Avec sa fiche de +11, Ryan O'Byrne est devenu l'un des leaders en défense au Colorado. Matt d'Agostini est le quatrième buteur des Blues de St.Louis, avec une récolte de neuf buts cette saison. Ça, c'est sans oublier l'énigmatique Sergei Kostitsyn, qui étonne avec 23 points chez les Predators de Nashville.

On aura compris que ces trois hommes sont tous d'ex-Canadiens qui se débrouillent pas mal mieux depuis qu'ils ont quitté Montréal.

Le phénomène n'est pas nouveau. Des anciens du CH qui ont meilleure mine loin du Centre Bell, on a déjà vu ça. Mike Ribeiro, pour ne nommer que lui, est devenu un joueur de premier plan à Dallas en moins de temps qu'il ne le faut pour dire Janne Niinimaa.

Comment expliquer cela? Ça, c'est la question à 100 dollars.

On a souvent affirmé que la culture du CH étouffe certains joueurs (c'était le cas pour Ribeiro, assurément). Même les dirigeants montréalais ont déjà évoqué cette explication. Le président du club, Pierre Boivin, n'a-t-il pas déjà déclaré que ce phénomène des anciens qui font mieux ailleurs allait peut-être forcer la direction à se poser des questions sur l'environnement du club?

De toute évidence, ces questions demeurent sans réponse.

Et voici que certains avancent une autre hypothèse: sous Jacques Martin, les jeunes ont du mal à trouver leur place. En tout cas, c'est ce que Matt D'Agostini me laissait entendre, en novembre à St.Louis. «Je ne sais pas trop pourquoi, mais la saison dernière à Montréal, plusieurs jeunes ont connu des ennuis», m'avait fait remarquer l'attaquant de 24 ans, en citant également le cas de Guillaume Latendresse, un autre qui s'est mis à mieux jouer une fois exilé.

Mais le phénomène est-il unique à Montréal? Francis Bouillon, un autre ancien du Canadien qui a relancé sa carrière dans une autre ville, pense que non.

«Peu importe où tu joues, que ce soit à Montréal ou ailleurs, c'est difficile quand on ne te fait pas confiance, de préciser le vétéran défenseur des Predators de Nashville. C'est un peu ce qui arrive avec Sergei Kostitsyn. Il ne jouait pas à Montréal, on ne lui faisait pas confiance. Ici, ils le font jouer sur l'avantage numérique, ils lui donnent des occasions de produire, et ça fonctionne.»

Sergei Kostitsyn est l'exemple parfait du type qui avait seulement besoin de changer d'air, selon Francis Bouillon.

«Avant d'aller le chercher cet été, notre entraîneur Barry Trotz m'a téléphoné pour me poser des questions à son sujet. Il m'a parlé des controverses entourant Sergei à Montréal, il voulait savoir ce que j'en pensais. J'ai répondu que Sergei est un gars plein de talent, un jeune, et qu'il mérite qu'on lui donne une chance. C'est ce qui est arrivé. Au début, quand il est arrivé avec nous, ça ne fonctionnait pas pour lui. Mais l'entraîneur lui a donné sa chance, et il a pris de la confiance.»

Autre détail d'importance, selon Francis Bouillon: à Nashville, les entraîneurs sont patients. «Ça fait une différence. Quand tu fais une erreur et que l'entraîneur t'envoie quand même sur la glace tout de suite après, c'est bon pour la confiance. Au bout du compte, c'est simple: tu joues beaucoup mieux quand tu es en confiance. C'est vrai partout. Quand tu es bien entouré aussi, ça aide. L'autre jour, on a joué contre les Ducks d'Anaheim, et j'ai revu Maxim Lapierre. Il jouait avec Corey Perry...»

Évidemment, les équipes qui vont chercher un joueur s'arrangent ensuite pour que ce joueur paraisse bien. C'est bien normal. S'il patine souvent aux côtés de Corey Perry chez les Ducks, Maxim Lapierre va se retrouver avec des statistiques à nous jeter sur le cul. Et on va être au moins 200 000 à se demander pourquoi Pierre Gauthier l'a échangé.

Il est très facile de taper sur la tête des dirigeants montréalais, et parfois, c'est même pleinement mérité. Mais au final, le Canadien a laissé filer les O'Byrne, D'Agostini, Kostitsyn et autres Lapierre parce qu'il n'y avait plus de place pour eux, ou parce que ces joueurs n'ont pas progressé assez vite au sein de l'organisation. Pour les trois premiers-attendons un peu avant de juger pour Lapierre-le changement de décor a été salutaire. Ça arrive.

Ce qui ne veut pas dire que le Canadien ne devrait pas s'interroger. Se remettre un peu en question. Quand autant de joueurs quittent le navire en souriant pour ensuite s'éclater ailleurs, c'est peut-être qu'il y a quelque chose qui cloche. Quoi? Aux dirigeants de trouver la réponse.



D'autres échanges chez les Devils?

C'est Lou Lamoriello, le DG et grand manitou des Devils, qui l'a dit, vendredi en conférence téléphonique: il n'y a pas de reconstruction chez les Devils du New Jersey, mais il pourrait y avoir d'autres échanges.

Intéressant...

On le sait, les Devils connaissent une saison de misère, et ils viennent de refiler Jamie Langenbrunner aux Stars de Dallas pour ce qui sera probablement un choix de deuxième ronde. Ça ressemble à un début de vente de feu, ça.

Mais Lamoriello a été très clair, et il ne faudrait surtout pas croire que les Devils sont en mode reconstruction. «Je déteste ce mot, a-t-il ajouté. Cette décision (l'échange de Langenbrunner) a été prise pour les bonnes raisons, parce qu'on n'allait pas offrir de nouveau contrat à Jamie à la fin de la saison.»

Du même souffle, il a reconnu que ses emplettes ne sont peut-être pas terminées. «On pourrait effectuer d'autres échanges, oui», a-t-il fait savoir, en précisant que Martin Brodeur n'est pas à échanger.

La réalité, c'est que les Devils sont en passe de connaître leur pire saison depuis 1995-96, quand ils n'avaient récolté que 86 points et avaient raté les séries, une saison après avoir remporté leur première Coupe Stanley. C'est d'ailleurs la dernière fois que les Devils ont raté les séries. Depuis, ils ont connu 11 saisons de 100 points et plus. C'est mieux que les Islanders, mettons.

Lamoriello a aussi lancé cette phrase qui résume bien ce qu'il pense de son club cette saison: «Il n'y a aucune raison pour que nous soyons dans cette position.»

Et puisque le coach a déjà été viré, qui va payer si les Devils ratent les séries pour une première fois en 15 ans? Peut-être le grand manitou lui-même. 



Photo: Reuters

Le directeur général des Devils du New Jersey, Lou Lamoriello.

Des nouvelles de Théo

Je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à grand-chose de la part de José Théodore cette saison. Un, parce que ça lui a pris une éternité avant d'être embauché, ce qui laisse croire que les DG de la LNH savaient peut-être des choses qu'on ne savait pas. Et puis deux, parce qu'il a finalement été engagé au Minnesota, là où Niklas Backstrom est bien installé. Je me disais que Théo allait être chanceux de disputer 10 matchs cette saison...

Eh bien, le gardien à la tuque est en train de relancer sa carrière. Encore.

À ses cinq derniers matchs, il a une fiche de 4-1. Il a une moyenne fort respectable de 2,48 cette saison, et un taux d'efficacité de ,920, en plus d'un blanchissage. Pas pire pour un gars dont personne ne voulait cet été (en fait non, ce n'est pas vrai; les Blackhawks de Chicago le voulaient, mais ils ont finalement opté pour Marty Turco à la place).

Tout ça pour dire que le Wild va avoir une bonne décision à prendre cet été. Garder Théodore, ou miser sur Josh Harding? Le pire, c'est que c'est la blessure à Harding qui a forcé le Wild à lancer un SOS à Théodore.

Il faut bien reconnaître une chose dans le cas de l'ancien gardien du CH: à chaque fois qu'on le croit fini, il renaît. Ça doit bien vouloir dire quelque chose.



Photo: AP

José Théodore

Ça pourrait bouger à Toronto...

C'est en plein pour ça qu'on adore Brian Burke: parce qu'il dit les vraies affaires. Non, le DG des Maple Leafs de Toronto ne se contente pas de répondre par des clichés quand on lui pose une question. Il dit la vérité. Même si des fois, cette vérité fait mal.

Avec la date limite des échanges qui approche tranquillement (le 28 février cette saison), Burke, lors d'une entrevue sur les ondes d'une station radiophonique de Toronto, a clairement fait savoir qu'il songe à faire des échanges.

«Est-ce qu'il y a beaucoup de joueurs qui sont disponibles dans notre équipe? Bien sûr, a-t-il dit à The Fan 590. Nous sommes au dernier rang de notre division... Pourquoi est-ce que nos gars ne seraient pas disponibles?»

Voilà déjà plusieurs semaines que les Leafs sont au centre de rumeurs de transaction, et Burke, qui doit sentir un peu de pression de la part des propriétaires, va sans doute songer à tenter quelque chose. N'importe quoi. Après tout, ne devait-il pas être le sauveur, celui qui allait sortir ce club du marasme?

Sauf que depuis que Burke est en poste-il est arrivé chez les Leafs en novembre 2008-le club torontois a raté les séries à chaque saison. Et c'est parti pour un résultat semblable cette année.

Pas sûr que Burke pourra se remettre d'une troisième saison sans séries à Toronto.

La citation de la semaine

«Je n'essaie pas d'aller chercher des choix de deuxième ronde. J'essaie d'aller chercher des joueurs qui vont nous permettre d'être meilleurs.»

Brian Burke, le directeur général des Maple Leafs de Toronto, sur les ondes d'une station de radio torontoise, vendredi. Dans ta face, Lou Lamoriello!

La statistique de la semaine

À ses trois derniers matchs, Sergei Kostitsyn a récolté six points. Il a marqué au moins un but à ses cinq derniers matchs. C'est probablement l'effet de la musique country. 

Le détail de la semaine

Tom Kostopoulos a écopé d'une suspension de six matchs pour son coup à la tête de Brad Stuart, des Red Wings de Detroit. Ce qui veut dire qu'il va rater sa réunion avec le Canadien, prévue pour le 17 janvier au Centre Bell.

À l'extérieur de la patinoire...

> Premier week-end des séries un peu fou dans la NFL. Trois clubs visiteurs ont gagné des matchs, et la seule équipe locale à l'avoir emporté est celle de Seattle. Comme tout le monde l'avait prévu.

> Je n'ai jamais été un fan de Michael Vick, même avant l'histoire que l'on sait, mais hier, Vick nous a rappelé qu'il est un vrai de vrai. Comment un gars peut-il se faire frapper autant et se relever à chaque fois? Je ne vois pas comment les Eagles pourraient s'en départir en vue de 2011, même si cela ne fera pas l'affaire de Kevin Kolb. En prenant pour acquis qu'il y aura une saison 2011, bien entendu.

> Avoir le choix, c'est au match Ravens-Steelers que j'assisterais le week-end prochain. J'étais là pour leur rencontre en finale de conférence il y a deux ans, et ça avait probablement été le match le plus violent de ma vie.

> En boxe, on dit souvent qu'il n'y a jamais rien de certain tant qu'on ne voit pas les deux boxeurs dans le même ring au même moment. Ça risque d'être vrai aussi dans le cas de Jean Pascal. Je ne sais pas s'il va affronter Chad Dawson ou Bernard Hopkins en mai, mais je sais ceci: ce genre d'histoire hallucinante, c'est seulement dans l'univers de la boxe qu'on voit ça.

Photo: Bernard Brault, La Presse, archives

Le directeur général des Maple Leafs de Toronto, Brian Burke.