Où est Théo? C'est la question que je me suis posée en arrivant dans la région de Washington cette semaine. Me semble que ça fait un bout qu'on a eu des nouvelles de l'ancien gardien vedette du Canadien.

Eh bien, les nouvelles ne sont pas très bonnes.

José Théodore, qui a signé un contrat inespéré cet été avec les Capitals - il touche 4,5 millions cette saison - est en voie de céder son poste de gardien numéro un à un gars de 825 000$. Le gars, c'est Brent Johnson. Un numéro deux. Un réserviste qui n'a jamais su s'imposer en neuf saisons dans la LNH.

Non, ça ne va pas très bien pour Théo. En fait, ça va tellement mal qu'avant mercredi soir, notre homme n'avait pas gardé le filet une seule fois depuis le 1er novembre, date à laquelle il avait encaissé une solide claque de 5-0 à Buffalo. Et si Théo a joué mercredi soir en Caroline-du-Nord, c'est seulement parce que Johnson a subi une blessure en première période. Au moins, Théo a arrêté les 13 tirs en direction de sa personne.

Mais c'est Brent Johnson qui était encore le sujet numéro un côté hockey dans les médias de la capitale américaine hier. Par ici, les médias ne semblent pas trop se préoccuper de Théo; ils le traitent plutôt avec un brin d'indifférence, comme s'il était déjà le numéro deux.

Décevant? Plutôt. Pour les Capitals certainement, qui n'ont pas le goût de laisser 4,5 millions sur le banc, mais aussi pour le principal intéressé, qui devait relancer sa carrière à Washington après avoir terminé la saison dernière en force au Colorado.

Cette relance, on l'attend toujours. Après huit matchs cette saison, Brent Johnson a une moyenne de 2,15, et un pourcentage d'arrêts de 93,1. Pour Théodore, après neuf matchs, c'est une moyenne de 3,16 et un pourcentage de 88,4. Ceci explique cela, comme dirait Don Cherry.

En lisant les textes sur Brent Jonhson hier, j'ai réalisé combien l'étoile de Théo avait pâli au fil des ans. J'étais au Centre Bell à l'automne 2005 quand le Canadien avait annoncé, de spectaculaire façon, que le gardien québécois venait de signer un nouveau contrat de trois ans. Je me souviens de l'enthousiasme du président Pierre Boivin, qui avait parlé de Théodore comme d'un joueur vedette, le genre de joueur important qui a trop souvent fait défaut au Canadien depuis la dernière conquête de la grosse coupe argentée. Et je me souviens du principal intéressé, celui que toutes les caméras adoraient, celui qui était l'idole de tous.

À Montréal, José Théodore, c'était plus gros qu'une rock star. José Théodore, c'était le digne successeur de Patrick, celui que tout le monde aimait, que tout le monde adorait. C'était celui qui témoignait d'une belle arrogance. Je n'ai pas oublié ce matin de match à Chicago, la fois où il m'avait confié qu'il allait déloger Jeff Hackett de son poste de numéro un... alors que Hackett était à quelques mètres de nous!

José Théodore avec le Canadien, c'était tout ça. Mais c'était avant tout celui qui allait assurément porter l'équipe sur ses épaulettes pendant encore longtemps. Comme les choses ont changé...

J'ignore les raisons pour expliquer ce dénouement inattendu. En fait, je n'ai pas parlé à Théo une seule fois depuis qu'il a choisi de continuer sa carrière ici, chez les Capitals. Tout ce que je sais, c'est qu'il est devenu un pur inconnu par ici. Les médias locaux, qui ne s'intéressent déjà pas beaucoup au hockey, parlent plutôt des autres vedettes de l'équipe, les Ovechkin, Semin et autres Johnson (encore lui!).

Pendant ce temps, Théo poursuit sa carrière dans un anonymat presque total, et tente simplement de reprendre sa place devant le filet.

Si quelqu'un avait prédit un tel scénario dans les couloirs du Centre Bell il y a trois ans, on l'aurait assurément traité de cinglé. Mais ce scénario est devenu réalité; José Théodore est bel et bien engagé dans une bataille à finir avec Brent Johnson.

On appelle ça une sacrée débarque.