Le Canadien avait permis aux Maple Leafs de Toronto d'utiliser sa salle de conférence de presse du Centre Bell pour officialiser leur changement d'entraîneur.

Disons que la manière dont Brian Burke a livré son message détonait par rapport à ce qu'on entend de la bouche du directeur général du Tricolore lorsqu'il prend place sur cette tribune !

« C'était devenu évident depuis la semaine dernière que nous avions besoin d'un changement d'entraîneur afin de sauver notre saison », a indiqué Burke au moment d'annoncer la nomination de Randy Carlyle.

Pourtant bien en selle il y a trois semaines à peine, Ron Wilson a vu son équipe s'effondrer lors des 11 derniers matchs au cours desquels les Leafs ont maintenu une fiche de 1-9-1.

« Nous étions un camion 18 roues et nous sommes tombés du haut d'une falaise, je n'avais jamais vécu cela auparavant », a indiqué Burke.

Si l'objectif est bel et bien de « sauver la saison », on est en droit de se demander pourquoi ce dernier a attendu si longtemps avant de congédier son ami Wilson, à qui il avait consenti une prolongation de contrat en décembre.

Les partisans des Leafs, eux, avaient clairement exprimé leur ras-le-bol, plus tôt cette semaine, en scandant « Fire Wilson » à l'unisson pendant une autre défaite des Leafs à domicile.

« Ç'aurait été un cruel et bizarre châtiment que de le laisser diriger un autre match au Centre Air Canada », a indiqué Burke, qui du même souffle n'a pas voulu blâmer les partisans.

« C'était pénible à voir et entendre, mais c'était devenu clair à ce moment-là que l'équipe n'était plus réceptive à ce que Ron disait. »

Beaucoup de tension chez les Leafs

On se souviendra que Carlyle avait été congédié le 30 novembre dernier par les Ducks d'Anaheim au terme d'une victoire face au Canadien. Ironie du sort, c'est face au Tricolore qu'il reprend du service.

Le DG des Ducks, Bob Murray, l'a avisé dès mercredi après-midi que les Leafs avaient demandé la permission de lui parler. Le changement d'entraîneur s'est ensuite confirmé lorsque Burke a envoyé un courriel à Ron Wilson, hier après-midi, pour lui indiquer qu'il souhaitait le rencontrer à 20 heures.

« J'embauche un homme que je connaissais et avec qui j'ai obtenu du succès avec les Ducks d'Anaheim, mais je dois avouer que les derniers jours ont été difficiles », a mentionné le DG des Leafs.

En Randy Carlyle, il retrouve un entraîneur qui épouse davantage sa philosophie, celle d'un club robuste - « j'aime mon équipe plus agressive que ne le voulait Ron », a-t-il dit - au sein de laquelle les rôles sont bien définis et où l'entraîneur est très exigeant envers ses joueurs.

Les Leafs ont chuté au 12e rang de l'Association Est, à cinq points des Jets de Winnipeg et du huitième rang donnant accès aux séries.

« Si nous sommes pour rater les séries, ce sera avec le meilleur entraîneur en vue de la saison prochaine », a précisé Burke.

« Je sens beaucoup de tension au sein de cette équipe et le niveau de confiance est à son plus bas », a pour sa part soutenu Carlyle, qui a rencontré ses joueurs pendant près d'une heure, hier soir.

« Ma responsabilité sera de les relever et de faire en sorte qu'ils se sentent mieux par rapport à eux-mêmes. »

D'autres candidats avaient été considérés, dont Marc Crawford ainsi que des entraîneurs provenant de l'intérieur de l'organisation. Le pilote des Marlies de Toronto, Dallas Eakins, qui est promis à un bel avenir dans la LNH, n'a finalement pas été retenu.

« Je ne voulais pas placer un entraîneur recru dans cette situation alors qu'il n'a pas encore vécu l'expérience des séries dans la Ligue américaine, a indiqué Burke. Ç'aurait été l'envoyer dans un bocal rempli de piranhas et de requins. »

Intéressant commentaire aux oreilles des gens de Montréal...

Un nouveau départ pour Carlyle et Lupul

En corollaire à ce changement d'entraîneur, il faudra surveiller chez les Leafs la relation entre Carlyle et l'ailier Joffrey Lupul, devenu une star à Toronto en ayant amassé 25 buts et 66 points en 64 matchs.

C'est que les deux hommes n'étaient pas sur la même longueur d'onde, jadis, avec les Ducks d'Anaheim. Carlyle ne s'en d'ailleurs pas caché.

« Lupul estimait qu'il n'était pas utilisé correctement et il avait raison, a soutenu le nouveau pilote des Leafs. Ça a été mon erreur de ne pas en faire un ailier gauche sur l'un de nos deux premiers trios. Mais il faut se rappeler qu'il se remettait d'une délicate opération au dos et il avait même été question qu'il ne rejoue plus jamais.

« Mais l'eau a coulé sous les ponts, il est maintenant un attaquant « top 6 » à Toronto, il connaît la saison de sa carrière et je suis content pour lui. »

Lupul semble disposé à enfouir tout ressentiment.

« Notre relation était correcte dans l'ensemble, mais le passé en est le passé et il s'agit d'une nouvelle équipe pour lui comme pour moi », a indiqué l'ailier de 31 ans.

Quant au départ de Ron Wilson, Lupul a donné un son de cloche bien représentatif de ce qui se disait dans le vestiaire des Leafs samedi matin.

« Nous ne mettons pas le blâme sur lui, nous aurions pu en faire beaucoup plus au cours des deux dernières semaines, a dit Lupul.

« Nous prenons la responsabilité de son congédiement. »