La voix était endormie au bout du fil.

André Savard dormait encore à poings fermés au moment où le téléphone a sonné dans sa chambre d'hôtel. C'est que j'avais oublié: les Penguins étaient déjà à Denver, où il y a un décalage horaire de deux heures avec Montréal. L'horloge indiquait donc 6h21 au moment où il a décroché le combiné...

L'entraîneur-adjoint de Michel Therrien a rappelé deux heures plus tard. L'esprit plus aiguisé. Je l'ai trouvé serein dans les circonstances, malgré cette autre défaite des Penguins, 5-3 aux mains des Predators de Nashville. Une huitième défaite à leurs 11 derniers matchs.

 

Savard est bien sûr préoccupé par la tenue de l'équipe, mais il ne donnait pas l'impression d'un entraîneur en danger, malgré les rumeurs de congédiement qui circulent aux quatre coins de la LNH.

Therrien et Savard ont-ils été rassurés par le DG Ray Shero? Impossible de tirer les vers du nez de Savard mais il semblait moins nerveux qu'il y a un peu plus d'un an, en novembre 2007, alors que l'équipe piquait du nez et que les rumeurs de congédiement pesaient une fois de plus très lourd sur leurs têtes.

Shero s'était accroché à Therrien et Savard avec les résultats qu'on connaît: les Penguins ont atteint la finale de la Coupe Stanley.

«Tous les clubs qui ont commencé la saison en Europe ont des problèmes, lance Savard. Ottawa, Tampa Bay, les Rangers de New York et nous autres actuellement.»

Savard estime que ce long voyage pour ouvrir la saison a bouleversé l'horaire des matchs des équipes en question. En décembre, par exemple, les Penguins ont disputé 14 rencontres en 28 jours, soit un match à tous les deux jours.

«Notre mois de décembre a été assez dur en effet. Plusieurs de nos adversaires nous attendaient à domicile alors qu'on avait joué la veille. Le match contre le Canadien en est un exemple. C'était notre quatrième match en six soirs et c'était le premier du Canadien. Il y avait un déséquilibre. À court terme, ce n'est pas un problème; mais à répétition, ça commence à peser lourd. Notre horaire est serré comme ça parce qu'il fallait nous donner du temps pour récupérer après l'Europe, donc le calendrier a été comprimé par la suite.»

Sans oublier les nombreux blessés. Les Penguins viennent au cinquième rang dans la LNH au chapitre du nombre de matchs perdus par leurs blessés, soit 161, selon le tableau du collègue Jean-François Bégin publié hier dans La Presse.

Et pas des blessés sans importance. Leurs deux meilleurs défenseurs, Sergei Gonchar et Ryan Whitney sont sur le carreau. Le premier ne reviendra pas avant mars, si tout va bien, et le second a effectué son retour récemment mais il n'a pas encore retrouvé l'élan des beaux jours. Pour sa part, le gardien numéro un Marc-André Fleury vient de rater 12 matchs et il n'a pas encore retrouvé la forme depuis qu'il est revenu.

«C'est un autre élément qui fait partie de l'équation, mentionne Savard. Dans le cas de Gonchar, on parle d'une saison gâchée presque complètement. Hier encore, Pascal Dupuis s'est blessé. Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte et c'est certain que Ray Shero est conscient de tout ça.»

André Savard aurait pu ajouter que les Penguins n'ont plus l'équipe qu'ils avaient le printemps dernier. Miroslav Satan et Ruslan Fedotenko ne sont pas Marian Hossa et Ryan Malone. Satan a d'ailleurs été rétrogradé au sein du quatrième trio récemment.

Les défenseurs Kristopher Letang et Alex Goligoski ont du talent, mais pas l'expérience pour remplacer efficacement Gonchar et Whitney. Ce sont d'autres circonstances atténuantes.

Le poste de Michel Therrien est-il menacé? Qui sait ce qui peut se passer dans la tête d'un DG, ou d'un propriétaire. Mais Shero aurait eu l'occasion de se départir de Therrien par le passé et il ne l'a pas fait. Il lui a accordé, en outre, une prolongation de contrat de trois ans, l'été dernier

Doit-on prendre les rumeurs de l'arrivée de Pat Quinn au sérieux? Doit-on croire ceux qui prétendent que Sidney Crosby demeure l'un des rares alliés de Therrien dans ce vestiaire?

André Savard ne veut pas y croire et il ne veut pas surtout pas s'aventurer sur ce terrain glissant. Et surtout, il semble respirer l'assurance d'un homme qui est bien en selle. À suivre.