La vérité, c'est qu'on ne s'attendait pas à grand-chose, en ce jour de février 2007, quand le Canadien, en retour de Craig Rivet, est allé chercher un inconnu du nom de Josh Gorges. Rivet allait devenir joueur autonome sans compensation cette année-là, et tout laissait croire que Bob Gainey avait obtenu ce qu'il avait pu en retour, c'est-à-dire pas grand-chose.

Trois ans plus tard, c'est assez clair: l'échange de Rivet pour Gorges est probablement le meilleur coup de Bob Gainey à titre de directeur général du Canadien.

L'homme qui a refilé Gorges au CH se nomme Doug Wilson. Il est le directeur général des Sharks depuis 2003. Wilson tenait à mettre la main sur un défenseur d'expérience en vue des séries cette saison-là. Il tenait à Craig Rivet.

Il ne voulait pas se départir de Gorges, mais il n'a pas eu le choix.

«Tout ce dont Josh avait besoin, c'était d'une équipe qui allait le faire jouer, a expliqué le DG des Sharks lors d'une entrevue téléphonique avec La Presse. On ne voulait pas l'échanger, on savait qu'il allait devenir un bon joueur. Mais pour avoir quelque chose, tu dois offrir quelque chose, et nous, c'est Josh qu'on a dû offrir pour Rivet, un joueur d'expérience qu'on aimait parce qu'il avait grandi dans l'organisation du Canadien.»

Ce n'est pas parce que les Sharks ignoraient ce qu'ils avaient sous la main en Josh Gorges. Ce sont eux qui lui ont permis de se faire voir sur les patinoires de la LNH, lui qui n'avait pas été repêché. Après l'avoir invité à un essai avec le club, les Sharks lui ont offert un contrat, le menant à disputer 96 matchs à San Jose en deux saisons.

Le défenseur de la Colombie-Britannique avait impressionné les dirigeants de San Jose, qui croyaient en lui.

«On savait qu'il était un joueur compétitif, qui a un bon sens du jeu et qui, en plus, est un homme de caractère, d'ajouter Doug Wilson. On le savait, parce qu'il était déjà comme ça chez les juniors. Il fallait seulement que quelqu'un lui donne une chance. Il s'est développé avec nous et il a beaucoup appris ici, sauf que pour nous, il était avant tout un jeune défenseur qui devait se contenter d'un rôle limité. En même temps, on pouvait voir qu'il allait devenir un bon joueur dans cette ligue. Ce gars-là a un coeur gros comme ça.»

Avec le temps, le jeune homme de 26 ans s'est transformé en solide défenseur pour le Canadien, le genre à disputer environ 22 minutes de jeu par rencontre, le genre à jouer de façon constante et à limiter les erreurs.

Bien sûr, Doug Wilson est au courant de tout ça.

«Je le vois jouer à la télé parfois, je vois ce qu'il fait avec le Canadien, ajoute-t-il. Je dois vous dire que nous sommes très heureux de constater qu'il remporte autant de succès à Montréal. Nous l'avons échangé, mais ces choses-là arrivent, et je crois que dans l'ensemble, ce fut une bonne transaction pour les deux équipes.»

Craig Rivet a fini par jouer le reste de la saison 2006-07 à San Jose, puis la saison suivante au complet, avant d'être refilé aux Sabres de Buffalo en 2008. Peut-on vraiment parler d'un bon échange pour les Sharks? Après tout, et à moins d'une énorme surprise, tout indique que Josh Gorges va être à Montréal pour encore longtemps. En plus de Gorges, les Sharks ont aussi donné au Canadien leur choix de première ronde cette année-là, qui est devenu Max Pacioretty. On se contentera d'ajouter poliment que Max Pac n'a pas eu le même impact que Gorges à Montréal...

«Il faut analyser l'échange dans son ensemble, insiste Doug Wilson. Nous, on a ensuite échangé Craig Rivet aux Sabres de Buffalo en retour de deux choix de deuxième ronde.»

C'est exact. Parmi ces deux choix, le jeune défenseur américain William Wrenn, choisi en 2009. Les Sharks ont par la suite échangé leur autre deuxième choix, celui de 2010, aux Hurricanes de la Caroline en retour du vétéran défenseur Niclas Wallin, et du cinquième choix des Hurricanes au dernier repêchage, le centre Cody Ferriero. 

Reste à voir si tout ce beau monde réussira, un jour, à faire oublier Josh Gorges chez les Sharks.

L'autre Kovy

Pendant que notre Kovy favori à tous, celui qui joue à Ottawa, se fait ramasser par son DG pour manque d'effort-un refrain que les fans du CH connaissent bien, n'est-ce pas?-l'autre Kovy ne va pas mieux.

L'autre Kovy, c'est bien sûr Ilya Kovalchuk, un homme qui va toucher la coquette somme de 100 millions de dollars US pour les 15 prochaines années. Pour ne pas vous déprimer, je ne vais pas vous dire combien ça fait la semaine, mais disons qu'à date, ce Kovy-là n'est pas le sauveur tant désiré chez les Devils.

De toute évidence, l'entraîneur John MacLean commence à en avoir plein son casque lui aussi. Sans crier gare, il a rayé sa super-vedette de la formation samedi soir, sans vraiment donner de raisons (il était de retour dimanche soir pour le match face aux Rangers à New York, et a marqué le seul but de son club). Mais ceux qui ont vu Kovalchuk au Centre Bell jeudi soir peuvent deviner pourquoi. En gros, disons que l'homme de 100 millions a tendance à prendre «off» quand ça lui chante.

C'est drôle, parce que jeudi matin au Centre Bell, j'avais justement demandé à monsieur la diva s'il comptait passer toute sa carrière au New Jersey. «Je n'ai pas le choix» m'a-t-il sèchement répondu, avant de préciser que c'est au New Jersey et nulle part ailleurs qu'il voulait être. Ça inclut la Russie et la KHL, même s'il a reçu des offres de cette ligue cet été.

Question, tout de même: pourquoi les Devils ont-ils embauché ce type, eux qui ont toujours insisté sur le concept d'équipe en premier?

Mon petit doigt me dit que cette décision n'est pas celle du DG Lou Lamoriello.

Un gros merci à Rick Rypien

Oui, la LNH peut dire merci à Rick Rypien, ce joueur des Canucks qui a eu l'excellente idée de pousser un fan du Wild la semaine passée en sortant de la patinoire. Mine de rien, cette séquence a été jouée et rejouée des dizaines de fois aux USA sur les ondes de ESPN.

Pauvre Gary Bettman. Déjà que les grands médias amerloques s'intéressent au hockey comme on s'intéresse aux quilles sur gazon, en plus, quand on y voit du hockey, c'est pour montrer des niaiseries du genre.

Je le répète: le hockey a un sérieux problème d'image aux States. Et tous ces bancs vides qu'on voit à Phoenix, Atlanta et autres Uniondale n'aident en rien. Pendant ce temps, Gary nous dit que tout va bien.

Je ne sais pas ce qu'il boit, mais je vais en prendre deux s'il vous plaît.

Une affaire qui fait jaser

Par ailleurs, l'affaire Rick Rypien a fait jaser sur la planète LNH. Beaucoup. J'en parlais récemment avec David Clarkson, cet attaquant des Devils qui, lui aussi, ne déteste pas ça quand ça brasse.

Mais Clarkson trouve que de s'en prendre aux fans, ce n'est jamais une bonne idée.

«Je ne sais pas ce que la ligue pourrait faire de plus, vraiment. Mais je ne crois pas qu'on a le droit de s'en prendre aux fans comme ça, peu importe ce qu'ils nous disent. Des fois, je suis assis au banc des punitions, et j'entends des choses, des fans qui me lancent des insultes, des commentaires. Mais je me contente de rire. Les fans paient pour être là.»

En quatre saisons dans la LNH, Clarkson affirme qu'il ne s'est jamais senti en danger dans un aréna de la ligue. «Les joueurs sont en sécurité», croit-il.

C'est peut-être les fans qui le sont moins. Surtout quand Rick Rypien passe par là.

Cela dit, c'est quand même moins pire que la fois où Mike Milbury a attaqué un partisan des Rangers à coup de soulier...

Faux départ pour Théo

Enfin, José Théodore a eu son premier départ de la saison, vendredi soir à Vancouver. Théo n'a pas été mauvais, mais le pointage final n'avait rien de bien joli pour lui: une victoire de 5-1 des Canucks. Théodore a reçu 35 tirs en tout devant le filet du Wild.

Je ne sais pas si un gardien a déjà tant payé pour une mauvaise performance en séries. La saison dernière, Théodore, c'était une saison de 30 victoires chez les Capitals, mais ses mauvaises performances en séries contre le Canadien lui ont carrément coûté un poste de gardien numéro un cette saison.

Ça, et aussi plusieurs millions de dollars.

La citation de la semaine

«Dieu merci, je suis à la retraite, parce que je ne pourrais jamais suivre les jeunes joueurs d'aujourd'hui»

Jeremy Roenick lors de son introduction au Temple de la renommée du hockey américain.

La statistique qui fait mal

,859

Le pourcentage d'arrêts de Marc-André Fleury avec les Penguins à ses quatre premiers matchs cette saison. Fleury n'a récolté qu'une seule victoire lors de cette période, et voici que le substitut Brent Johnson a une meilleure fiche que lui. Au fait, qui a Brent Johnson dans son pool?

La statistique digne d'intérêt

4-1-1

La fiche de Jaroslav Halak à ses six premiers départs cette saison. Va-t-on dire qu'il est trop petit pendant bien longtemps encore?

À l'extérieur de la patinoire...

> James Harrison, le secondeur des Steelers qui menaçait de prendre sa retraite, a fini le match d'hier à Miami avec quatre plaqués. J'imagine que Harrison a choisi de continuer après avoir réalisé qu'il allait avoir du mal à se trouver un autre travail qui va le payer environ 42 millions de dollars pour les cinq prochaines années.

> Les Chargers de San Diego ont une fiche de 2-5 après sept rencontres. Je ne peux pas croire que l'entraîneur Norv Turner va survivre à cet autre désastre.

> Les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, eux, ont une fiche de 5-1 même si deux de leurs trois meilleurs receveurs se nomment Aaron Hernandez et Brandon Tate. Je pense qu'on peut déjà admettre Tom Brady au Temple de la renommée.