Le nom de Corey Crawford était complètement inconnu à Chicago il y a trois mois à peine. Mais aujourd'hui, ce nom-là est très bien connu des fans des Blackhawks de Chicago. Avec raison, puisque Corey Crawford est en train de devenir le gardien numéro un du club. Rien de moins.

Corey Crawford? Un gars d'ici. De Chateauguay, plus précisément. Un type de 25 ans, qui a passé les cinq dernières saisons à attendre son tour «en bas», c'est-à-dire dans la Ligue américaine. Il avait été un choix de deuxième ronde des Blackhawks en 2003, et il n'avait jamais pu obtenir de véritable chance chez les grands.

Jusqu'à maintenant.

On le sait, les Hawks ont mis la main sur Marty Turco cet été pour pallier au départ d'Antti Niemi, et c'est à Turco que devait revenir le poste de gardien numéro un chez les champions en titre. Mais voici que Corey Crawford brouille les cartes, et pas à peu près. Il a une meilleure fiche que Turco, et en plus, ses statistiques sont supérieures.

Mais le jeune homme ne va pas se mettre à s'enfler la tête avec ça.

«Tout ce que je pouvais faire, c'était de travailler plus fort lors des entraînements, répond-il modestement au bout du fil, quand on lui demande d'expliquer ses succès. C'était la seule chose à faire, vraiment. Avec Marty sous contrat, je ne pensais pas que j'allais avoir beaucoup de temps de glace. Oui, ça me surprend un peu, mais l'équipe joue bien devant moi. J'ai gagné une couple de matchs, et ça a aidé. Ici, l'entraîneur (Joel Quenneville) fait jouer celui qui gagne. Alors je voulais juste attendre ma chance, et la saisir quand elle allait passer.»

On peut dire que Corey Crawford a saisi sa chance, en effet. Et maintenant, celui qui a l'air du gardien de confiance à Chicago, c'est lui. Avant le match d'hier soir, il avait une fiche de 9-6-1, un taux d'efficacité de ,913, et une moyenne de 2,41.

«Je ne pense pas à qui est le numéro un et qui est le numéro deux. On y va au jour le jour. Marty et moi, on est là pour gagner en équipe, pas pour se battre afin de savoir qui est le numéro un. On sait très bien que de toute façon, l'entraîneur va y aller avec celui qui fait le travail.»

Crawford assure qu'il n'y a pas le début d'un semblant de conflit entre lui et Marty Turco.

«Non. Marty est un bon gars, j'adore jouer avec. C'est un vrai pro, il m'aide beaucoup, il me donne des trucs, partage avec moi des observations sur les joueurs qu'on affronte. Dans le fond, Marty veut gagner lui aussi.»

Le gardien québécois le reconnaît sans hésiter: cinq ans dans la Ligue américaine, c'est long. Il a disputé en moyenne plus de 45 matchs par saison dans ce circuit avant d'avoir l'occasion de montrer ce qu'il sait faire aux patrons des Hawks, en septembre.

«Ce n'est pas facile de passer cinq ans dans la Ligue américaine. Je pensais bien pouvoir jouer avec les Hawks il y a un an, mais ce n'est pas arrivé. Des fois, je me perdais dans mes pensées. Je me disais que si ça ne marchait pas, j'allais passer à autre chose. Mais c'était passager, ce n'était jamais très sérieux. Mon but, ça a toujours été de jouer dans la Ligue nationale.

«On le voit tout de suite, c'est plus intense dans la LNH, et c'est plus rapide aussi. Ici, tu ne peux pas t'endormir deux secondes. Il faut que tu sois concentré à chaque moment. Les joueurs sont plus forts et ils ont des tirs plus puissants.»

Pas du genre à s'emballer, Corey Crawford refuse de dire s'il a des buts d'ici à la fin de la saison. En fait, son but à lui, c'est de faire un peu mieux à chaque fois. Après toutes ces années passées «en bas», il a appris à ne pas trop s'en faire avec l'avenir.

Inutile non plus de lui demander ce que Joel Quenneville, son entraîneur, pense de lui. Parce qu'il n'en sait rien.

«Je dirais plutôt que je discute avec Stéphane Waite, notre entraîneur des gardiens avec les Blackhawks. Quand l'entraîneur me parle, c'est juste pour me dire si je joue ou si je joue pas!»

Les joueurs choisissent Don Fehr... tel que prévu

Ce n'était plus qu'une formalité, mais depuis samedi, c'est officiel: le nouveau patron de l'Association des joueurs de la LNH est Don Fehr.

Le nom vous est dans doute vaguement familier. Certains disent que Don Fehr est un redoutable et respecté leader, ou encore, qu'il est celui qui a «ruiné» le baseball majeur. Plusieurs ont soutenu qu'il était la raison principale pour expliquer la grève de 1994 au baseball, qui a saboté la saison... et possiblement saboté les chances d'une Série mondiale pour nos Expos.

J'ai parlé à quelques personnes qui connaissent très bien Don Fehr pour un récent papier. Plusieurs, dont Marvin Miller, le légendaire leader syndical des joueurs du baseball, m'ont avoué que Fehr est le meilleur choix que les patineurs pouvaient faire. Au hockey, la maison de l'Association des joueurs est un gros bordel depuis trop longtemps, et s'il y a un homme capable d'y mettre un peu d'ordre, paraît-il, c'est Don Fehr.

La première réaction serait de croire que l'arrivée de Fehr va mener à un conflit de travail éventuel au hockey, mais il convient de rappeler ceci: depuis la grève de 1994, les relations de travail au baseball majeur se portent plutôt bien, tandis que la LNH a connu deux conflits de travail depuis cette période.

Une chose me semble claire, en tout cas: avec Don Fehr à la table des négociations, Gary Bettman et ses amis vont trouver ça un peu plus difficile que la dernière fois.

Ça ne regarde pas bien pour les Thrashers... et on s'emballe à Québec

Pour une deuxième fois en moins d'un mois, Bill Daly, le numéro deux de la LNH, reconnaît que les Thrashers d'Atlanta sont peut-être un peu dans le trouble.

En entrevue avec l'Associated Press vendredi, Daly a déclaré ceci: «Notre premier choix, c'est que le club reste à Atlanta... mais si on en vient à conclure qu'il n'y a pas d'alternatives en terme d'investisseurs et d'appui dans un marché particulier, il faut voir s'il y a d'autres solutions. C'est seulement la réalité.»

En gros, ça veut dire que la LNH veut rester à Atlanta... mais que le temps commence à presser.

L'ennui, c'est que les Thrashers recherchent d'autres investisseurs, mais personne ne semble vouloir répondre présent. Il y a aussi un autre petit problème: à Atlanta, la ville n'est pas vraiment hockey. Au chapitre des assistances, le club arrive au 28e rang de la LNH, même si les Thrashers ont un début de saison au-delà des attentes.

La LNH a maintes fois répété que le déménagement d'un club est toujours la dernière des solutions, et le cas de Phoenix en est une preuve assez claire. Mais si personne d'autre ne se pointe à Atlanta pour injecter un peu d'argent frais dans cette chose nommée Thrashers, peut-être que la Ligue nationale devra penser à un déménagement, même si c'est là un scénario qu'elle préfère éviter.

En attendant, les gens de Québec ne lâchent pas. J'y étais en fin de semaine pour le gros combat Pascal-Hopkins, et à la radio, on parlait beaucoup, beaucoup des futurs Nordiques. Semble-t-il que les gens de la «Nordiques Nation» (pourquoi l'appellation en anglais, au fait?) songent maintenant à envahir le Centre Bell le 12 février pour se faire voir de nouveau.

Ce qui ne change rien à l'essentiel: Québec a vraiment besoin d'une nouvelle bâtisse. Je reviens d'un samedi soir au vieux Colisée, et croyez-moi, une nouvelle bâtisse, ça urge.

Photo: AFP

Donald Fehr

Enfin, un ex-entraîneur qui dit les vraies affaires

Je n'ai jamais été un grand fan des ex-joueurs, ex-entraîneurs ou ex-DG à la télé ou à la radio. Simplement parce que trop souvent, ils ont encore des amis dans la LNH. Alors ils préfèrent les clichés aux vérités, ne veulent pas en dire trop de peur de froisser leurs amis. Mais il y a des exceptions, bien sûr. Et c'est quand ils disent les vraies affaires que les anciens sont diablement intéressants.

Ainsi, Mike Keenan, ancien entraîneur des Flames de Calgary, a affirmé au réseau TSN que le défenseur Dion Phaneuf avait l'habitude de tomber sur les nerfs de certains joueurs des Flames, qui le surnommaient ironiquement «Neon Dion», une référence à Deion Sanders, peut-être l'ego le plus immense à avoir joué au football américain.

Selon Keenan, les joueurs des Flames trouvaient que Phaneuf était un peu trop sûr de lui, en plus de se comporter comme un petit frappé sur la glace.

Enfin, un peu d'information pour faire plaisir à nos oreilles. Merci Mike Keenan. Apprendre ce genre de petits détails, c'est un peu plus intéressant que d'apprendre que les joueurs du Canadien se comportent comme des coquerelles sur la glace.

Photo: PC

Mike Keenan

La statistique de la semaine

À ses 23 premiers départs cette saison, le gardien Sergei Bobrovsky, des Flyers, n'a essuyé que quatre défaites en temps réglementaire. Qui l'a dans son pool?

Le chiffre de la semaine

4 à 6

Ce n'est pas l'heure d'un drink entre amis, mais plutôt l'absence prévue pour le gros Chris Pronger des Flyers. C'est en semaines, bien sûr.

La citation

«Ils sont aussi enrageants que des coquerelles»

Mike Milbury à propos des joueurs du Canadien, sur les ondes de la CBC. Que dire de plus?

À l'extérieur de la patinoire...

> J'avais une carte de 114-112 en faveur de Hopkins sur Pascal, samedi soir à Québec. Malgré les deux chutes. La suite, évidemment, va être intéressante, mais le monde de la boxe étant ce qu'il est, j'ai l'impression que la chicane va pogner dans ce dossier. D'une part, le clan Hopkins veut une deuxième chance face à Jean Pascal, avec raison. D'autre part, il y a un certain Chad Dawson qui attend lui aussi un combat revanche, et j'ai comme l'impression que sa bande à lui ne va pas regarder tout ça s'en se mettre à japper à gauche et à droite (surtout Gary Shaw, le sympathique promoteur de Dawson). Le moins qu'on puisse dire, c'est que Jean Pascal ne laisse personne indifférent. Ce qui est bien. En boxe, quand on fait jaser, c'est d'ordinaire très payant.

Photo: AP

Sergei Bobrovsky

> Vous le savez sûrement, ils étaient plus de 16 000 au Colisée de Québec pour ce choc Pascal-Hopkins. Hopkins peut bien prétendre qu'il ne viendra plus jamais boxer au Québec, il y a un fait: en Amérique du Nord, il n'y a qu'au Québec où la boxe attire autant de fans. Je ne sais même pas s'il y aurait eu 4000 personnes à Vegas pour Pascal-Hopkins. Probablement pas, en fait.

> Un autre dimanche fou dans la NFL, comme il se doit. Je me demande bien si les Giants de New York vont se remettre de cette défaite de dernière seconde face aux Eagles de Philadelphie. Au fait, Monsieur Tom Coughlin... On sait bien que le jeune botteur n'avait pas d'affaire à botter en direction du dangereux DeSean Jackson comme ça en fin de match, mais était-ce vraiment nécessaire de l'engueuler devant les caméras? Du grand Coughlin, si vous voulez mon avis. Facile de pointer du doigt une recrue, mais un peu moins facile de le faire quand il s'agit d'un vétéran.

> Les Lions ont gagné un premier match sur la route en 26 tentatives. À leur place, j'organiserais un défilé.

C'est ça qui est ça.

Notez que Planète LNH fera relâche pendant la période des Fêtes. Amusez-vous bien, et appelez Nez rouge. C'est un ordre.

Photo: Laetitia Deconinck, Le Soleil

Jean Pascal et Bernard Hopkins