(Buffalo) Kent Hughes ne s’est pas défilé : personne, chez le Canadien, n’a vu jouer Matvei Michkov en personne cette saison.

C’est ce qu’a indiqué le directeur général du Canadien, jeudi matin, lors d’une mêlée de presse avec les journalistes présents au camp d’évaluation de la Ligue nationale. Hughes s’est entretenu avec les journalistes montréalais pendant une quinzaine de minutes avant de quitter Buffalo.

Le nom de Michkov est évidemment sur toutes les lèvres à trois semaines du repêchage, là où le Canadien détiendra le 5choix.

L’attaquant russe est décrit par plusieurs comme un talent extraordinaire – certains le voient tout juste derrière Connor Bedard – mais pourrait glisser de quelques rangs en raison de la complexité de son dossier. Les principaux facteurs : la situation politique en Russie, un contrat valide pour encore trois ans en KHL, l’incertitude quant à sa venue en Amérique du Nord et une histoire familiale troublante dans la foulée de la mort suspecte de son père.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA KHL

L’attaquant russe Matvei Michkov

À cela s’ajoute une collecte d’informations plus difficile que pour tout autre joueur. Hughes a indiqué que le Canadien n’a « pas encore parlé » au jeune homme auteur de 20 points en 27 matchs avec le HC Sotchi cette saison. « C’est sûr que notre plan sera de lui parler », a convenu le DG.

Michkov ne fait pas partie de la liste des 106 joueurs invités au camp d’évaluation. Comme l’an passé, aucun espoir évoluant en Russie n’a été invité à l’évènement, même si 19 joueurs qui y jouaient ont ensuite été sélectionnés au repêchage de 2022.

Un seul joueur né en Russie, Aydar Suniev, participe au camp 2023, mais il joue en Amérique du Nord depuis plusieurs années et est inscrit à l’Université du Massachusetts.

Et même si le co-directeur du recrutement amateur du CH, Nick Bobrov, possède la nationalité russe, personne au sein de l’organisation n’a vu Michkov jouer en personne cette saison. Hughes lui-même ne l’a pas vu depuis le Championnat du monde des moins de 18 ans au printemps 2021, quand le jeune homme avait 16 ans.

« Idéalement, on le voit en personne, comme les autres, a admis Hughes. Les vidéos nous donnent quand même un certain point. Et on a assez de personnes pour vérifier son jeu et son caractère. Nick vient de la Russie, mais on a tous des contacts. »

Malgré l’amélioration de la qualité de la vidéo des matchs, le recrutement en personne demeure essentiel aux yeux d’une majorité de dépisteurs. Les interactions avec les coéquipiers et les entraîneurs sont plus difficiles à capter, et plusieurs éclaireurs prennent aussi des notes pendant l’échauffement.

Le contrat

Évidemment, la question pourrait être réglée en avance pour le CH si Michkov est réclamé entre les rangs 1 et 4.

Dans les corridors à Buffalo, une personne de hockey a émis l’hypothèse que les Sharks, qui parlent au 4rang, tentent leur chance avec Michkov, s’ils jugent qu’ils en ont pour quelques années avant de redevenir compétitifs. San Jose a en effet commencé à démanteler son noyau l’an passé en échangeant Brent Burns et Timo Meier, mais l’équipe n’a toujours pas rempli son bassin d’espoirs, avec un seul choix dans le top 15 au cours des sept derniers encans.

Hughes a d’ailleurs rappelé qu’il n’y a aucune garantie que Michkov viendra en Amérique du Nord dès l’expiration de son contrat. « Ce n’est pas comme si ce n’était pas permis de signer un nouveau en Russie », a soulevé le DG. 

« Je ne dirais pas que ça nous fait peur. Mais ce sont des facteurs qui vont aller dans la balance. »

Évidemment, les réponses prudentes de Hughes pourraient n’être que du bluff. L’idée de transparence est noble, mais à l’approche du repêchage, elle est moins populaire. Il demeure que les points soulevés par Hughes devant les micros devront assurément être débattus à l’interne au sein de bien des équipes.

De bons mots pour Smith et Leonard

Si la collecte d’informations pour Michkov est bancale, c’est tout le contraire pour les nombreux espoirs de haut niveau qui proviennent du programme national américain de développement. Le cas de Will Smith est particulièrement frappant, puisque cet attaquant est représenté par Quartexx, la firme cofondée par Hughes, et a eu le DG du Canadien comme entraîneur au hockey mineur.

« Quand on a passé Will en entrevue, j’ai texté ses parents. Je n’en revenais pas comment leur vie change en deux ans. Il est tellement plus mature, comparativement à quand je l’ai coaché », a dit Hughes.

« Je l’ai quitté à 15 ans, et là, à presque 18 ans, c’est la maturité, la confiance. Ça vient aussi du fait de quitter la maison, son environnement, et voler de ses propres ailes », a-t-il ajouté.

Smith, classé 3espoir nord-américain par la Centrale de recrutement de la Ligue nationale, a inscrit 126 points en 59 matchs au sein du programme national américain, formant un trio du tonnerre avec Gabriel Perreault et Ryan Leonard, deux autres joueurs attendus en première moitié du premier tour.

Mais comme Michkov, Smith pourrait lui aussi trouver preneur avant le 5rang.