Quatre des meilleurs espoirs en prévision du repêchage de 2023, Connor Bedard, Adam Fantilli, Leo Carlsson et Will Smith, ont eu droit au tapis rouge, lundi à Las Vegas, en marge de la finale de la Coupe Stanley.

Le quatuor est sans doute déjà en route vers Buffalo pour y participer aux séances d’évaluation mises sur pied pour les équipes de la LNH et leurs dépisteurs. Il s’agira de l’étape finale pour peaufiner les classements de chacun en prévision du repêchage, présenté à Nashville les 28 et 29 juin.

L’évaluation des espoirs demeure une science très imprécise, entend-on souvent. Prenons Bedard, Fantilli, Carlsson et Smith. Bedard jouait dans la Ligue junior de l’Ouest avec des joueurs de 16 à 20 ans ; Fantilli dans les rangs collégiaux américains avec des joueurs âgés de 19 à 23 ans ; Carlsson jouait contre des professionnels dans la Ligue d’élite de Suède (SHL) et Smith, avec le programme de développement américain, a affronté une trentaine d’équipes de l’USHL, un circuit junior américain moins fort que les ligues juniors canadiennes, et une trentaine de rencontres face à des clubs de la NCAA, une ligue nettement plus aguerrie.

Bedard a obtenu 143 points, dont 71 buts, en seulement 57 matchs avec les Pats de Regina ; Fantilli 65 points, dont 30 buts, en 36 matchs à Michigan ; Carlsson 25 points, dont 10 buts, en 44 parties à Örebro et Will Smith 127 points, dont 51 buts, en 60 matchs au sein du programme de développement américain.

Pour démêler le tout, il faut d’abord identifier la ligue dans laquelle ces jeunes évoluent. Carlsson joue dans le circuit le plus relevé et Smith a l’opposition la plus facile.

* On évoquera Bedard dans l’exercice, mais il demeure un espoir d’exception et sera repêché premier sans le moindre doute.

Les recruteurs attendent toujours le Championnat mondial junior avec fébrilité puisqu’il s’agit d’un rare évènement où les meilleurs espoirs se retrouvent. Cette année, Bedard a éclipsé tous ses rivaux avec 23 points en sept matchs.

Fantilli a été plus discret avec cinq points en sept matchs et Carlsson a obtenu six points. Le Suédois a connu un bien meilleur tournoi que le Canadien selon une majorité d’observateurs. Smith n’a pas réussi à mériter un poste avec l’équipe américaine junior.

Le Championnat mondial des moins de 18 ans demeure un autre rendez-vous important, mais il peut confondre les recruteurs puisque les meilleurs n’y sont pas toujours. Cette année par exemple, Bedard n’y était pas parce qu’il y aurait perdu son temps, Carlsson et Fantilli n’étaient pas admissibles en raison de leur âge. Ils ont fêté leurs 18 ans entre le 15 septembre et le 31 décembre, donc sont considérés comme des late dans le jargon du milieu. Les 20 points en seulement sept matchs de Will Smith sont impressionnants, évidemment, mais il faut y mettre un astérisque.

Il y a enfin le Championnat mondial, regroupant majoritairement des joueurs d’équipes éliminées de la LNH au sein des grandes nations. Une poignée seulement de candidats au repêchage y sont invités.

L’an dernier, seuls Juraj Slafkovsky, Simon Nemec, David Jiricek et Marco Kasper y ont pris part. Y sont invités les plus doués de leur cuvée et ceux dont les chances d’accéder à la LNH rapidement sont les meilleures.

Ce tournoi est court, certes, mais demeure un bon instrument de mesure puisqu’il s’agit de la seule occasion où les espoirs peuvent se frotter à des joueurs de la Ligue nationale. Slafkovsky, Kasper, Jiricek et Nemec ont d’ailleurs été repêchés dans le top huit et les trois premiers ont disputé des matchs dans la LNH cet hiver. Shane Wright a été le seul autre.

Cette année, seuls Fantilli, Carlsson, le défenseur droitier David Reinbacher, avec l’Autriche, et le centre Oscar Moelgaard, avec le Danemark, ont eu cet honneur. Bedard a choisi d’y faire impasse. Les trois premiers devraient être repêchés dans le top huit cette année. Carlsson jouait au centre du premier trio de la Suède et a obtenu cinq points en huit matchs.

Reinbacher, un late lui aussi, a joué un rôle important au sein du top quatre et a amassé trois aides. Comme Carlsson, il a joué contre des professionnels cet hiver, à Kloten, dans la Ligue nationale suisse.

Fantilli a été fumant dans la NCAA, où il n’est pas toujours évident de faire sa marque à 18 ans, mais plus discret dans les grands tournois internationaux. Will Smith n’a pas été invité à ces grands évènements, mais faut-il lui donner de mauvaises notes pour autant ?

On peut mesurer la valeur de Smith en comparant sa production à celle d’espoirs des cuvées antérieures. Troisième choix au total l’an dernier, Logan Cooley a participé au Championnat mondial junior, mais pas au Championnat mondial. Il a amassé 75 points en 51 matchs au sein du programme de développement américain à son année d’admissibilité, un rendement nettement inférieur à celui de Smith.

La date de naissance constitue aussi un facteur important. Fantilli est l’un des plus vieux de sa cuvée, Bedard l’un des plus jeunes. Ils ont presque dix mois de différence. Les exploits de Bedard en sont encore plus remarquables. Carlsson est un late, mais né à la fin décembre, deux mois seulement avant Smith.

Pour les joueurs européens, les statistiques n’ont pas la même valeur selon le pays dans lequel on évolue. La KHL en Russie demeure la plus forte, suivie, dans l’ordre, de la SHL en Suède, de la Liiga en Finlande, l’Extraliga en Tchéquie, puis de la NLA en Suisse ou de la DEL en Allemagne.

Il y a aussi, évidemment le facteur russe, en raison de l’invasion de l’Ukraine, mais à la philosophie des équipes de la KHL, réfractaires à l’idée de libérer leurs jeunes joueurs au profit de la LNH. Matvei Michkov, le Connor Bedard russe selon certains observateurs, est au cœur de ces questionnements.

Juraj Slafkovsky demeurait un cas extrêmement difficile à évaluer l’an dernier. Il a dominé malgré son jeune âge au Championnat du monde avec la Slovaquie, 9 points en 8 matchs, mais produit de façon plus modeste en saison avec le TPS Turku, en Liiga, avec seulement 10 points en 31 matchs. Il évoluait cependant dans un environnement qui n’était pas le sien, à 2000 kilomètres de chez lui.

Le néophyte se fait encore prendre aujourd’hui à comparer Slafkovsky et Cooley sans tenir compte des ligues respectives dans lesquels ces deux jeunes joueurs évoluent. Cooley parait bien avec 60 points en 39 matchs à Minnesota University, dans la NCAA, mais aurait-il fait mieux dans la LNH que Slafkovsky, 10 points en 31 matchs, mais contre l’élite mondiale ?

Au-delà de la production, les dépisteurs se fieront à leur œil et à leurs oreilles : les habiletés naturelles, la compréhension du jeu, l’abnégation, le leadership, l’environnement dans lequel le jeune évolue, son entourage, sa force de caractère, son plafond ou son plancher au chapitre du développement au plan physique.

Pas un métier facile !

Moins d’options pour Patrick Roy

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, ARCHIVES LE SOLEIL

Patrick Roy

Les Blue Jackets lui auraient préféré Mike Babcock. Et aujourd’hui, les Rangers de New York ne le considéreraient pas pour le poste d’entraîneur et n’auraient même pas l’intention de lui offrir une interview, affirme le quotidien New York Post.

John Hynes et Peter Laviolette, congédiés récemment, respectivement à Nashville et Washington, constituaient les deux favoris pour l’emploi.

Les Ducks (Greg Cronin), les Predators (Andrew Brunette) et les Capitals (Spencer Carbery) ont trouvé leur homme récemment. Il reste les Flames de Calgary, mais on les associe à Gerard Gallant.

Ces embauches surviennent au moment où Patrick Roy vient de se couvrir de gloire en remportant la Coupe Memorial avec les Remparts de Québec. Il constituerait pourtant un candidat intéressant pour travailler avec une jeune équipe. Voyons voir si un poste se libère ailleurs éventuellement.

À ne pas manquer

1- Les Golden Knights viennent de remporter un deuxième match et les Québécois sont au cœur de leurs succès. L’analyse de Richard Labbé.

2- Cole Caufield impressionne Alexandre Pratt sur le plan des chances de marquer anticipées. Il aurait en effet marqué 11 buts de plus que prévu de la part d’un attaquant normal.

3- Will Smith ne détesterait pas aboutir à Montréal, où il est très familier avec Kent Hughes. Un texte de Richard Labbé, décidément très occupé cette semaine !