Le chroniqueur Al Strachan nous apprenait samedi sur CBC un cas d'ingérence de la part de l'un des copropriétaires du Lightning de Tampa Bay, Len Barrie. Celui-ci aurait fait irruption dans le vestiaire récemment pour établir au tableau des stratégies visant à améliorer le jeu de l'équipe en supériorité et en infériorité numériques.

Ce type de comportement contribue à créer de la confusion au sein d'un club de hockey. Qui est le véritable DG? Brian Lawton ou Len Barrie, qui commente haut et fort les transactions en compagnie de son associé Oren Koules? Qui est l'entraîneur? Barry Melrose ou Barrie, qui se déguise désormais en coach?

Ce groupe de propriétaires n'en finit plus de multiplier les décisions douteuses. Ils ont d'abord nommé un entraîneur, Melrose - pour lui donner 6 millions pendant trois ans alors qu'il n'a pas dirigé de club depuis 12 ans - parce qu'il est un bon copain d'Oren Koules.

Ils ont ensuite repêché en septième ronde un joueur qui venait de prendre sa retraite en raison d'un problème cardiaque, question de l'honorer. Il faut savoir que Koules «connaît bien» la famille de David Carle.

Len Barrie a aussi nommé un de ses bons amis, Wes Waltz, fraîchement retraité, au poste d'entraîneur adjoint.

Et quelle ne fut pas la surprise des jeunes joueurs de l'équipe de voir le fils de Barrie, Tyson, participer au camp des recrues, en septembre. Tyson est un espoir qui pourrait être repêché en première ronde l'été prochain mais il n'appartient pas à l'organisation. Country club, dites-vous?

Koules et Barrie ont aussi fait un coup de cochon à leur meilleur défenseur, Dan Boyle, cet été. Après l'avoir rassuré à propos des rumeurs de transaction, ils ont effectué un virage à 180 degrés peu de temps après et l'ont forcé à laisser tomber sa clause de non-échange pour l'envoyer à San Jose. Boyle semble heureux avec les Sharks mais il n'a toujours pas digéré le manque de classe du Lightning. En retour de Boyle, Tampa a obtenu Matt Carle - frère de David, donc un ami du clan Koules - un espoir et un choix de première ronde.

Est-ce qu'on s'ennuie de Boyle à Tampa? Celui-ci a été applaudi chaleureusement à son retour là-bas samedi lorsqu'on l'a présenté sur la glace en début de match, et d'autres applaudissements ont retenti lorsqu'on a annoncé qu'il venait de récolter une passe sur le deuxième but de la rencontre. San Jose l'a emporté 3-0.

Le pauvre Lightning a démantelé sa défense pour renflouer son attaque avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui: une seule victoire (arrachée aux pauvres Thrashers d'Atlanta) contre trois revers et trois défaites en prolongation. Seulement 11 buts marqués, la pire fiche de la LNH, 18 buts accordés. On peut blâmer les attaquants autant qu'on veut, la rondelle ne sort pas du territoire défensif. Difficile alors de construire une attaque.

Regardons d'ailleurs un peu la fiche des attaquants embauchés cet été à coups de millions: Gary Roberts, qui donnait ses suggestions pour remodeler le gymnase attenant au vestiaire de l'équipe quelques semaines à peine après son embauche, aucun point en sept matchs, il ne joue pas huit minutes par rencontre. Mark Recchi, deux passes en sept matchs. Ryan Malone, un but en sept matchs. Radim Vrbata, une passe en cinq matchs, et on l'a laissé poireauter dans les estrades lors d'un match il y a une dizaine de jours. Enfin le pauvre Steven Stamkos, le premier choix au plus récent repêchage, n'a toujours pas obtenu de point en sept rencontres.

Les deux grosses acquisitions en défense ne produisent pas. Matt Carle a obtenu un point en sept matchs même s'il est l'homme chargé de faire fonctionner les supériorités numériques. Andrej Meszaros a trois passes en sept matchs. Pour obtenir Meszaros, on a offert aux Sénateurs le vétéran Filip Kuba, qui mène la Ligue chez les défenseurs avec 11 points en huit matchs (Kuba joue 25 minutes par rencontre), le jeune Alexandre Picard, qui joue presque 20 minutes par rencontre et a obtenu quatre points matchs en plus d'exceller dans la relance, en plus d'un choix de première ronde. Un vol!

Après, Len Barrie va donner des leçons à ses joueurs sous les yeux de son entraîneur. La chose à faire serait d'embaucher un vrai DG, pas une marionnette, et laisser tout le monde faire son travail. Mais ils ne le feront probablement pas...