Dès la saison prochaine, tous les joueurs qui jetteront les gants dans la LHJMQ verront leur soirée de travail se terminer sur-le-champ. Or, contrairement à ce qu’avait demandé le gouvernement du Québec, cette sanction ne s’accompagnera pas de facto d’une suspension. La ministre Isabelle Charest a lâché du lest à ce sujet et se dit aujourd’hui « satisfaite » des nouvelles mesures en vigueur.

À la veille de la séance de repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), à Sherbrooke, le commissaire du circuit, Mario Cecchini, a officialisé vendredi les nouvelles sanctions qui seront imposées après une bagarre. Celles-ci ont été entérinées à la suite d’un vote « unanime » des équipes, a-t-il affirmé. L’expulsion automatique des belligérants constitue la pièce maîtresse de l’annonce.

Lorsque les grandes lignes de cette nouvelle réglementation ont été jetées, en mars dernier, la ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, s’était désolée qu’une bagarre ne soit pas punie par une suspension automatique. Dans une entrevue accordée au Journal de Québec, elle avait même soulevé la possibilité d’imposer cette mesure à la LHJMQ en invoquant la Loi sur la sécurité dans les sports.

Cette sanction n’a finalement pas été retenue. Or, en entrevue avec La Presse, vendredi, Mme Charest s’est dite « satisfaite » du « compromis » qui a été trouvé à la lumière de discussions entre les deux parties.

Je suis surtout satisfaite du message que ça envoie : les bagarres ne seront plus tolérées dans la LHJMQ.

Isabelle Charest, ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air

Ce « compromis » a été rendu possible par le durcissement d’une règle déjà en vigueur. Jusqu’à la saison dernière, un joueur était suspendu pour un match à la suite de sa troisième bagarre. La suspension viendra désormais à compter de la deuxième.

La ligue a fait valoir que, dans le feu de l’action, un joueur peut « de façon émotive » se retrouver au milieu d’une bagarre plus ou moins malgré lui. « Il est sorti du match, mais ne mérite peut-être pas de suspension », concède la ministre.

« Ce qui a fait pencher la balance, c’est la deuxième bagarre, poursuit-elle. J’ai dit OK à cette porte de sortie. Mais pour moi, ce qui était non négociable, c’était l’expulsion du match. »

Une suspension automatique d’un match sera toutefois imposée à un joueur identifié comme l’instigateur d’une bagarre.

Cette sanction passera à deux matchs pour un « agresseur », soit celui qui s’en prend à un adversaire qui ne réplique pas à ses coups « ou qui ne fait que se défendre », lit-on sur le site web de la ligue.

On suspendra aussi pour un match un joueur impliqué dans une bagarre en prolongation ou encore dans les cinq dernières minutes d’une partie dont l’écart au pointage est d’au moins deux buts. Dans ces circonstances, un instigateur sera suspendu pour deux matchs.

« Des pas énormes »

Mario Cecchini s’est lui aussi montré satisfait des discussions tenues avec Québec et de la direction qu’emprunte le circuit qu’il dirige.

« Les pas que l’on fait sont très importants. Ils sont énormes », peut-on lire dans un compte rendu de son point de presse sur le site de Radio-Canada.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

Il y a eu de bonnes et longues conversations, la plupart positives. On est à une très bonne place pour un bon bout de temps.

Mario Cecchini, commissaire de la LHJMQ

Des négociations doivent encore avoir lieu avec les autres ligues juniors majeures du pays pour décider des règles à adopter lors des matchs entre des équipes issues de différentes régions, notamment à la Coupe Memorial.

Isabelle Charest souhaite, de son côté, utiliser son poids politique pour que les autres provinces emboîtent le pas. Déjà, dit-elle, des contacts ont été établis avec certains de ses homologues et avec Hockey Canada.

Malgré les mésententes qu’elle a eues avec la ligue au fil des mois, elle se dit consciente des « pressions » que subit la LHJMQ, première ligue du pays à durcir à ce point sa réglementation. « Je comprends que c’est un gros changement de culture. »

Elle salue donc « de façon sincère » le « leadership » que la ligue a affiché dans ce dossier. « On ne veut plus être derrière la parade. »

Au terme d’une année « difficile » pour la LHJMQ, elle perçoit une réelle « volonté de changer », notamment pendant la récente commission parlementaire faisant suite à des allégations de maltraitance dans le hockey junior canadien. La ligue, dit-elle, a pris acte de ce qui lui était reproché et a réellement cherché des solutions.

« Ils disent : “On va progresser, on va avancer”, conclut-elle. Je suis optimiste pour la suite. »