.

La stratégie a fonctionné pour les Flyers il y a un an, et elle a aussi fonctionné pour les Hawks. Reste à voir si elle fonctionnera de nouveau cette fois-ci pour ceux qui restent.

On fait quoi avec Gomez?

Pierre Gauthier étant Pierre Gauthier, il n'a pas voulu profiter de la journée du nettoyage des casiers pour faire le procès de Scott Gomez, selon sa propre expression. Mais bien sûr que la question se pose. Avec cet immense salaire, avec cette production honteuse, Gomez ne justifie certes pas la place qu'il occupe au sein de l'alignement montréalais.

Que faire, alors? Ça, c'est la question la plus importante de l'été chez le Canadien, à mon humble avis. Encore plus que le contrat de Markov. Il y a trois solutions à cette épineuse question.

La solution magique: un directeur général un peu confus qui, dans un moment d'égarement, appelle Pierre Gauthier pour lui dire qu'il est intéressé à Gomez et qu'il veut l'obtenir. C'est un scénario digne de Disney, j'en conviens. Mais ça se peut. En quel cas Gauthier doit dire oui sur-le-champ, même si le DG adverse lui propose en retour un joueur japonais décédé en 2004.

La solution irréaliste: racheter le contrat de Gomez. Il reste trois saisons, dont la prochaine à 7,5 millions. C'est trop cher. À ce compte-là, aussi bien le garder en espérant qu'il retrouve la forme des beaux jours.

La solution censée: un renvoi dans les mineures. Il y a des précédents. Les Oilers l'ont fait avec Sheldon Souray, les Rangers l'ont fait avec Wade Redden. Cette solution vient avec un semblant d'espoir; en envoyant Gomez à Hamilton, le Canadien devra le soumettre au ballottage, et qui sait, peut-être qu'un autre club prendrait une chance à 50% du salaire. Gomez à un peu plus de trois millions la saison prochain, ça pourrait être intéressant. Le Canadien aurait alors à se charger de l'autre 50% du salaire, qui compterait sur sa masse salariale.

Si Gomez n'était pas réclamé? Alors il passerait la saison à Hamilton, mais au moins, son salaire ne compterait plus sur la masse salariale du Canadien.

Ce qui amène une autre question, tout de même: est-ce que Geoff Molson serait prêt à signer 7,5 millions en chèques à un joueur des Bulldogs?

Bref, tout ça pour dire que cette histoire est assez compliquée. C'est facile de dire que Pierre Gauthier doit faire quelque chose. Mais quoi? Ça, c'est plus difficile.

Le dossier des Coyotes: qui dit vrai?

C'est dur de s'y retrouver. Ce que l'on sait: le maire de Winnipeg affirme que les Coyotes ne vont pas débarquer en ville, la LNH envoie une facture de 25 millions à la ville de Glendale pour couvrir les pertes des Coyotes cette saison, et en tout, le club aurait perdu 36,6 millions de dollars en 2010-11, selon le quotidien Arizona Republic. Ah oui, il paraît maintenant que les Coyotes vont rester.

Vous êtes confus? Moi aussi.

Il y a deux semaines à peine, le déménagement des Coyotes à Winnipeg semblait chose faite. Même les joueurs des Coyotes étaient résignés à l'inévitable. Et là, on chuchote que non, les Coyotes vont finalement rester, entre autres parce que NBC veut conserver ce précieux marché qui, dit-on, serait un eldorado pour les cotes d'écoute. Il n'y a personne dans les estrades à Glendale, mais ça, ça semble être un détail anodin.

C'est d'ailleurs le bout qui m'échappe dans cette affaire: on parle de revenus «potentiels» en Arizona, on parle du vaste marché télévisuel, mais personne ne pose la vraie question: y a-t-il assez de fans à Glendale pour y permettre la survie du hockey à moyen terme?

Pour une ligue qui tire la majorité de ses revenus des ventes de billets, c'est une question qui devrait être sérieusement mise à l'étude.

En attendant, la dernière rumeur parle d'un déménagement des Thrashers à Winnipeg.

Et personne ne parle de Québec.

En passant, le Championnat du monde de hockey est commencé

Il est présenté en Slovaquie cette année. En Europe, dans les pays où il y a une tradition de la rondelle, ce tournoi est une énorme célébration. J'y suis allé à trois reprises, et je vous le recommande fortement. Il n'y a rien comme ça. Le hockey, les fêtes, la musique, la bière qui semble toujours meilleure par là-bas...

Et il y a bien sûr les joueurs. Ce tournoi n'est évidemment pas le tournoi olympique; souvent, les meilleurs jouent encore en séries par ici. Mais c'est l'occasion d'y voir les stars de demain, des gars qui tentent un retour, ou des joueurs que l'on pourrait voir dans la LNH sous peu. Comme...

Alexei Yemelin, défenseur, Russie: le fameux défenseur russe repêché par le Canadien en 2004. Fameux parce qu'on a tellement parlé de lui... sans même l'avoir vu. Eh bien, voici l'occasion de le voir.

Evgeni Nabokov, gardien, Russie: Il appartient toujours aux Islanders et veut revenir dans la LNH la saison prochaine.

Marc-André Gragnani, défenseur, Canada: Le choix de troisième ronde des Sabres en 2005. On en dit beaucoup de bien. L'occasion pour ce Québécois de se faire remarquer sur une grande scène.

Ryan McDonagh, défenseur, USA: Ancien premier choix du Canadien, refilé aux Rangers dans l'échange Gomez. Il a fini la saison en force à New York.

Yan Stastny, attaquant, USA: Le fils de Peter et frère de Paul, qui a conclu la dernière saison avec le club de l'Armée rouge en Russie.

La grande finale du tournoi aura lieu le 15 mai. Et on risque d'y voir plusieurs bons matchs d'ici là.

Le chiffre

2

Le nombre de candidats au trophée Vézina qui s'affrontent dans la série opposant les Canucks aux Predators.

La tendance lourde

Les coups à la tête. Et ce n'est pas seulement dans la LNH; aux championnats du monde de hockey en Slovaquie, le défenseur tchèque Radek Martinek, qui appartient aux Islanders, a dû sortir sur une civière après avoir été frappé à la tête par un joueur letton.

La citation

«Nous n'avons pas été assez forts devant notre gardien»

Peter Laviolette, entraîneur des Flyers, pour expliquer le travail de ses gardiens (et le résultat) au terme du premier match face aux Bruins.