La recrue Derick Brassard fait beaucoup, beaucoup jaser ces jours-ci chez les Blue Jackets.

On a parlé tout l'été à Columbus de l'arrivée du héros des séries éliminatoires des Flyers, R.J. Umberger, acquis en retour d'un choix de première ronde et à qui on a offert un faramineux contrat de 15 millions pour quatre ans.

 

Umberger devait être le centre tant espéré pour le capitaine Rick Nash, mais voilà que l'entraîneur Ken Hitchcock, contre toute attente, entend désormais confier le poste à l'ancien centre des Voltigeurs de Drummondville et rétrograder Umberger au sein du deuxième trio avec Frederik Modin et la recrue Jakub Voracek.

 

«Disons que ça fait pas mal jaser par ici» a raconté Brassard, lundi soir, au bout du fil.

 

Umberger est un peu l'enfant prodige dans le coin, puisqu'il a connu trois brillantes saisons avec les Buckeyes d'Ohio State, dans la NCAA, et son acquisition a été soulignée à grands renfort de fanfares même s'il n'a jamais connu, avec les Flyers, des saisons pour confirmer son statut de centre numéro un.

 

Mais le hasard a contribué à mettre le scénario initial en veilleuse. «On jouait un pick-up avec les joueurs de l'équipe avant le camp d'entraînement et à un moment donné, je me suis retrouvé sur la glace en même temps que Nash et Huselius, a raconté Brassard, qui fêtait ses 21 ans dimanche. Les entraîneurs étaient dans les estrades et ils ont décidé de nous garder ensemble pour le camp.»

 

«J'ai bien aimé ce que j'ai vu, vraiment beaucoup aimé, a mentionné Hitchcock aux journalistes de Columbus le week-end dernier. C'était du hockey estival, mais on pouvait remarquer la chimie. Alors nous avons voulu en voir davantage et ils paraissent vraiment bien. Umberger a un style qui convient mieux à Voracek (un ancien des Mooseheads de Halifax), un joueur de talent qui patine dans un axe nord-sud.»

 

Brassard devait jouer avec Voracek et Boll hier soir lors du match préparatoire contre Chicago, mais Hitchcock a promis qu'il reverrait les deux autres un peu plus tard au camp d'entraînement lorsque l'équipe régulière sera formée.

 

«Disons que je joue avec deux gars pas mal silencieux; ils sont comme gênés un peu, a dit Brassard avec sa candeur coutumière. Mais ils me font sentir à l'aise.»

 

Nash a raconté à nos confrères que ça lui rappelait ses années avec Andrew Cassels, le seul centre créatif que l'équipe ait pu lui fournir depuis son arrivée chez les Blue Jackets. «Mes premières impressions sont très bonnes, a-t-il dit. Brassard a été très bon et Huselius joue comme on le connaît. Je suis un peu étonné comme vous tous, mais Brassard a fait des progrès énormes et il est à sa place au sein de notre trio.»

 

Brassard a connu une première année professionnelle en dents de scie l'an dernier. Après 15 matchs à Syracuse dans la Ligue américaine, l'ancien centre de Guillaume Latendresse avait déjà amassé 19 points. Il a terminé l'année avec 51 points en seulement 42 matchs, mais sa production a été plus modeste dans la LNH avec seulement deux points en 17 rencontres.

 

«Je n'étais pas au sommet de ma forme quand les Blue Jackets m'ont rappelé des mineures l'an dernier, parce que j'avais disputé seulement deux matchs après mon retour au jeu d'une fracture de la mâchoire», explique l'athlète de 6 pieds 1 pouce et 180 livres dont le style et la vitesse peuvent rappeler Mike Modano.

 

Brassard s'est entraîné fort cet été. Il aurait sans doute souhaité rester au Québec, mais les Blue Jackets ont voulu le garder à Columbus pour qu'il s'entraîne sous la supervision de leurs spécialistes, en compagnie d'une poignée de recrues, dont Voracek.

 

«J'ai terminé dans le milieu du groupe dans les tests physiques et j'ai même amélioré mon coup de patin, qui est encore plus explosif. J'ai besoin d'être en grande forme parce que le système de Ken Hitchcock est très exigeant pour les joueurs de centre. Il faut vraiment revenir profondément en zone défensive.»

 

Brassard estime que les Blue Jackets peuvent provoquer une belle surprise dans l'Ouest cette saison, avec l'acquisition d'Huselius, Raffi Torres, Umberger, Mike Commodore, Christian Backman et Fedor Tyutin. Sans compter la présence du gardien Pascal Leclaire, plus riche d'un contrat à long terme.

 

«On a échangé Zherdev, qui est un bon joueur, mais pour changer l'image de notre équipe, c'était une bonne affaire. On a obtenu deux défenseurs importants, Backman et surtout Tyutin, que je trouve déjà très bon à l'entraînement. Hitchcock dit qu'il jouait à la moitié de son talent à New York. Commodore ajoute de l'expérience. Notre défense est meilleure et Zherdev est remplacé par Huselius.»

 

Le poste de Brassard à Columbus est presque assuré, mais le jeune homme ne veut pas se satisfaire de peu. «Je ne veux pas faire partie du club juste pour jouer. Je veux faire la différence.»

 

Voilà pourquoi Derick Brassard deviendra sous peu une vedette dans la LNH.